DIALLOBEDUCATION

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Quelle soit de jasmin, de velours, de fer ou d'oeillets; Révolution OUI!

Quelle soit de Jasmin, de velours, de fer ou d’œillets ; Révolution OUI!

 

La chute du président tunisien Ben Ali sous la pression de la rue constitue un avertissement pour les régimes autoritaires qui dominent le monde entier particulièrement en Afrique Noire. Face à des populations en proie à des problèmes souvent proches de ceux des Tunisiens qui ont mené leur révolution dite de « jasmin », beaucoup de pays d’Afrique Noire finiront par mener la leur, peu importe la forme qu’elle prendra.

La « Révolution du jasmin » tunisienne est le premier soulèvement populaire de ce genre qui parvient à renverser un chef d'Etat plus son régime dans un pays arabe en moins d’un mois de lutte pacifique. Cela peut se révéler une source d'inspiration ailleurs dans le continent africain. Les ingrédients d’une révolution que l'on trouve en Tunisie sont aussi présents ailleurs en Afrique Noire.

Du Maroc à l'Algérie, de l'Egypte à la Jordanie, du Sénégal au Soudan, ils sont présents ; qu'il s'agisse du chômage, de la corruption, de l’appropriation des richesses du pays par une famille, un clan, de la répression policière ou des entraves à la démocratie. Cette révolution débuta en décembre 2010 après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise avait été confisquée par les autorités tunisiennes.

L'exemple tunisien montre aussi que le changement peut aussi venir des sociétés arabes et africaines elles-mêmes. « Il n'y a pas eu besoin d'une invasion comme en Irak. C'est une énorme leçon pour les régimes autocratiques », souligne un observateur. L'effet papillon ou de domino de cet événement sans précédent dans le monde arabe se fera entendre sans aucun doute dans plusieurs pays du continent africain.

Il suffira d’une étincelle comme le suicide d’un jeune diplômé, sans espoir sinon que de vendre des fruits et des bonbons au moment où malgré la crise les familles dirigeantes remplissent leur poche et leur compte en banque des deniers du pays. L'indignation suscitée par le suicide du 17 décembre s'est changée en révolte principalement parce que les manifestants partagent les motifs de Mohamed Bouazizi qui se résument en cherté de la vie, frustration des chômeurs et en particulier des diplômés, mépris des autorités et dureté de la police. Ces éléments sont tellement criards au point que le geste de Mohamed Bouazizi a été imité par deux autres jeunes. Pour le journaliste Taoufik Ben Brik, les jeunes manifestants « n'appartiennent ni à des partis, ni à des organisations syndicales, ni à des associations de la société civile [...] mais ils se sont identifiés à Mohamed Bouazizi ». Pour lui « l'intifada de Sidi Bouzid » s'inscrit dans un large mouvement de révoltes commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben Gardane en août 2010 et qui n'a jamais été résolu.

Les causes de cette révolution « du jasmin » sont également politiques : le président Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille sont directement mis en cause. Pour Khemaïs Chammari, ancien député de l'opposition, ancien secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et membre du « comité Sidi Bouzid », la gestion du développement des régions est critiquée mais aussi la corruption et le népotisme du régime. Ainsi, le gendre du président Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi fait l'objet du plus de critiques : propriétaire de la Banque Zitouna et de concessions automobiles, il contrôle aussi le groupe de presse Dar Assabah qui publie les deux principaux journaux du pays.

Aussi au moment où la crise mondiale sévit de plus en fort, la famille Ben Ali quitte le pouvoir avec plus de 5 milliards de dollars de richesses et a tenté malgré tout à faire passer l’ancien premier ministre à la tête du pays par symétrie à son accession au pouvoir par un coup d’Etat constitutionnel contre Habib Bourguiba. Heureusement que le peuple tunisien ne veut qu’on lui vole sa révolution. Il faut remettre les choses en place et le complice de toujours ne peut se retrouver au pouvoir par un coup du même genre.

Dans un pays sud sahélien une famille composée d’un père, d’une mère et de deux enfants font la pluie et le beau temps. Le père au crépuscule de sa vie se bat mordicus pour rester au pouvoir, la mère gomme et dégomme les personnes qui semblent faire de l’ombre à son fils. En vérité, soutiennent les camarades d’un certain Maguette Thiam, il y a deux pays : « celui dans lequel évoluent le Président de la République et les siens, et celui dans lequel la majorité de leurs compatriotes végètent.

Même un ancien courtier en banque sait bien qu’en concentrant plus de cinq ministères en ses mains avec un budget de presque mille milliards de FCFA, il est adéquat de réduire d’autant le nombre de ministères pour réduire le train de l’Etat. Et aussi une ancienne « coureuse de rallye » peut-elle gérer un budget de presque 100 milliards de Francs CFA pour un troisième FESMAN africain?

Mais même si le message venu de Tunisie est perçu haut et fort dans le reste du monde arabe et en Afrique Noire, son impact à court terme et les risques de contagion restent difficiles à évaluer, soulignent certains spécialistes. Les incertitudes qui pèsent encore sur la transition tunisienne incitent aussi à une certaine prudence, même si « le message tunisien est très fort ».

Le peuple de Tunisie vient de prendre son destin en main et personne ne sait pour l'heure ce qu'il compte en faire précisément. Alors on est en droit de se demander pourquoi en Tunisie le peuple est-il capable de renverser si rapidement ses dirigeants alors qu'en Afrique Noire les soulèvement se révèlent la plupart du temps être de cuisants échecs sanglants de surcroît. « Mais savoir si ce qui s'y est passé peut se reproduire ailleurs, en Algérie ou en Egypte par exemple, reste difficile », estime Amr al-Chobaki, de l'institut Al-Ahram du Caire. Le risque de voir les islamistes tirer profit de changements politiques est aussi largement invoqué par ces gouvernements. La capacité d'adaptation des régimes autoritaires arabes pour survivre ne doit pas non plus être sous-estimée, souligne M. Chobaki.

Mais pourquoi l’Afrique Noire n’a pas réussi à faire sa révolution ?

La principale force du peuple tunisien est basique: le peuple tunisien est un peuple, une véritable communauté culturelle dont les ennemis et les intérêts sont communs, les dissensions internes sont faibles et l'élan d'émancipation peut entraîner l'ensemble de la population dans une même quête de liberté ce qui est loin d'être le cas en Afrique noire où pour le citoyen lambda l'ennemi est à la fois l'Etat mais aussi le citoyen d'une autre région qui de facto est un étranger.

 

Ceci-dit, il ne faut pas croire que la situation de l'Afrique noire est sans espoir car il s'avère que dans notre partie du continent, l'Etat n'est pas aussi solide, omniscient et omnipotent que dans les régions septentrionales arabophones. Mieux encore il est absolument absent et incapable d'imposer sa volonté dans de nombreux aspects de la société réelle, la société populaire. Cela s'explique notamment par le fait que la structure étatique néocoloniale n'a pas été construite par les puissances colonialistes pour contrôler la masse populaire mais uniquement pour contrôler les ressources naturelles et dans les faits, les dirigeants connaissent très mal leurs peuples, ils les sous-estiment, ne comprennent pas leurs langues, leurs codes culturels et savent uniquement comment tourner certaines parties de la société contre les autres au profit de leurs intérêts.

Ainsi ils savent que faire de temps en temps resurgir l'argument ethnique facilitera  l'accès au pouvoir, qu'agiter la carotte démocratique et tout le charabia d'institutions de la république ou de symboles de la nation pourra leur attirer les faveurs de leurs administrés pour ensuite les trahir une fois leurs ambitions réalisées. La seule force de l'Etat d'Afrique noire est la croyance et la confiance que les peuples ont en lui. Tant que les citoyens voudront participer à sa construction les élites les mèneront par le bout du nez mais tout ça peut vite changer.

Il y a par exemple quelques chiffres très évocateurs comme celui qui suit: environ 77% du marché de l'emploi en Afrique noire est informel, il est estimé que l'économie populaire, celle de la débrouille et de la subsistance vaut entre deux et trois fois plus que l'économie officielle basée sur une horde de fonctionnaires corrompus, l'exploitation des matières premières, le minuscule réseau de PME et « l'aide internationale ». Autrement dit, l'Etat néocolonial d'Afrique noire n'est qu'un prédateur superposé mais déconnecté de la société réelle qu'il ne contrôle que marginalement, il n'obtient pas sa richesse par les revenus fiscaux générés par l'activité économique mais uniquement par l'économie coloniale du pillage et cela fait la force des peuples Africains dans une perspective révolutionnaire.

Par conséquent, tous les éléments de corruption, comme en Tunisie, sont présents dans l’actualité africaine. On parle de certains Présidents qui auraient acquis des biens de façon frauduleuse. Certains de leurs enfants ou neveux utilisent l’argent du pétrole pour occuper des suites à l’année dans la capitale française avec Porsche et Mercedes Classe S, pendant que les populations d’Afrique noire francophone, mais surtout centrale, ne mangent pas à leur faim, sont déscolarisées et vivent dans un dénuement total.

Une telle révolution à la « tunisienne » est-elle possible en Afrique noire francophone ? La réponse est ambigüe car, sur le plan sociologique, l' « ethnicisasion » des rapports, la corruption, la perte des valeurs, la recherche de l’argent facile, la déscolarisation et la régression de l’enseignement, l’acceptation de la fatalité par les populations noires, la mobilisation faible et/ou forte sur le plan religieux du fait de la diversité des religions ou des confréries, la mascarade d’élections démocratiques pilotées depuis Paris ou depuis Bruxelles, sont des éléments de non-mobilisation pour décider le départ des dictateurs que seule la mort peut arracher à leur fauteuil présidentiel.

Sur le plan politique, on a assisté à des contestations au Mali du temps de Moussa Traoré, en Guinée contre Dadis Camara, au Niger une révolution de palais tout comme en Mauritanie, mais les régimes politiques qui ont succédé de manière entropique reprennent les comportements des gouvernements que l’on a mis à la porte en laissant toujours les populations dans un dénuement extraordinaire annihilant toute volonté de révolte ou de révolution.

La révolution tunisienne n’aura de valeur que si la fin de la dictature de Ben Ali n’est pas remplacée par une autre dictature « démocratique ». Les peuples d’Afrique noire francophone qui souffrent, car spoliés par leurs propres dirigeants, dont les familles, les clans ethniques proches, les neveux et fils vivent comme des nababs dans les capitales occidentales comme : Paris, Londres, New-York, Genève, …, sauront-ils méditer la révolution tunisienne et réagir ? Les peuples tous seuls ou ensemble avec des dirigeants non corrompus sauront-ils se mobiliser?

Autant d’éléments de réflexion pour une éventuelle importation de la révolution tunisienne en Afrique noire francophone.

Le citoyen africain est conscient qu’aujourd’hui, avec sa carte d’électeur il peut changer la donne comme ce fut le cas au Sénégal en 2000, avec la Tunisie il est conscient de plus qu’il peut renverser un régime presque pacifiquement dans un temps très court. Il ne demande plus qu’on l’aide, mais exige le respect des engagements pris par les dirigeants, quitte à aller jusqu’à la confrontation. Cette nouvelle citoyenneté ne se suffit plus de la « satisfaction de la demande sociale », elle pose la nécessité de rendre compte et de sanctionner.

Cette théorie de révolution dite « parallèle » demande évidemment un effort de fraternité, les ethnies bien que  travaillant pour leurs intérêts doivent également se mettre dans l'idée que leur effort doit se faire dans la solidarité avec les autres ethnies du pays en question ce qui préfigure évidemment l'organisation ethno-politique du futur Etat panafricain.

Ainsi, la révolution peut donc commencer tout de suite, dans la concertation, la paix et la solidarité ! Vive l’Afrique révolutionnaire.

 

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/

 



16/01/2011
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