Mandela est mort : les larmes de « croco » de l’occident
Mandela est mort : les larmes de « croco » de l’occident.
Mandela est décédé et le dix décembre 2013, tout le monde entier lui a décerné un grand satisfecit. Lors de cette cérémonie l’Afrique était presque invisible devant le monopole de l’occident qui a voulu forcé l’histoire en gardant la primeur dans cette valse de remerciements et de reconnaissance vis-à-vis du grand homme.
Le seul faux pas à l’occasion de cette grandiose cérémonie est l’attitude de Thamsanga Jantjie, le faux interprète en langue des signes qui a été admis dans un hôpital psychiatrique après avoir révélé à la presse sud-africaine sa schizophrénie pour expliquer son attitude lors de ce recueillement du 10 décembre.
Mais cet unanimisme de façade me parait suspect. Statufié de son vivant, honoré à son décès, l’homme politique Mandela fut et reste toujours très utile aux puissants et aux puissances d’Occident depuis les années 1990. Ceci explique son Prix Nobel de la Paix décerné en 1993 et partagé avec Frederick de Clerk dont le partage reste incongru et disproportionné compte tenu de tout le mal orchestré par ce dernier pour consolider sa politique ignoble de l’apartheid.
Les propos répétés à l’occasion de son décès par les médias et les dirigeants occidentaux en majorité, comme incantations universelles, disent, ressassent et répètent avec certitude que ce fut l’homme de la paix, de la réconciliation et du pardon. Malgré ses très longues années passées en prison, loin de sa famille et de ses proches, Madiba comme l’appellent affectueusement toutes les personnes qui l’aiment, a eu l’énorme sagesse d’éviter une guerre civile à son pays qui paraissait alors inévitable. Et c’est grâce à cette sagesse que l’Afrique du Sud a su tourner la page sombre de son histoire pour ouvrir celle de la réconciliation nationale et permettre au pays d’aller de l’avant et faisant de son pays la première puissance économique du continent noir.
Néanmoins tout cela reste vrai mais ce qui choque, c’est l’hypocrisie « par excellence », si l’on peut dire ainsi, d’un bon nombre de politiciens occidentaux. Hypocrites car lui chantant toutes sortes de louanges alors qu’hier ces mêmes personnes le considéraient comme un « terroriste communiste » un déstabilisateur de l’ordre établi où le noir devrait rester sous la férule de l’homme blanc. Ce sont ces mêmes personnes qui ouvertement ou indirectement supportaient le système raciste et honteux de l’apartheid. Les mêmes qui faisaient tout pour que ce régime survive le plus longtemps possible. Et aujourd’hui ? Ils font en sorte de nous faire croire leur grande « appréciation » de l’œuvre de Mandela.
On se souvient encore des positions des leaders occidentaux tels que Ronald Reagan ou Margaret Thatcher, la fameuse « dame de fer » britannique. Cette dernière soutenait ouvertement le système d’apartheid en Afrique du Sud, refusant d’appliquer des sanctions internationales à l’égard de ce régime, et qui avait déclaré : « Quiconque pense que l’ANC « Congrès national africain, le parti de Mandela », gouvernera en Afrique du Sud n’a pas les pieds sur terre »…Visiblement la dame de fer, peu appréciée par la majorité de son propre peuple britannique, n’avait pas elle les pieds sur terre au moment de cette déclaration puisque son apartheid bien aimé est bel et bien tombé, et que l’ANC a bien pris le pouvoir depuis les toutes premières élections démocratiques en Afrique du Sud, en 1994.
On se souviendra toujours de l’assassinat lamentable du leader noir anti-apartheid Steve Bantu Biko, en septembre 1977. Le célèbre film « Cry Freedom » relate ce crime. Le scandale international provoqua deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU cette même année il s’agit des résolutions 417 et 418 condamnant le régime raciste et décrétant un embargo sur les ventes d’armes à destination de Pretoria, bien sûr contourné par l’Occident aussitôt votées.
On se souvient aussi de la France qui n’avait pas hésité à fournir à la police sud-africaine les moyens de mater les « rebelles » noirs sud-africains. Ces derniers étaient considérés comme des terroristes qu’il fallait réduire au silence et mater jusqu’au dernier.
Oui lors de cette cérémonie au stade de Soweto tous les nouveaux présidents occidentaux n’ont pas hésité à pousser l’hypocrisie jusqu’à faire venir les anciens à cette occasion. Ainsi on a vu François Hollande à côté de Sarkozy qui avait estimé que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». On a vu Obama à côté de Clinton qui n’a pas hésité à serrer la main de Castro président de Cuba dont le frère Fidel a permis en grande partie l’abolition de l’apartheid.
De plus, les Occidentaux connaissent parfaitement les vrais amis de Nelson Mandela qui ont toujours été à ses côtés. Peut-être plus que des amis : des frères. Ceux qui l’ont toujours soutenu, y compris lors des moments les plus difficiles, et que lui aussi n’a jamais cessé de soutenir. En premier lieu il s’agit de Fidel Castro, Mouammar Kadhafi et Yasser Arafat. Aux yeux de l’Occident politique, des leaders certainement pas « tout à fait fréquentables »…Néanmoins, Mandela n’a jamais caché son amitié sincère avec ses amis et en parlant de son amitié avec Mouammar Kadhafi, il avait dit la chose suivante : « tous ceux qui n’apprécient pas notre amitié avec le frère Kadhafi peuvent sauter dans la piscine ! ». En gros, aller voir ailleurs.
D’ailleurs en 1997, Nelson Mandela décerne à Kadhafi l’ordre de Bonne Espérance, la plus haute distinction sud-africaine. Aux critiques du département d’Etat des USA, bien mécontent de cette grande amitié entre deux grands hommes, Mandela réplique « qu’ils n’ont aucune morale et que c’est bien Mouammar Kadhafi qui nous a aidé en un temps où nous étions seuls, quand ceux qui disent que nous ne devrions pas être ici, aidaient notre ennemi ».Une allusion ouverte au soutien que les USA et plus particulièrement la CIA avaient offert au régime d’apartheid.
C’est d’ailleurs au colonel Kadhafi que Mandela accordera sa première visite à l’étranger, en 1990, après avoir été libéré à la suite de ses 27 années d’emprisonnement. Il en sera de même en 1994 lorsqu’il sera élu président de la République d’Afrique du Sud. En 1998, Nelson Mandela déclarera, en présence de Bill Clinton, alors président des USA, qu’à l’époque « où les Etats-Unis soutenaient l’apartheid, d’autres pays aidaient la lutte contre la ségrégation raciale. C’est pourquoi l’un des premiers chefs d’Etat que j’ai invité dans ce pays a été Fidel Castro… et j’ai également invité le frère Mouammar Kadhafi ».On ne peut non plus oublier la phrase de Madiba qui vise ouvertement les USA et leurs crimes contre l’humanité : « Si il y a bien un pays dans le monde qui a commis des atrocités indescriptibles, ce sont bien les Etats-Unis d’Amérique. Ils n’ont rien à faire des êtres humains ».
Pour ses amis cubains, Mandela dira : « Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour maintenir sa propre indépendance et sa souveraineté face à la sinistre campagne impérialiste orchestrée dans le but de détruire les avancées impressionnantes réalisées au cours de la révolution cubaine… Vive la révolution cubaine ! Longue vie au camarade Fidel Castro ! ».Quant à la Palestine et la lutte du peuple palestinien, Nelson Mandela déclarera : « Nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».
Les leaders occidentaux ne peuvent ignorer toutes ces citations et les prises de positions courageuses du héros national sud-africain. D’ailleurs le courage a toujours été le fer de lance de toute la vie de Mandela. Néanmoins et cela est tout à fait clair aussi, les louanges occidentales ne sont pas plus qu’une campagne de relations publiques bien organisée, sachant que sans cela, leurs propres citoyens ne les comprendraient pas, en cas d’absence d’hommage à l’icône de la planète toute entière.
L’hypocrisie n’étant pas facile à gérer, il y a un bémol à cette machine qui paraissait bien huilée. Le commun des mortels pouvait constater que cette hypocrisie n’a été que peu voilée, de même que le manque de sincérité. Le fameux « selfie » d’Obama, Cameron et de la première ministre danoise Thorning-Schmidt en pleine cérémonie d’adieu à Mandela, au stade de Soweto n’a été qu’un signe supplémentaire. Un geste complètement déplacé compte du lieu et du moment, alors que toute l’Afrique du Sud, le continent africain et le monde entier étaient en deuil, ces trois braves personnages eux visiblement étaient là pour autre chose. En tout cas, cela a montré une fois de plus la vraie « raison » de la présence de certains chefs d’Etats occidentaux à cette cérémonie et de leurs paroles si « émotionnelles ». Après tout, pour certains, se faire de la pub supplémentaire, cela n’a pas de prix. Surtout lorsqu’il s’agit de venir « rendre hommage » à l’une des plus grandes personnalités de tous les temps.
De toutes les manières, Madiba restera à jamais dans le cœur des Sud-Africains et des habitants du continent africain. De même que dans le cœur et la mémoire de la grande majorité des habitants de notre planète. Reste quand même à ne pas oublier qui était véritablement ce grand héros Nelson Mandela, ainsi que toujours se rappeler de son œuvre et de son exemple. Nous connaissons ses vrais amis. Les faux amis, eux, se découvrent et se reconnaissent bien vite.
On se rappelle aussi que le 18/07/2013, le jour de son 95ème anniversaire, comme par miracle, Nelson Mandela a ressuscité du long coma dans lequel les circonstances et les médias l’avaient trempé. Et si tout ce cirque n’avait été orchestré que pour éviter de seconder l’hypocrisie du président américain qui est devenu l’homme dont l’Afrique a le plus peur aujourd’hui ? Ce qu’on sait de certain est que Mandela ne voulait pas serrer la main d’Obama. Mais pourquoi ?
Que s’est-il effectivement passé entre le moment où le sénateur Obama posait triomphalement à coté de Nelson Mandela ? Entre temps, Obama est devenu président des Etats-Unis. Et le fils noir d’Afrique est devenu l’un des pires prédateurs du continent africain. De la Côte d’Ivoire à la division du Soudan en passant par la destruction de la nation libyenne pour la transformer en foyer de djihadistes. Durant son premier voyage comme chef d’Etat en Afrique du Sud, Obama n’a pas pu rencontrer l’ex président Nelson Mandela qui a tout simplement fait le mort sur son lit d’hôpital pour ne pas serrer la main de celui qu’il appelle : « l’assassin de mon ami et frère Mouammar Kadhafi », ce dernier qui avait tant fait pour aider ceux des combattants de l’ANC qui avaient lutté pendant ses années de détention.
L’occident célèbre Mandela pour ses 27 ans derrière les barreaux, mais ils oublient que durant ce temps, il y avait des gens dehors qui combattaient et mourraient sous les balles livrées par eux. Des Martyrs que l’Occident a délibérément choisi de faire oublier en sur-médiatisant les 27 ans de prisons de Mandela, pour mieux occulter le sacrifice extrême de Steve Biko et ses compagnons, qui ont donné leur vie pour qu’il y ait la liberté en Afrique du Sud au moment où presque toutes les administrations Européennes et des Etats-Unis d’Amérique finançaient et aidaient les ennemis de Mandela qui le tenaient en prison.
Comme une femme, la représentante à Paris de l’ANC, Dulcie Evonne September, 53 ans, assassinée avec 5 balles dans la tête au bas des escaliers du bureau de l’ANC à Paris. Elle enquêtait pour trouver les preuves du soutien militaire de la France au régime raciste d’Afrique du Sud. Aujourd’hui, chaque star de Hollywood est à la page s’il peut exhiber sa photo avec Mandela. En dehors de la mode qui consiste à s’arrêter sur le temps passé par Mandela en prison, de visiter sa cellule, savent-ils ce qu’était l’apartheid ? Et pourquoi n’en parlent-ils jamais ? Pourquoi Obama n’a-t-il jamais cité un seul nom des vrais héros de la lutte contre l’apartheid ? L’Afrique doit-elle continuer de se livrer à ce cirque ou carrément faire le mort pour les éviter ?
Non certainement pas, Thamsanga Jantjie dans son langage des sourds a montré aux occidentaux qu’ils étaient prêts à tout avaler pourvu seulement de faire plaisir à leur électorat.
C’est le temps d’ouvrir les yeux pour bannir à jamais l’éternel recommencement. L’avenir devra être le nôtre et personne ne le fera pour nous. L’occident a détourné nos ainés jusqu’à remettre en cause leur existence même, le défi de la renaissance nous appartient et c’est le moment de le relever. Non il est temps que l’Afrique montre à ces gens-là que leurs larmes de crocodile au dos du continent ne les émeuvent plus et en cela Mandela fut un illustre exemple.
Amadou DIALLO
http://www.diallobeducation.com/
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