DIALLOBEDUCATION

Les frasques de Kadhafi ont-ils fini par ternir sa révolution ?

Le guide libyen Mouammar Kadhafi, au pourvoir depuis 42 ans, est mort assassiné par ceux-là mêmes qui, il y a moins de cinq, lui ont étalé le tapis rouge après sa nouvelle « fréquentabilité ». On se rappelle bien de cette tente du leader trônant sur les berges de Seine. De ce blocage d’une partie du fleuve pour lui permettre de naviguer calmement et sans être dérangé par les voyeurs au gré des tumultes de la Seine.

Quelle honte pour la France qui n’avait pas hésité à lui permettre de nettoyer « ses souliers tachés du sang de ses opposants sur les paillassons et les dorures de la république ». La raison des pétrodollars et des hydrocarbures avait tout simplement mis aux oubliettes les valeurs de démocratie et d’humanité chères à la France.

Oui le leader libyen a certes posé des actes « révolutionnaires » dans son pays et lutté pour « défendre courageusement l’honneur de l’Afrique », mais il a aussi dans le même temps fait du mal avec ses « frasques légendaires » qui ont fini par ternir son combat pour l’Union Africaine et l’indépendance du continent noir.

La conclusion de cet assassinat, car c’en est bien un, vient de la bouche du président Amadou Toumani Touré du Mali qui demande à « ce qu’on ne crache pas dans la soupe ». Le président libyen a beaucoup fait pour l’Afrique et aucun de ses pairs africains ne peut aujourd’hui lever le petit doigt pour dire qu’il n’a pas bénéficié de ses largesses. D’aucuns diront qu’il a acheté la sympathie des africains mais il faut avouer que le combat était noble compte tenu de la nécessaire union africaine.

Quand les occidentaux ont refusé de faire des investissements nécessaires au développement du continent il n’a pas hésité à mettre la main dans la poche. Ainsi des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Sénégal etc… ont eu pleinement leur part du gâteau. Malheureusement il n’avait pas aussi hésité à soutenir les pires mouvements terroristes ou à narguer les occidentaux jusqu’au siège des Nations Unies où il n’avait pas hésité à jeter à la figure de ces derniers son fameux livre blanc.

Oui Kadhafi a fait quelque chose de très révolutionnaire dans la Jamahiriya tant sur le plan de la gestion du logement où tous les jeunes mariés lybiens avaient droit à un logement décent, il avait fourni beaucoup d’efforts pour l’électrification de son pays. Tout le monde peut constater la gestion de l’eau qui a vu une partie du désert devenir un véritable champ de blé.

Il a aidé aussi l’Afrique à stopper l’Union pour la Méditerranée chère à Nicolas Sarkozy ce qui, certainement, est l’une des causes de sa chute. Kadhafi a beaucoup servi son pays et il en a fait le dernier des pays les plus endettés au monde avec un taux de croissance de plus de cinq pour cent malgré des années de boycott international. Il a fait beaucoup fait pour défendre l’honneur de l’Afrique dans le cadre de l’Union Africaine. Il a soutenu beaucoup de présidents africains jusqu’à demander au peuple sénégalais d’élire à vie le président Wade. C’est l’un de ses frasques qui ont anéanti sa stature de révolutionnaire et d’adepte de la renaissance du continent africain.

Maintenant, les révolutions arabes sont devenues une réalité. Les occidentaux et leurs souteneurs se croient fiers d’avoir rétabli la démocratie dans ces pays. Qui dit démocratie dit élection pour permettre à chaque peuple de choisir ses dirigeants et lui attribuer des compétences. La Tunisie a été la première à réussir sa révolution de Jasmin, elle a été aussi la première à organiser de élections libres avec une participation de plus de 90%. Elle a choisi en grande majorité le parti politico-religieux Ennahda.

En Lybie la nouvelle constitution sera en grande partie inspirée de la charia qui autorise la polygamie et refuse le divorce. Est-ce le retour des partis islamistes ? La France devrait-elle accepter cet état de fait ? Ou tout simplement devrait-elle refuser les résultats dans ces pays comme ce fut le cas en Algérie en refusant l’accès au pouvoir du FIS et aussi en Palestine ?

En tout cas, depuis le début de la transition dans les pays arabes, la tendance islamiste se manifeste de plus en plus. Absents, par tactique, aux moments forts des révoltes, les islamistes bombent à présent le torse en Egypte, en Lybie et en Tunisie. Des salafistes ont voulu empêcher un spectacle programmé au théâtre de Tunis, et les frères musulmans ont publiquement revendiqué un Etat islamique dans une exhibition à la place Tarir au Caire.

Le guide libyen en nationalisant le pétrole de son pays avait nargué les occidentaux, en demandant aux africains de s’unir au sein de l’Union Africaine pour mériter leur place dans le commerce international, il leur menaçait de perdre la mainmise sur les matières premières dont les occidentaux avaient énormément besoin.

Il suffit de constater la meute d’industriels français dans les rues  de Tripoli ou de Benghazi à la recherche de contrats alors que le cadavre de Kadhafi est encore fumant. En ce moment on se prépare à recréer des gouvernements, de rédiger de nouvelles constitutions dans les nouveaux pays de la révolution arabe. Mais de partout, les forces islamistes semblent voler la révolution de ces pays et le travail soi-disant de démocratisation des capitalistes occidentaux.

Le succès des islamistes aux élections en Tunisie, l'un des pays les plus éclairés du Proche-Orient, augure de ce qui peut arriver en Egypte, en Libye et dans les pays le long de la Méditerranée. J’espère seulement que lorsqu'une dictature laïque tombe, elle ne soit pas  remplacée par une dictature religieuse, faisant des frasques de Kadhafi qui ont terni sa révolution un véritable regret.

Amadou DIALLO https://diallobeducation.blog4ever.com/