Je persiste et je signe
Pour le Monument de la renaissance africaine : je persiste et je signe.
Suite à l'article paru sur http://www.sunuker.com sous le titre : « Que vive le Monument de la Renaissance Africaine », j'ai reçu plusieurs commentaires qui sont la plupart pro et d'autres anti. J'aimerais remercier vivement les pros qui ont pris la peine de lire l'article jusqu'au bout et les antis aussi pour l'avoir critiqué, les critiques m'ont beaucoup apporté et m'aideront j'en suis sûr à faire mieux.
Il faut seulement reconnaître qu'il est plus beaucoup facile de critiquer que de contribuer. Avant de faire une mise au point sur cet article qui a dû peut-être choquer plus d'un par son objectivité, je tenais à rappeler ceci : nous vivons en ce moment une période absolument fascinante. Pas facile, mais fascinante. Est-ce dû à l'effondrement financier que vit la planète, avec la récession qu'elle entraîne, ou au positionnement des astres autour de nous qui brasse l'atmosphère ou tout simplement à nos dirigeants qui nous plument au maximum? C'est encore difficile de comprendre ce qui arrive, mais de véritables monuments, de véritables statues de rectitude ou d' « irrectitude », qui paraissaient intouchables sont en train de tomber de leur piédestal. Comme si un grand ménage avait commencé. Pour ceux que rien de tout ça n'intéresse, vous êtes en train de manquer le train de l'histoire. Dans dix ans, vous vous demanderez ce qui s'est passé dans votre village, dans votre ville, dans votre pays ou dans le monde, parce que vous ne reconnaîtrez plus rien, ni personne. Vous aurez l'impression d'être né avant le déluge et d'être déphasé par rapport à ce qui vous entoure. Le monde entier est en voie de transformation. Si les sénégalais n'ont pas compris cela c'est la prochaine statue qu'il faudra déboulonner, alors je persiste et je signe.
Les raisons qui ont motivé ma position en faveur du Monument de la Renaissance Africaine sont de deux ordres : en premier lieu pour des raisons purement idéologiques, de principes et en second lieu pour des raisons potentiellement économiques et de bon sens en évitant l'aspect religieux que je ne maîtrise pas, même si j'ai une idée sur ce débat. Je ne suis pas persuadé que pour qu'une vérité soit valable et objective, il faut qu'elle sonne blanche. Doit-on être contre ce monument pour donner raison aux journalistes de France 2 qui le prennent comme un acte de mégalomanie de Wade? Avaient-ils demandé notre avis pour construire la Tour Effel ou le musée du Louvre ? En tant qu'adepte du professeur Cheikh Anta Diop, tout ce qui va dans le sens de la renaissance africaine, de sa fierté, de sa dignité et de sa place dans le monde, je suis foncièrement favorable. L'Afrique est notre continent, le Sénégal notre pays et ne demandent qu'une seule chose : « sortir de la tutelle » des anciens colons.
Encore une fois je réitère ma conviction que le monument de la renaissance africaine ne peut être considéré comme une statue à idolâtrer. J'ai confiance à la foi des sénégalaises et sénégalais et je ne peux pas m'imaginer une seule fois, qu'un jour ils se mettront à adorer un monument quel qu'il soit. C'est une injure pour les sénégalais, une remise en cause de leur foi, de leur croyance et de leur conviction. J'ai été profondément touché quand j'ai entendu que les imams de Rufisque ont demandé la destruction du monument de Ouakam pour cette unique raison, alors que la statue de Faidherbe continue de trôner insolemment sur les rives du fleuve Sénégal depuis plus de cent ans, sans compter tant d'autres dissimulés à travers le pays, la plupart de connotation religieuse.
Cette statue de Faidherbe, dans le sens noble du terme, représente la trahison du peuple sénégalais et son humiliation. Il a fallu la trahison de Waldiodio sous l'impulsion de Faidherbe pour que Lat Dior perde un temps le pouvoir. Par le courage, la force de conviction et la foi à la nation sénégalaise, il réussit à anéantir Madiodio et l'armée française à Ngogol. Ce qui est regrettable chez les marabouts et chefs résistants c'est qu'ils se sont fait plus de guerre entre eux pour des histoires d'alliances avec le colon français sous le couvert de Faidherbe qui a accentué leurs divisions pour mieux régner. Le Monument de la Renaissance Africaine appelle à la renaissance africaine et particulièrement sénégalaise qui a vu ses fils humiliés par la force du canon. Ainsi donc tout ce qui va dans le sens de cette renaissance n'est qu'un nouvel espoir pour que l'Afrique relève la tête et retrouve la lumière.
Aussi ce monument n'est pas né du jour au lendemain, au moment de son lancement le seul à s'opposer est le député imam Mbaye Niang, à ce moment, personne n'a levé le petit doigt. Il a fallu que Wade accuse les imams, « ils déclarent des choses qu'ils ne maîtrisent pas et ne prennent pas le soin de se renseigner », pour qu'il y ait un levier de bouclier. Aujourd'hui l'imam Niang refuse, à juste titre, toute invitation par les médias sénégalais dans le sens d'approuver ou non le Monument de la Renaissance Africaine.
Et après tant de tergiversations, en deuxième lieu sur le plan économique, avec le régime de Wade il est tant que les sénégalais se réveillent et essaient de récupérer tout ce qu'ils peuvent de positif des restes de l'alternance.
Ce monument a coûté beaucoup plus de 14 milliards, le chiffre de 50 milliards CFA parait être le plus proche de la réalité. Dans un précédent article j'avais dit que plus de 2500 milliards ont été dilapidés au Sénégal sous l'alternance. Au cours de cette même période, Wade a reçu presque 3 fois plus que ce que Diouf et Senghor ont reçu en plus de 40 ans sous forme d'aide et d'emprunts. La révélation en a été faite, par le Professeur Arouna Ndoffène Diouf de l'Université de Caroline du Nord aux USA lors d'une conférence tenue en France. Wade et son régime ont l'habitude de clamer haut et fort qu'ils ont réalisé, en huit ans seulement, comme ils aiment le dire, beaucoup plus de choses que les socialistes en quarante ans de règne. Ils ne se seraient pas trompés s'ils ajoutaient que le Sénégal n'a jamais été autant assisté et soutenu depuis l'avènement de l'Alternance. Dès son arrivée au pouvoir, «le seul objectif du Président Wade était de se bâtir un empire financier», fait remarquer le responsable des programmes à l'Université de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.
Aujourd'hui plus de 18 milliards ont été votés pour la seule promotion de ce monument sans que personne ne pipe mot, alors devons-nous le détruire et laisser à nos enfants une dette aussi colossale. Non les terrains bradés, le travail des sénégalais dilapidé sous l'autel de la démagogie et de la gabegie ne doivent être vains. Je trouve irresponsable de détruire ce monument une fois qu'il est construit.
Tout se passe aujourd'hui comme si la population sénégalaise est tétanisée et a perdu toute capacité d'expression mordante de sa révolte et de son mécontentement. Elle a développé le « syndrome de la femme battue », qui souffre en silence, apprivoise son mal-être, son mal vivre et essaye d'en dissimuler les signes. Les scandales à répétition indignent et laissent indifférent à la fois, tant « ces gens-là » ne surprennent plus par leur pouvoir de persuasion et de reniement. Le Sénégal d'en haut, du régime et de ses affidés s'affiche ostensiblement et insolemment, convaincu que rien ne lui résiste, ne lui arrivera et ne peut se faire contre lui. Les destructeurs sont convaincus que rien ne leur détournera de leur chemin. Episodiquement on crie, on s'insurge sur tel ou tel autre fait de société ou politique pour ensuite se taire à jamais. Monsieur Wade a compris cela, il use et abuse de la naïveté du peuple sénégalais beaucoup plus prompt à avaler les couleuvres wadiennes que de redresser la tête. J'en appelle comme Louis Mory à : « l'aube d'un Sénégal de Sénégalais conscients et concernés qui secoueront le fardeau qui pèse sur leurs épaules sans attendre les rendez-vous électoraux » pour renverser le cours de l'histoire, pour que la colonisation domestique ne supplante celle internationale. Le Sénégal est un pays laïc et démocratique dirigé pendant plus de dix neuf ans par Léopold Sédar Senghor un catholique, soutenu par Sérigne Fallou MBacké, responsable religieux de la plus grande confrérie religieuse de l'Afrique de l'Ouest pour ses capacités à diriger le Sénégal pour ses intérêts fondamentaux sans contingences religieuses. Le Sénégal vaut bien plus que ça. C'est l'heure de la tolérance et du travail loin des débats déguisés en lutte d'intérêts et de positionnement.
Amadou DIALLO
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