La place des intellectuels sénégalais sur la voie de la renaissance de notre pays.
La place des intellectuels sénégalais sur la voie de la renaissance de notre pays.
Le sud africain Steeve Biko ne disait-il pas : « Faites frémir la pensée et vous faîtes frémir tout un système ». Cet appel montre le rôle que doit pouvoir jouer chaque intellectuel dans le développement du Sénégal en particulier, du continent africain en général. Il n’existe pas de définition consensuelle du mot « intellectuel » ; mais plusieurs définitions, souvent contradictoires, peuvent être retenues. D’une façon problématique on peut définir les intellectuels par leur fonction ou leur rôle de contribution à la formation de l’opinion publique leur permettant ainsi de forger leur force. En définitive, l’ « intellectuel » est toute personne, homme ou femme, qui met son intelligence, ses connaissances au service de la communauté nationale. Il se consacre professionnellement ou par goût à des activités d’ordre intellectuel, culturel et spéculatif. Il a donc la chance de pouvoir se forger et saisir des concepts.
Si les intellectuels n’avaient pas tant de force, pourquoi auraient-ils été persécutés à travers les temps ? La matière grise est le levier le plus puissant de l’économie et de la société ; le Sénégal doit être flatté par la masse de cette matière grise. C’est aussi par elle que passera la libération du peuple. C’est pourquoi beaucoup de gouvernements africains n’avaient pas hésité à refuser l’éducation de leur peuple ou à faire disparaître leurs intellectuels dans le seul but de continuer à mener leur basse besogne face à un peuple ignorant voir même demeuré.
Les intellectuels en tant qu’éclaireurs pourraient se réapproprier l’image du Sénégal en communiquant, dans des termes accessibles à tous, autour des nouvelles voies possibles, des moyens de les mettre en œuvre et des avantages qui pourraient en découler. Malheureusement, beaucoup de ceux qui se disent des intellectuels sénégalais ne sont que des apprentis sorciers à la recherche d’une popularité perdue et sans capacité de proposition.
Le bon intellectuel doit être un phare, œuvrer de manière à ce que les composantes de sa communauté vivent en paix entre elles et ce, par un dialogue franc, permanent qui respecte la dignité de chacun en toutes circonstances. Seules ces conditions humaines permettent un véritable développement harmonieux sur les plans social, économique et politique, autrement dit un Etat de droit, démocratique dans lequel le seul souverain primaire reste le peuple dont les dirigeants ne sont que les mandataires.
On a tendance à faire croire que seules les personnes qui ont fait l’Université, les Grandes Ecoles de Formation ou ont une autre formation supérieure sont des intellectuels. C’est une erreur et un leurre. De par son intelligence, qu’il peut utiliser positivement tant pour lui-même que pour la communauté, l’intellectuel est un modèle humble mais clairvoyant et par conséquent, il guide sa communauté dans la lutte contre toutes les antivaleurs. Les bons intellectuels ont des armes invincibles: la vérité, l’intégrité, le respect, la politesse, la justice et le dialogue, fondements solides d’une paix durable. Avec le temps, on finit toujours par y parvenir malgré les embûches semées sur son parcours.
L’intellectuel ne peut se permettre d’être vulgaire ni prétentieux dans la diffusion de ses idées et de ses opinions. Le Sénégal va mal, ce mal a été amplifié depuis l’alternance, mais les maux de Wade, que je ne rappellerai pas ici, à l’égard du pays finiront par se terminer par la foi des sénégalais tandis que les mots des intellectuels resteront dans la conscience populaire. Toute nation, tout peuple est appelé à un moment ou un autre a accédé au sommet de son évolution.
Le Sénégal a eu la chance depuis l’indépendance d’avoir échappé aux dérives politiques de la majorité des Etats africains, pas de coups d’état ni d’instabilité politique notoire sans compter l’héritage de la décolonisation. Mais ce solde excédentaire est aujourd’hui devenu négatif par la faute de ses dirigeants, de ses intellectuels qui de façon soutenue ont miné le pays de l’intérieur par la danse du ventre. Chacun y est allé de son million puis de son milliard mettant à genoux l’économie et les mœurs de ce pays.
En fait, il existe dans toutes les sociétés des intellectuels qui exploitent, par intérêt égoïste, l’ignorance des populations et les manipulent à leur guise. Comment peut-on repérer les mauvais intellectuels? Ils sont la plupart des corrompus, ils détestent le dialogue et ne supportent pas la contradiction. Pour eux, tous les moyens sont bons pour s’enrichir ou pour avoir raison. Le péché originel de l’intellectuel c’est sa capacité à rendre véridique ce qui est fondamentalement faux. Il en résulte une propension à l’anarchie chronique, aux dictatures voilées dans les pays développés, et aux dictatures ouvertes et sanglantes dans les pays en voie de développement, malheureusement et paradoxalement soutenues par les gouvernements occidentaux. Comme on peut facilement le remarquer, ces intellectuels ont peur du peuple dont ils s’arrogent le pouvoir. Ils ont une arme diabolique: le mensonge, qu’ils répandent à la vitesse de l’éclair. Mais le mensonge finit toujours par avoir des conséquences néfastes sinon dramatiques.
L’envie d’action doit dépasser le milieu intellectuel, le cadre moelleux des présidences, des ministères et les salles de conférence, pour prendre racine dans le cœur même de chaque citoyen. Les grandes causes avancent mieux quand elles ont le soutien des masses. Chacun peut agir à son niveau : étudiants, universitaires, ONG, syndicats, associations, etc. Chacun peut s’exprimer à travers les écrits, la radio, la télévision, la poésie, l’internet, la chanson, le théâtre, le cinéma, la peinture et même le graffiti.
L’exemple du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako est éloquent car quiconque a vu son film « Bamako » a compris avec la plus grande clarté les méfaits de l’aide internationale et est convaincu de la nécessité de rompre avec ce modèle. Aucune contribution, aucune réflexion n’est inutile, qu’elle soit exprimée dans un cadre de réflexion collective ou de manière personnelle. Les énergies interconnectées vont se décupler et l’internet pourra être un support important pour coopérer, échanger, discuter et surtout proposer.
On peut douter dans l’isolement mais la force du groupe lève les barrières que notre esprit peut créer lui-même. Ce qui permet de prendre de la hauteur sur les sujets et de développer l’esprit critique, essentiel à l’éveil des consciences. C’est par des étapes successives mais systématiques que l’objectif sera atteint. « Le plus grand arbre est né d’une graine menue ; une tour de neuf étages est partie d’une poignée de terre. » écrivait le philosophe chinois Lao-Tseu.
Si nous avons le sentiment d’être petit, nourrissons-nous d’exemples réussis. Bathie Ngoye THIAM, en se demandant ou en affirmant que « le Sénégal n’est pas une république mouride » dit tout haut ce que beaucoup de sénégalais pensent tout bas. Il leur demande de marquer un temps d’arrêt et de réfléchir sur la voie empruntée devant la croissance exponentielle de marabouts au Sénégal et sur la pratique même de l’Islam. Mody Niang, en dénonçant avec véhémence la gestion de Wade fait comprendre au peuple sénégalais les erreurs de l’élection de 2000 avec beaucoup de mérite, mais en méprisant des intellectuels sénégalais en se basant seulement sur la beauté de leur plume ou le nombre de fautes de grammaire se met en porte à faux de l’esprit intellectuel. Pendant que Diawar DIOP, aux USA, s’époumone et se passionne pour le patriotisme des sénégalais dans l’émission : « la voie des jeunes » sur http://www.sunuker.com; Amadou Diouf au Sénégal, en pédagogue avisé, crie haut et fort la perte des valeurs des sénégalais. Désemparé, Tidiane DIALLO en France, parle de mesures coercitives et de sanctions. Qui doit-on sanctionner si le législateur, le juge et l’exécutant ne sont que des corrompus ? Mbaye en Italie et Fabienne au Canada, en sage africain, se demandent où sont passées les us et coutumes sénégalaises ? Au même moment je voudrais plier les chemins de l’histoire pour la renaissance sénégalaise dans des délais très brefs.
Le combat entre intellectuels est un combat d’idées avec force de conviction qui doit toujours se terminer par du positif. En revanche, certains intellectuels en poussant les critiques des responsables politiques et religieux du pays jusqu’à la vulgarité en diffusant des obscénités sur leur personne, ne jouent pas un rôle d’intellectuel et ne méritent même pas ce statut. Aimer le peuple sénégalais c’est aussi respecter ses mœurs et la dignité de ses dirigeants. La foi à ses convictions empêche le ridicule.
L’un des traits caractéristiques de l’intellectuel est son refus du silence face à l’inacceptable. Ne pas le faire, c’est démissionner. Il faudra travailler sans relâche pour s’affranchir du contexte, consentir des sacrifices car rien ne vient sans effort. Chacun de nous a sa place dans ce grand combat du 21e siècle qui amènera notre pays dans le concert des pays émergents. Le combat commence en nous car, avant de communiquer, il faut se convaincre soi-même. C’est par le travail, la recherche, les conférences que nous enrichirons la base de connaissance essentielle à une analyse lucide, objective et pertinente. Ne prenons jamais pour argent comptant une analyse, même si elle vient d’organisations qui nous paraissent respectables. Ayons l’esprit critique et curieux. Ne plaignons pas notre temps et notre travail car la connaissance est la voie du respect de nous-mêmes et du pays que nous aimons tant. Ne soyons pas des pions endormis !
On a coutume de dire dans notre pays pour se rassurer : « ça va aller ». Tout nous incite à croire que ça va aller mais pour que ça aille : il faut oser renverser des montagnes. Tous les intellectuels sont humainement tenus d’éclairer les populations sur leurs droits et obligations pour qu’elles vivent en paix avec les autres dans l’amour, la justice, la convivialité et le respect de la dignité sacrée de chacun.
Il est indéniable que le bien triomphe toujours du mal. On ne saurait donc espérer voir émerger un jour proche une élite intellectuelle autonome, critique et responsable, lorsque la plupart de ses membres acceptent l’humiliation sans broncher ou lorsqu’ils s’enferment dans le silence frileux et coupable. Cette posture de repli négative ne rend pas service au pays, et encore moins aux intéressés. En optant pour le retrait ou pour l’esprit courtisanesque qui tue la dignité et l’honneur de l’homme qui se respecte, ils finissent inexorablement par favoriser la médiocrité et l’arbitraire sur toute la surface de la société sénégalaise. Le Sénégal est le nôtre il sera ce qu’en feront ses dignes fils.
Amadou DIALLO
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