DIALLOBEDUCATION

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Gbagbo mène un combat noble avec les armes d'un despote.

Gbagbo mène un combat noble avec les armes d’un despote.

 

Monsieur Laurent Gbagbo a reçu en audience au Palais présidentiel plus d’une dizaine de jeunes africains venus lui manifester son soutien dans la bataille pour la libération de l’Afrique.

Très à l’aise il a donné un message clair aux peuples africains. « C’est comme ça qu’on a colonisé l’Afrique (…) Ce qui m’est arrivé peut arriver à tous les chefs d’Etat africains (…) Ils n’ont pas aidé Lumumba. Mais ils ont tous subi le sort de Lumumba (…) C’est un passage obligé pour que demain, vous soyez libres. Le sacrifice que nous faisons vous permettra d’être libres demain. Je suis pour ça. C’est un cadeau que je fais à l’Afrique ».

Ce combat est noble pour tout africain qui aspire à la renaissance africaine après des années de domination, d’esclavage et d’humiliation. Cette renaissance ne se fera que si les africains par la voie de sa jeunesse relève la tête et décide enfin de sortir de la domination occidentale et impérialiste. Celui-ci ne sera pas facile, il sera tout au long rempli d’embûches, de crosse-pied et de peaux de banane.

« Soyez prêts pour la grande bataille des Etats-Unis d’Afrique », a lancé aux jeunes Africains le président Abdoulaye Wade. Unir l’Afrique quand les pays africains se désunissent. Beau challenge pour toute la jeunesse africaine. Il suffira de trouver la personne qui puisse incarner ce combat. Monsieur Gbagbo est-il en position de mener ce combat ou détient-il la légitimité pour le faire ?

Malheureusement, comme l’affirme Monsieur Adama Gaye : « dès le départ, le processus électoral ivoirien était voué à l'échec. Le projet relevait de la quadrature du cercle dans la mesure où les trois principaux acteurs politiques en lice, à savoir le président sortant, Laurent Gbagbo, son principal adversaire, Alassane Ouattara, et l'outsider, Henri Konan-Bédié, n'ont jamais fait montre d'une vraie culture démocratique. Dans la crise ivoirienne se reflètent toutes les fausses lueurs qui entourent la démocratie, facteur de renaissance, en Afrique ».

Pris sous l’étau de la pression internationale, Laurent Gbagbo se pose en victime et brandit le drapeau du panafricanisme comme en son temps on avait brandi celui de l’« ivoirité » pour justifier les manipulations de passation de pouvoir en côte d’Ivoire en éliminant ceux qui peuvent empêcher la roue de tourner.

L’Afrique est un grand continent riche de toutes ses potentialités, mais l’Afrique est en retard dans son développement. Ce continent a été appauvri mais il n’est pas pauvre, il a été appauvri par ses propres fils qui ont toujours mis au-devant leur intérêt égoïste. L’histoire de la dévaluation du franc CFA montre comment les responsables économiques africains n’ont pas hésité à laisser la France de Balladur diviser leur pouvoir économique de moitié.

L'économie ivoirienne représentait alors 60 % de la masse monétaire des pays de l'UMEOA. Le sort des autres pays de l’UMEOA était donc lié, quoi qu’il arrive à l’hégémonie économique ivoirienne. Le 12 janvier 1994, la dévaluation de 50 % du franc CFA est décidée, sans aucun accompagnement social, alors que Félix Houphouët-Boigny voulait cet accompagnement social mais était trop affaibli pour l’imposer à un premier ministre alors tout puissant Monsieur Alassane Dramane Ouattara.

Certes, la dévaluation a permis un taux de croissance positif de 6 %, mais pendant seulement deux ans de 1994 à 1997 dû en grande partie à la baisse du prix de pétrole et à l’augmentation des exportations de matière premières dont disposaient en très grande quantité les pays de l’UMEOA.

Cette dévaluation entraîne la signature avec le FMI et la Banque Mondiale d’une Facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR) de 1994 à 1996 qui impose au gouvernement des mesures drastiques de restriction budgétaire destinées à redresser leur économie nationale, mais qui n’ont eu aucun succès sur le plan économique.

Certes, la dévaluation a permis de favoriser temporairement les cultures locales face aux produits agricoles importés. Mais les produits d’exportation sont violemment confrontés à la concurrence et à la surproduction mondiale. La France, la CEE ainsi que tous les pays occidentaux subventionnent d’avantage leur production agricole. En Europe, la France dont la monnaie garantit le franc CFA favorise la politique agricole commune. Les exportations des pays africains s’effondrent.

En outre, la « pluie de milliards », avec un volume exceptionnel de crédits d’accompagnement, favorise la mauvaise gouvernance des dirigeants africains de la Zone Franc. Ouattara est accusé d’être au cœur du détournement des financements internationaux pendant que les Ivoiriens s’enfoncent dans la pauvreté et par ricochet les autres pays de la Zone Franc.

C’est l’exécution de projets financés par l’Union européenne et le détournement massif des crédits, lié aux arriérés de paiement des dettes contractées auprès des institutions internationales, en plus de la demande incessante de Monsieur Houphouët Boigny d’augmenter le prix du cacao d’un point, qui conduisent celles-ci, en 1998, à rompre avec la Côte d'Ivoire et certains pays de la zone Franc.

Non seulement les politiques économiques imposées par ces organismes et menées par les gouvernements africains ont précipité dans la misère une grande partie de leur population, mais encore, en délocalisant leurs avoirs monétaires juste avant la dévaluation, ils ont pu doubler la mise. Un milliard de FCFA le 10 janvier 1994, transformés en dollars le 11, 50 % de dévaluation le 12, permettent de racheter 2 milliards de FCFA le 13 !

L’explosion de la pauvreté, l’extension considérable du secteur informel, la désétatisation menée par les politiciens sous le couvert de la France, du FMI et de la Banque mondiale sont les plaies ouvertes par la paupérisation de la Zone Franc.

Des pays comme la Côte d’Ivoire, pilier des économies de la zone, sombrent alors dans la dépression et le taux de croissance, en 2000, est, pour la première fois dans l’histoire du pays, négatif soit  moins 2,3 %. La crise politico-militaire qui éclate en 2002 dans ce pays aggrave encore la situation. Elle est préparée de Paris, entre Ouattara et ses amis Villepin et Chirac.

L’année 2004 est une étape dans la conquête du pouvoir, elle est indispensable car elle vise à briser une relance économique forte résultant d’une politique de relance efficace menée par le gouvernement de Laurent Gbagbo, qui voit l’économie du pays progresser de 1% et atteindre 1.8% en 2008. Il faut alors casser les reins à l’Etat ivoirien, sous peine de voir s’éloigner tout possibilité de prise du pouvoir et d’échappatoire des pays de la Zone.

 Alassane Dramane Ouattara a piloté toute cette période, comme directeur Afrique du FMI, comme premier ministre et ministre de l’économie et des finances, comme directeur adjoint du FMI. Il porte l’entière responsabilité de l’effondrement de l’économie et des finances ivoiriennes, et des pays de la Zone Franc en tant que commis de ces organismes et ce sans aucune contestation possible. La mauvaise réputation du FMI, accusé de coloniser les pays émergents en les étranglant, s’acquiert justement lorsque Alassane Dramane Ouattara est soit directeur Afrique, soit directeur général adjoint du FMI. Est-ce un hasard ? L’intervention de ces organismes vise-t-elle toujours l’intérêt des africains ?

Le problème de Laurent Gbagbo est qu’il se dit nationaliste et panafricaniste. Il ne veut pas, dit-il, brader la Côte d’ivoire et ses richesses. Il se croit victime de son africanisme. Pour ce combat il est certes noble et dans ce cadre il faut que les ivoiriens soutiennent ses actions. La société civile africaine doit en faire autant pour dire non à ces impérialistes.

Il se trouve par ailleurs que Gbagbo s’est comporté en despote pour faire passer son message. L’Afrique aspire à la démocratie et à la passation des pouvoirs. Il en est fini et terminé l’ère des présidents à vie, des présidents fantoches ou fantômes. L’expérience du Mali montre à la face du monde qu’on peut faire deux mandats électifs et partir, laisser la place aux autres.

Gbagbo crie haut et fort et renie l’ingérence internationale, mais en ce qui concerne celle de l'ONU dans le conflit ivoirien, il faut réitérer et insister qu'elle a été appelée et acceptée par Gbagbo et les FN, d'où l'ONUCI. Et Gbagbo a accepté à travers les accords de Pretoria que l'ONUCI certifie les résultats des élections présidentielles.

Voilà le détail qui fait la différence entre « ingérence » illégale et « droit d'ingérence ». Si par exemple, l'ONU a émis des réserves sur les résultats des élections présidentielles au Zimbabwe et au Kenya il n'y a jamais désigné de vainqueur. L'ONU n'était pas partie prenante dans l'organisation des élections dans ces pays contrairement à la RCI où l'opposition est beaucoup moins clairvoyante que la leur.

Le « Boulanger » de la Côte d’Ivoire estime aujourd’hui qu’il est élu. Mais figurez-vous, pour que le président Gbagbo franchisse la barre de 50%, il a fallu invalider 7 circonscriptions du Nord de la Côte d’Ivoire, accusées d’être le fief des ex-rebelles. Une belle voltige démocratique anti-démocratique se basant sur du vide et un aveu de faiblesse tendant à prouver que Alassane Ouattara est bien le vainqueur de cette élection. Comment en douter si on prive plus de 600 mille ivoiriens du droit de vote?

Les réactions n’ont pas tardé. Un proche de Laurent Gbagbo a même déclaré: « Laurent Gbagbo est arrivé par un putsch militaro-civil à la tête de l’Etat en 2000. Peut-être qu’il croit qu’en 2010, après cette compétition ouverte il va réitérer la même chose »; « C’est pour ça qu’il commence à prendre des dispositions » ; « Mais ça ne changera strictement rien. Le peuple de Côte d’Ivoire s’est exprimé, Laurent Gbagbo est battu ».

L'unité africaine ainsi que la renaissance africaine constituent un sujet capital qui mérite toute notre attention. Mais je m'étonne qu'elle se déroule à Paris ou ailleurs et non sur la terre d'Afrique et n’est pas menée par un africain. C'est certainement une situation révélatrice de l'incompréhension et de l’incompétence des Africains à s'unir.

L'unité africaine est une vue de l'esprit car nous assistons chaque année à des expulsions des africains de la Lybie vers leurs pays d’origine, tout comme des camerounais qui sont expulsés de la GUINEE EQUATORIALE voisine. Comme disait le président Wade, il est « plus facile d’être africain à Paris que sénégalais ou burkinabé à Abidjan ». La division tribale qui existe à l'intérieur de nos états a été extrapolée à nos états de telle sorte que « le moi » ai pris la place de « nous ».

Aujourd'hui, à l'heure de la Mondialisation des Economies, plus que jamais, les sentiments ne peuvent et ne doivent pas influencer les choix économiques, sociaux et politiques... Seuls les intérêts comptent! Et, comme le disait un africain: « Ainsi, le génie africain, après avoir contribué dans le passé aux grands courants de la pensée universelle, a plus que jamais besoin de manifester sa présence au seuil de l’ère nouvelle, mais qui incarnera ce combat » ? J’ai envie de lui répondre : « un fils d’Afrique démocrate et patriote, soucieux des intérêts du continent et prêt à les asseoir ».

 

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/

 

Réf. John Coulibaly économiste US, pose la question : « La dévaluation du FCFA, moyen de redressement de l’économie ivoirienne ou moyen d’enrichissement personnel pour ADO »?



26/12/2010
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