DIALLOBEDUCATION

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Racisme ordinaire, "Big Brother" veille!

Racisme ordinaire, « Big Brother » veille !

 

C'est comme toujours, une scène toute simple comme il s'en produit toujours en marge des grands rassemblements politiques, où l'homme politique cherche à se faire remarquer. Il n'y a eu ni bavure ni mort d'homme, mais écho. Juste un ministre en tenue décontractée, pull-over sur l'épaule, répondant sans trop d'enthousiasme à la sollicitation d'un jeune militant de l'UMP désirant poser avec lui sur un photo-souvenir. Quelques secondes pour l'un, un grand moment pour l'autre qui rêvait toujours de partager une photo avec son idole.

Le scénario est ainsi planté, dans le rôle du ministre cette fois-ci, Brice Hortefeux, titulaire du portefeuille de l'intérieur après avoir détenu celui de l'immigration et de l'identité nationale. Dans le rôle du militant, Amine Benalia-Brouch, de père algérien et de mère portugaise, un jeune immigré d'origine arabe.

On passe à l'action, tout est allé très vite au milieu des rires et des apostrophes lancées à la cantonade par des témoins hilares de cet instant pris sur le vif. Car, bien sûr encore, présence inévitable dans notre société d'hyper communication, des caméras filmaient : l'œil de « Big Brother. »

Le film aurait pu ne pas porter à conséquences, quelques mots prononcés sans trop faire gaffe, dans le feu de l'action, sans réfléchir ? Justement, il fallait y penser car « Big Brother », désormais veille. On ne peut plus refuser, nier, se contenter de dire c'est faux, tout est dans la caméra. Que dire de la « racaille » de Sarkozy, des « odeurs » de Chirac, des provocations du préfet Paul Girot de Langlade : "Je n'ai aucune tendresse particulière pour ces gens-là, ils vivent à nos crochets, ils vivent de la rapine." Etc.… Le constat est le même ; le racisme ordinaire ou primaire.

D'un côté le préfet est puni, malgré ses explications et de l'autre le ministre reste ministre, le candidat est élu président. Ils refusent même de demander de pardon, ou de reconnaître leur erreur. Une justice à deux vitesses !!!  

On peut réprouver cette époque où la moindre parole malheureuse devient dévastatrice une fois mise en ligne : les exemples sont nombreux. Mais la réalité n'en demeure pas moins celle-ci, choquante sinon condamnable. Sans ambiguïté et sans possibilité de dire le contraire, Brice Hortefeux, à propos de ce jeune beur, a bien dit ce qu'il a dit : "Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes."

Plaisanterie, pensée profonde ? Lui seul le sait dans son fort intérieur. Il peut se justifier comme il veut. L'important est ailleurs et les faits sont récurrents. Les immigrés doivent-ils subir sans réagir ce racisme qu'on dit primaire ou ordinaire prononcé par des responsables dont on connaît déjà les positions et les idéaux.

Brice Hortefeux a oublié qu'un ministre, un responsable politique, un responsable quoi qu'il soit, doit représenter à chaque instant ; à tout moment et en tout lieu les valeurs de la République : liberté, égalité et fraternité. Il doit mesurer dans chaque mot prononcé ou chuchoté ce qu'il peut contenir de violence, d'humiliation et d'irrespect. Malheureusement le ministre n'est pas à son coup d'essai, l'habitude ne détruit-elle pas l'erreur ?

 

Amadou DIALLO



11/09/2009
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