Appel à la diaspora sénégalaise pour un Sénégal nouveau.
Appel à la diaspora sénégalaise pour un Sénégal nouveau
Avec les problèmes que rencontrent la majorité des pays du monde, le Sénégal ne fait pas exception à la règle et fait face à des besoins importants de financement de son développement, dans un contexte mondial marqué par une crise économique et financière sans précédent. Ce n’est pas pour autant une raison supplémentaire pour spolier les sénégalais de la diaspora de leurs maigres ressources si chèrement acquises.
Ainsi je ne comprends pas pourquoi le gouvernement du Sénégal a pris une mesure visant à combler le déficit de recettes de l’Etat en augmentant de manière inconsidérée les prix des appels internationaux entrant, alors qu’il aurait pu trouver ces ressources additionnelles en réduisant le train de vie de l’Etat, en veillant à la bonne gouvernance et en donnant une certaine lisibilité aux programmes d’investissements.
Celle-ci vient après celle d’il y a quatre ans, où on avait mis en place une redevance aéroportuaire, une surtaxe sur les billets d’avion sensée financer l’aéroport international de NDiass. Des années plus tard, un flou total règne sur l’utilisation de ces fonds, alors qu’un emprunt de plusieurs centaines de milliards de francs a été effectué sur le marché international surtout à la BNP pour les mêmes besoins.
Ces mesures radicalement injustes, montrent d’une part, le manque de reconnaissance du gouvernement sénégalais vis-à-vis de la diaspora et d’autre part privent les Sénégalais de l’extérieur d’une partie substantielle de l’aide qu’ils apportent à leurs familles restées au pays, pour enrichir une société étrangère dans des conditions qui défient toute forme de bon sens. Ces mesures qui ne sont pas des faits isolés font partie d’une suite ininterrompue de mauvaise gestion, de gabegies et de pratiques douteuses qui ont mis à genoux le tissu industriel sénégalais, déstructuré notre socle culturel et plongé nos familles dans le désarroi total.
L’irresponsabilité des dirigeants sénégalais a fait que nos familles ne peuvent plus recevoir le soutien adéquat que nous devons leur apporter. Alors que les populations expriment partout leur indignation ; le gouvernement du Sénégal a entrepris une sale besogne d’étouffer toutes les voix dissidentes et de réprimer toute tentative de dénonciation. Au Sénégal comme à l’étranger, des journalistes sont poursuivis, des mouvements de révolte réprimés, des manifestants torturés à mort, des voix sont achetées pour qu’elles se taisent à jamais.
Aujourd’hui, nous fêtons 50 ans d’indépendance, c’est aussi 50 ans d’évolution de la configuration de la migration sénégalaise et de sa gestion. En effet, la lecture de la migration sénégalaise durant cette période montre beaucoup d’évolutions. Partis d’une volonté de se prendre en charge, les projets migratoires ont évolué vers un besoin, une nécessité de prendre en charge la famille, le clan, le pays.
Ce phénomène explique largement l’évolution des transferts des migrants passés de moins d’un milliard de FCFA en 1980 à plus de 600 milliards de FCFA en 2009, montant supérieur à l’aide au développement octroyée au Sénégal. Ce constat nous ramène à nous poser la question sur la contribution des migrants au développement du Sénégal.
Les apports positifs des sénégalais de l’extérieur durant ces cinquante dernières années sont indéniables : en premier lieu, je citerai la professionnalisation de notre fonction publique et nos sociétés nationales en liaison avec les retours des premières vagues estudiantines de France avec leur expertise. Ensuite, l’amélioration du paysage de certaines villes et villages à travers les constructions des logements personnels ou collectifs, l’électrification, la construction de forages, etc.
Parallèlement, les migrants ont aussi joué le rôle de sécurité sociale à travers leurs apports financiers auprès des familles restées au pays qui a constitué une soupape pour répondre à une demande sociale de plus en plus forte. Enfin la migration a pallié à l’insuffisance d’emplois en permettant à de nombreux chômeurs de recouvrer une source de revenus par des activités la plupart informelles.
Ces aspects positifs ne doivent pas occulter les effets pervers des flux générés par les migrants ou de l’image dégagée par ces derniers sur la société sénégalaise : la considération par les jeunes de la migration comme seule et unique alternative « barça ou barsakh » en est le symbole. Cette conception de la réussite est nourrie par la fausse image de facilité et d’opulence que dégage le migrant en vacances, en forte contradiction avec les souffrances qu’il endure à l’étranger. Alors même si l’analyse de l’apport des migrants au développement du pays est indéniable, si on se positionne d’un point de vue objectif cet apport est moins radieux.
La position d’assistés dans laquelle se cantonnent les jeunes ayant un proche à l’étranger, l’attente périodique du code du « Western Union », synonyme de revenu régulier sans labeur ni effort, constituent une des failles de l’apport des immigrés. Il ne faut pas pour autant oublier le financement par des transferts de migrants de la barque ou du passeur à travers lesquels le frère, le cousin ou le fils essaieront à leur tour de tenter la chance illusoire de l’émigration. La fixation que se font la gente féminine locale sur le mari migrant dont « Ibra l’italien » est une caricature assez soft ; enfin le recours systématique au mandat du fils pour « assurer » dit-on lors des cérémonies familiales. Tout ceci constitue un éventail de dépenses non productives et donc sans lendemain.
Toutes ces perversions sociales traduisent une gestion inopérante des fonds des migrants qui vont essentiellement à la dépense quotidienne, au bâtiment, aux dépenses somptuaires : mariages, baptêmes, etc. et à l’assistanat de la famille. L’on peut s’interroger alors sur ce que serait devenu notre pays, si l’investissement productif arrivait à récupérer ne serait-ce qu’un quart de cette manne financière annuelle. De manière plus large, quelles sont les raisons qui font qu’aujourd’hui les migrants ne jouent pas pleinement leur rôle comme acteur de développement ?
Deux causes sont à pointer du doigt c’est-à-dire : l’absence ou l’insuffisance des politiques dédiées ; la frilosité et l’individualisme des sénégalais de l’extérieur.
1) L’absence d’un cadre de gestion dédié, incitatif et d’une politique orientée.
La prise de conscience de l’importance des migrants comme acteur de développement du pays a commencé à la fin des années 90 et a abouti à la création du Ministère des Sénégalais de l’Extérieur et d’un Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur destiné à impliquer ces derniers dans les actions gouvernementales en la matière. Malheureusement, lors des votes des différentes lois de finances, le MSE a toujours été le parent pauvre des dotations budgétaires et n’a pas eu les moyens de jouer pleinement son rôle avec moins d’un milliard de FCFA annuels.
Le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Etranger a quant à lui eu un départ biaisé qui a justifié sa léthargie jusqu’à sa redynamisation récente au début 2010. L’absence de moyens du Ministère et le non fonctionnement du CSSE a donc constitué un frein à la mise en œuvre d’une politique dédiée à l’image de ce qui se fait dans des pays similaires et notamment le Maroc où plusieurs cadres cohérents et complémentaires ont été mis en place : Ministère des Marocains Résident à l’Etranger (MRE) dont le budget 2010 s’élève à 26 milliards de FCFA ; Fondation Mohamed V (d’émanation étatique) pour les MRE, opération transit annuelle d’accueil des MRE, conseil des marocains de l’étranger, programmes de financement des MRE en concertation avec les banques etc. …
Des améliorations ont certes été notées au Sénégal depuis quelques années (redynamisation du CSSE, augmentation du budget du MSE, création du FAISE, etc. …), mais du chemin reste à faire, quand on voit que le budget de la présidence de la république est passé en 2011 à 90 milliards de francs CFA, très loin de celui du MSE pour cette même année.
2) La frilosité des sénégalais de l’extérieur face à l’investissement productif.
La recherche de la sécurité à travers un toit, l’individualisme, la volonté de paraître constituent autant d’attributs du sénégalais de l’extérieur qui freinent sa capacité à investir dans l’économie et à être acteur de développement. A ces comportements s’ajoute une non-implication de ces migrants dans la vie politique de leur pays pour la prise en compte de leurs intérêts et de leurs doléances.
Quelles sont alors les solutions pour que les migrants jouent pleinement leur rôle dans le développement du pays ? Sept mesures me semblent nécessaires pour créer un cadre adéquat de gestion de la migration et faire du sénégalais de l’extérieur un véritable acteur de développement :
- La définition et la mise en œuvre d’une politique spécifique dédiée et la représentativité dans les instances nationales ;
- Un renforcement institutionnel des acteurs : MSE et CSSE
- La constitution à travers des institutions financières d’un fonds d’investissement dédié aux sénégalais de l’extérieur ;
- L’implication des sénégalais de l’extérieur dans les politiques de Co-développement ;
- Une action proactive de « brain gain » permettant d’exploiter les ressources intellectuelles de la diaspora sans systématiquement pousser au retour ;
- Une reconversion du migrant comme ambassadeur touristique de son pays et promoteur des investissements vers son pays ;
- La constitution d’associations fiables pouvant servir de conseil et de soutien aux immigrés.
Pour la mise en œuvre d’une politique dédiée, les sénégalais du monde sont estimés aujourd’hui entre 2.5 et 3 millions, soit plus de 20% de la population nationale avec plus des deux tiers ayant une activité génératrice de revenus. Ils contribuent par ailleurs à hauteur de plus de 600 Milliards de FCFA à notre balance des paiements. Ces indicateurs justifient largement la définition d’une politique de gestion des sénégalais de l’extérieur dédiée et leur représentativité auprès des instances de décision du pays.
Ma vision d’une politique dédiée englobe : la prise en compte des intérêts spécifiques des sénégalais de l’extérieur dans les politiques nationales, fiscales, douanières, d’investissement, de privatisation, habitat, famille, etc., leur implication dans les stratégies d’ouverture au privé des sociétés nationales.
En plus, il y a leur représentativité dans les instances que sont l’assemblée nationale, le sénat, le CRAES : leur participation aux débats pouvant se faire à travers des visio-conférences dans nos ambassades ; la participation des associations représentatives et crédibles de sénégalais de l’extérieur aux travaux des commissions mixtes pour réellement intégrer leurs préoccupations.
Pour donner aux acteurs un rôle prépondérant dans la gestion des sénégalais de l’extérieur, il est nécessaire de doter le Ministère des Sénégalais de l’Extérieur des moyens de son action. Il faut des moyens budgétaires au niveau de sa mission et lui permettant de déployer un plan d’action intégrant : la visite des pays de migration, le déploiement des actions des différentes directions dans ces pays, la dotation conséquente du FAISE (Fonds d’Aide à l’Intégration des Sénégalais de l’Etranger).
A titre d’exemple, pendant que le Ministère des Sénégalais de l’Etranger peine à avoir un milliard de FCFA de budget, son alter égo marocain a un budget annuel de 26 milliards de FCFA soit 14 milliards de fonctionnement et 12 d’investissement, pour une population d’émigrés équivalente en pourcentage de sa population.
Il faut aussi un positionnement institutionnel du ministère à un rang lui permettant d’influer sur les autres acteurs dans ses politiques : Ministère de l’Intérieur (pour les passeports), des Finances (pour les aspects douaniers), de l’Habitat (pour le logement), de l’Agriculture (pour les projets agricoles de retour).
Dans le livre de Charles Debbasch et Jacques Bourdon, les deux auteurs soutiennent que depuis quelques années, « l'outil associatif est devenu, pour des milliers de personnes, un moyen ordinaire et pratique pour vivre leurs passions, exercer des activités dans des domaines les plus divers, défendre des causes et des idées, ou réaliser des projets collectivement, lieux irremplaçables d'échanges, de dialogue, de solidarité et de convivialité, les associations jouent désormais un rôle essentiel dans le paysage social ».
La richesse de la vie associative fait partie de l'évolution récente du tissu social. Les associations permettent, en effet, à beaucoup de nos concitoyens de partager une passion commune, de pratiquer des activités culturelles ou sportives, de s'investir dans des causes de développement national, de s'engager dans des activités sociales et éducatives. Les associations apparaissent alors comme des réponses aux besoins d'une société. Ainsi il appartient aux immigrés de s’investir dans des associations qui les sortiront de leur isolement et favoriseront leur évolution.
Les associations constituent un espace de liberté. Par la volonté des fondateurs, grâce à la force de ses adhérents, une institution se crée et se développe pour promouvoir des objectifs d'une autre nature que ceux poursuivis par les sociétés commerciales. Aujourd'hui, les associations sont une illustration de la volonté des citoyens de ne pas laisser au pouvoir public le monopole de la représentation des intérêts. Le développement des associations s'est accéléré depuis une vingtaine d'années. Assurant les préoccupations les plus actuelles des citoyens, comme l'éducation et la formation, elles manifestent une vitalité accrue, tantôt en réaction contre la puissance de l'Etat, tantôt en se substituant à lui.
L'Etat et les collectivités territoriales prennent en considération cette montée des associations selon une stratégie qui évolue ; les associations sont aujourd'hui l'objet, tantôt de l'indifférence des pouvoirs publics, tantôt de tentatives de captation pour les faire participer à leur action. La seconde attitude est actuellement prépondérante en faisant des associations à la fois des interlocuteurs officiels des pouvoirs publics et des instruments de l'action publique.
A ce jour en France par exemple, la liberté de s'associer est générale, quelle que soit la nationalité des membres. Après cette longue période de discussions sur la formation des associations des étrangers en France faisant suite à l'abrogation de la loi de 1981 ayant alors permis aux étrangers de pouvoir former librement des associations, nous avons ainsi assisté à un boom des associations étrangères de tout ordre partout en France. C'est à ce titre que beaucoup d’associations s'inscrivent dans le cadre de l'éducation et de la formation en vue du développement de leurs pays d’origine respectifs.
Il n'est sans doute pas besoin d'être chercheur en sociologie de l'éducation pour savoir combien le souci de la réussite scolaire des enfants peut prendre une place importante dans la vie de nombreuses institutions telle que les familles et notamment les associations. Comme le disait avec humour Liliane Delwasse, dans sa chronique : « Votre enfant et l'école in Le monde de l'éducation, avril 1994 »: « Allez donc demander à vos amis Allemands, Italiens ou Américains comment vont leurs enfants. Ils vous parleront du flirt de l'aînée, des prouesses en basket du second ou de l'otite purulente du petit dernier. En France la réponse tournera autour d'un seul et unique sujet : la scolarité ! Rien ne compte sauf les notes, les classements et les résultats.... ».
La question de l'éducation et de la formation au Sénégal a été étudiée par diverses disciplines comme l'histoire, l'anthropologie la psychologie et la sociologie. Cependant, la plupart des travaux de recherche existants ont plutôt porté sur l'aspect historique et moins sur le rôle des acteurs (les institutions comme les familles et les associations) et leurs rapports quotidiens. Les études ont montré que les taux de fréquentation de l'école ont augmenté considérablement grâce au phénomène d'urbanisation et à la forte participation des associations qu'ont connu certains grands centres urbains et communaux du Sénégal durant les quarante dernières années. Le thème de l'éducation et de la formation quant à lui a été étudié par des sociologues et des historiens qui ont décrit son rapport à la population et son mode de fonctionnement.
Ainsi, nous avons pensé que l'éducation et la formation coexistent depuis longtemps au Sénégal et entretiennent à travers l'école et l'élève des rapports qui méritent d'être élucidés par la discipline sociologique. Si l'on sait que l'accès à l'éducation et à la formation et les conditions pour aller à l'école et se former dans certaines localités du Sénégal sont majeures et complexes, on s'aperçoit bien qu'il serait intéressant et opportun que les acteurs sociaux notamment les associations de la diaspora et même des familles interviennent à travers la pluralité des actions qui seront certes diverses et multiples mais bien orientées.
La crise scolaire au Sénégal s'est accentuée d'année en année jusqu'à atteindre son apogée dans les années 1980. Entre 1970 et 1980, l'école Sénégalaise s'est peu à peu plongée dans ce que l'on pourrait appeler la perte de prestige. Les grands centres d'intérêts qui sous-tendaient sa promotion ont été affectés par la crise économique. A partir de 1980, la crise s'est encore accentuée avec l'apparition d'une population importante de déscolarisés à tous les niveaux de l'enseignement.
L'école, très tôt perçue comme instrument de développement socio-économique, lieu d'égalisation des chances, est au cœur de nombreux débats. C'est au moment où l'école se démocratise au Sénégal qu'on la découvre inégale. Les facteurs de la crise scolaire Sénégalaise sont donc nombreux et complexes. L'école Sénégalaise comme disait Souleymane Gomis dans la relation famille-école au Sénégal « subit aujourd'hui plusieurs types de difficultés liées à la démographie galopante non maîtrisée, aux mauvaises conditions de travail aggravées par la réduction du budget de l'éducation nationale de 35 à 30% favorisant le développement de classes pléthoriques, au manque de matériel de travail et au manque parfois de salles de classes ».
Ces difficultés sont diverses et multiples mais leurs natures sont différentes les unes des autres. A notre avis, outre la réduction du budget de l'éducation, il y a aussi la mauvaise gestion dudit budget car les investissements ne sont jamais injectés dans les axes prioritaires de l'éducation. Comme exemple, malgré les 43% du budget alloués à l'éducation en 2006, l'école Sénégalaise a pourtant vécu cette année-là, l'une des années scolaires les plus sacrifiées et peine toujours à retrouver sa notoriété d'antan au niveau de l'espace sous régional et même continental. Il s'y ajoute aussi que depuis les états généraux sur l'éducation ayant été l'un des points fondamentaux des ajustements structurels à la fin des années 80, l'Etat sénégalais, sans le dire ouvertement, s'était pourtant désengagé du secteur scolaire jugé par les institutions financières internationales de Bretton Woods comme un secteur non productif.
Ce qui avait conduit à la suppression des écoles régionales de formation des instituteurs (ER) remplacées par les EFI (Ecoles de Formation des Instituteurs) et ce, en ayant raccourci la formation des enseignements de 4 ans (dont 1 année entière de stage pratique) à 1 an de formation. Mais quelques années seulement après, la réforme scolaire et universitaire de 1994 proposa encore de supprimer lesdites EFI pour donner lieu à un simple système de recrutement des volontaires de l'éducation qui, non seulement ne se soucie pas trop du niveau académique des futurs enseignants mais aussi et surtout dont la formation laisser à désirer (1 an de formation ramené à trois mois de stage !). en outre, à la suite de la réforme scolaire de 1986 ayant abouti à un concept du système scolaire dénommé « école nouvelle », la préoccupation de l'Etat sénégalais était la massification de la scolarisation des enfants mais paradoxalement, le pouvoir public se souciait peu de l'efficacité de l'école qui, il faut le souligner, se devait de former des citoyens capables de se comprendre et de comprendre le monde dans lequel ils vivent mais aussi et surtout d'être de véritables acteurs de développement et ce, grâce à des enseignements de qualité pouvant répondre aux exigences du monde moderne et du marché de travail tant national qu'international. Par conséquent, ce manque de vision sur l'essentiel et sur le rôle à jouer de l'école dans la vie publique a conduit à la situation dégradante du système scolaire sénégalais qui, il faut le reconnaître, perd de plus en plus sa notoriété d'antan et ce, à cause de la baisse progressive du niveau des élèves, la mauvaise formation des enseignants liée à la suppression des écoles de formation jugées très coûteuses par les institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et le FMI, le manque notoire de crédibilité des diplômes à cause des multiples grèves des étudiants, des élèves mais aussi et surtout des enseignants ces dernières années, etc.
C'est dans ce contexte que notre appel a pour objet de démontrer le rôle du monde associatif- surtout celui de la diaspora, dans la quête d'une alternative qui contribuerait à renforcer l'efficacité de l'éducation, gage d'une meilleure promotion des ressources humaines. Aussi de constater que les rapports Nord-Sud doivent passer via les organisations associatives des immigrés dans leur politique de Codéveloppement.
Et compte tenu des éléments mentionnés ci-dessus j’en appelle à la vigilance et à l’abnégation de la diaspora sénégalaise. Dans beaucoup de pays du monde les changements les plus profonds et les plus significatifs sont venus de la diaspora. Il est temps pour chacun de nous, intellectuels ou pas, de prendre chacun sa part de responsabilité pour sortir notre pays du désarroi dans lequel il s’est empêtré depuis plus de dix ans. « Nous sommes tous des croyants et Dieu de dire qu’il ne parle qu’aux hommes qui réfléchissent ».
Cette réflexion doit nous pousser à penser à créer un fonds monétaire de la diaspora, fonds dans lequel les ressources de ses adhérents permettront de lutter contre la politique d’endettement et d’asservissement des pays développés vis-à-vis des pays pauvres. Celui-ci permettra aussi une prise en considération de nos responsables sur la capacité de mobilisation de la diaspora sénégalaise pour ne plus être considérée comme une vache à lait, une entité malléable et corvéable à merci au service de politiciens véreux ou de maîtres chanteurs.
Force est de constater aujourd’hui, compte tenu de la gestion calamiteuse de l’économie sénégalaise le spectre des politiques d’ajustement structurel des années 80 nous guette de nouveau. Ces programmes sont de véritables moyens de paupérisation et d’asservissement des populations en les maintenant dans le sous-développement par le billet du surendettement.
Loin du pays mais l’esprit au pays doit être le moteur de notre lutte permanente pour le progrès économique et culturel de notre pays. Le sérieux de nos actions, la foi à nos convictions seront le levier du redressement sénégalais. Tout le monde est convié quel que soit son bord politique, l’enjeu en vaut la chandelle et dépasse de loin tous nos intérêts individuels et égocentriques.
L’Afrique en général, comme le Sénégal en particulier vit les tares et les héritages de la décolonisation. Il est temps de repartir de nouveau sur de nouvelles bases. Sur les fonts baptismaux de ce nouvel élan, la diaspora a sa part de responsabilité. En plus de son poids économique sur la marche des affaires du pays, la diaspora sénégalaise doit en plus peser d’un poids politique indéniable pour modifier la donne. Il appartient à tout un chacun de s’inscrire dans les listes électorales des consulats et des ambassades, d’informer sa famille restée au pays et de mettre son bulletin de vote dans l’urne. Il faut agir en démocrate responsable et fier du Sénégal.
Que ça soit au niveau de l’éducation des masses, de leur soutien, nous devons intégrer le fait que nous avons un rôle imminent à jouer pour sortir notre pays de la mal gouvernance, de la destruction de ses maigres ressources. Ce rôle incombe à tous les fils du Sénégal d’ici ou d’ailleurs. On ne pourra participer à la renaissance sénégalaise que si on se considère comme des citoyens à part entière. Avant de penser à ce que le Sénégal fera pour nous demain, pensons d’abord à ce que nous faisons pour le Sénégal aujourd’hui.
Amadou DIALLO
Références bibliographiques :
- Charles Debbasch et Jacques Bourdon, les associations, Que sais-je, n°2209, Puf, 1985.
- Gomis S., « la relation famille-école au Sénégal », L'Harmattan, 2003.
- Abdou Souleye DIOP, revue REUSSIR N° 43 DIASPORA SENEGALAISE
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