Education au Sénégal : Abondance sans qualité ; des mythes aux réalités !
Education au Sénégal : Abondance sans qualité ; des mythes aux réalités !
Dans quelques temps, ça sera l’ouverture des classes au Sénégal et comme chaque année on se satisfera des progrès réalisés dans ce domaine. Malgré que ce pays consacre une part importante de son budget à l’éducation les résultats tardent à venir. On se désole qu’une partie importante de la population sénégalaise reste toujours analphabète, les résultats du baccalauréat frôlent à peine les 15%, au concours national le président se plaint qu’il n’y avait pas de mathématicien dans le lot des lauréats.
Pourquoi alors avec tout le budget investi, la construction de lycées et d’universités, l’éducation reste si médiocre au Sénégal : Quels sont les mythes et les réalités dans ce secteur ?
Au-delà du problème de l’accès à l’éducation, se pose aussi et surtout celui des difficultés de scolarisation que rencontrent les enfants. L’un des premiers problèmes rencontrés est celui de l’ambiguïté de la langue. Dans les écoles publiques, l’enseignement se fait exclusivement en français, langue officielle du Sénégal. Ainsi, la langue parlée en famille n’est pas la même que celle enseignée à l’école puisque une fois les cours terminés, les sénégalais optent pour le dialecte de leur ethnie. |
Autre difficulté, c’est celle de l’utilité de l’enfant à la maison. En effet, le bénéfice que l’on peut retirer en envoyant un enfant à l’école, et en particulier une fille, n’est pas évident pour tous les parents sénégalais. Pour eux, l’enfant est plus rentable à la maison : il peut s’occuper des travaux ménagers, préparer le repas ou garder le jeune frère. Une autre alternative encore plus rentable peut aussi être envisagée, celle du travail. Beaucoup d’enfants travaillent avec leurs parents, surtout pour la transmission des métiers artisanaux. Ainsi l’enseignement n’est plus considéré comme un moyen de sortir du marasme économique et social. Devant le manque de perspective, l’enseignement est dévalorisé ; on préfère apprendre un petit métier que d’user ses pantalons sur les tables d’une classe.
Le professeur ou le maître, jadis considéré comme un Dieu, une référence « royukay » ne représente plus qu’une personne qui est là tout simplement pour récupérer un salaire à la fin du mois, sans aucune considération. Volontaire, vacataire ou contractuel, l’enseignant est recruté sans formation et envoyé dans des lieux les plus reculés du pays comme un « bouche-trou. » En plus de cela selon une enquête des organisations scolaires, 60% du personnel enseignant sont des volontaires, contractuels ou vacataires. Ce qui fait dire à M. Sylla, secrétaire général de l’Alliance pour la défense de l’école publique et des travailleurs (Adept), que « ce qui était une exception est devenu la règle. » Selon lui, « désormais, le seul moyen d’entrer dans l’enseignement reste le volontariat ou la vacation ».
L’enseignement public, gratuit en principe, ne l’est pas vraiment. Les livres, le matériel, le transport, l’uniforme… sont à la charge des familles. Pour certaines d’entres elles c’est un luxe inabordable et la plupart préfèrent envoyer leur rejeton à l’école coranique moins couteuse sur ce point. Et vu l’ampleur du phénomène, il est nécessaire pour l’état, les collectivités locales comme les responsables à l’instar des cases des « tout-petits » d’initier des daaras des « tout-petits ».
En outre, les problèmes scolaires sont souvent liés à l’environnement familial. En effet, il est difficile pour un enfant de travailler correctement dans une maison surpeuplée et bruyante, surtout lorsqu’il faut s’éclairer à la bougie, devant les coupures intempestives de courant qui s’amplifient de jour en jour. Et il est encore plus difficile de bien suivre les cours lorsque l’on a le ventre vide.
Il apparaît très clairement que l’éducation sénégalaise est en grande difficulté. Afin d’aider le pays à se développer, il est important de se centrer sur l’éducation. En effet, les enfants d’aujourd’hui seront ceux qui pourront faire évoluer la situation du Sénégal de demain. Une augmentation du taux de scolarisation, une baisse du nombre d’analphabètes et des meilleures structures éducatives sont la base d’un changement possible. Il n’est nullement nécessaire de construire des infrastructures en grand nombre si de l’autre côté on ne forme des enseignants de qualité prompts à former un sénégalais de « type nouveau ».
Pour cela l’enseignement doit être le reflet de la culture sénégalaise, il apparaît de plus en plus vrai que l’enseignement importé ne fait qu’assouvir d’avantage le peuple. Les pays émergents sont cela même qui ont réussi à mettre en adéquation leur enseignement avec les réalités du pays. Ainsi donc des pays comme la Gorée du Sud, les Emirats arabes Unis ont réussi leur développement par la formation de leurs élites en harmonie avec leurs réalités socio-économiques et culturelles. Rien ne sert de former des gens sur la base d’un programme complètement contraire aux réalités du Pays, les réalités françaises ne se retrouvent pas ni à Thiès ou à Kolda ou dans les familles sénégalaises.
En ce qui concerne l’enseignement coranique, la journée typique d’un enfant comprend l’apprentissage du Coran entre cinq et huit heures, la mendicité dans les rues entre huit et quatorze heures, alors qu’ils cherchent, également leurs petits-déjeuners et repas.
De quatorze à seize heures, ils apprennent le Coran et de seize heures jusqu’au coucher du soleil, ils retournent mendier. Leur mendicité dans les rues est la cause principale de leur analphabétisme et de leur manque d’éducation en général. Les talibés ne consacrent guère que 30% de leur temps utile à la mémoration des 604 pages du Coran. Ainsi, les talibés ne reçoivent pas l’éducation de base nécessaire à leur intégration au sein de la société sénégalaise. Alors comment agir lorsque la pratique de la mendicité se fait au détriment de l’éducation des enfants ? Comment améliorer le quotidien des talibés, leur permettre un avenir, sans pour autant bouleverser une pratique traditionnelle?
Au lieu de distribuer des millions et des milliards de francs CFA à des imams, des irresponsables ou des lutteurs, ces fonds serviraient mieux à sortir ces jeunes de la situation de précarité des daaras dans leur forme actuelle. Le marabout, payé par le gouvernement, se sentirait mieux considéré et le talibé pourrait ainsi passer plus de 50% de son temps à apprendre le coran que de passer des heures et des heures à chercher les moyens de payer son Sérigne ou de trouver de quoi se nourrir.
Que ça doit dans ce domaine ou celui de l’enseignement public, l’Etat doit s’impliquer d’avantage quand on sait que l’enfant passe plus de temps à l’école qu’à la maison, d’où l’importance de la formation des enseignants pour leur aptitude à enseigner et à éduquer.
Au constat, mis à part les mythes du premier budget de l’Etat, les réalités font que les défis restent nombreux et multiformes. Tel que l’affirme Mr Mamadou Alpha Ly dans sa lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale : « Ce système éducatif que nous avons hérité de la colonisation sans jamais le changer fondamentalement et qui, tout au long de ces 182 ans d’existence, draine continuellement des tensions comme la nuée porte l’orage, pose donc problème ».
La question du système éducatif interpelle chacun et à tous les niveaux. Un réel sursaut est incontournable de la part de tous les acteurs « Etat, partenaires techniques et financiers, collectivités locales, ONG, Associations communautaires… ».
Tout en insistant sur la responsabilité pleine de l’Etat, les apports des organisations de société civile peuvent être déterminants de par la mise en place de stratégies collectives de conception, de mobilisation de financement et de pilotage concerté de programmes éducatifs alternatifs !
Amadou DIALLO
http://Diallobeducation.blog4ever.com
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