DIALLOBEDUCATION

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Côte d'Ivoire: Qui est le vrai perdant?

                                  Cote d’Ivoire : Qui est le vrai perdant ?

 

« Dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et durable on ne doit pas hésiter un seul instant, à recourir, avec obstination au dialogue ».

- Félix Houphouët-Boigny.

Dans peu de temps le candidat reconnu par la communauté internationale en Côte d’Ivoire prendra certainement le pouvoir. Ce pouvoir il l’a acquis par la force des urnes puis par celle des armes. Ceci après une résistance sans commune mesure du président Gbagbo. Il aura fallu l’intervention de la France et du Nigéria sous le couvert des Nations Unies pour réussir à faire plier le président légal de Côte d’Ivoire.

C’est ce président élu et reconnu par l’occident et qui se dit le fils spirituel de feu Félix Houphouët-Boigny qui a choisi la force avec le soutien des forces colonisatrices pour arriver au bout de Laurent Gbagbo. Si Houphouët-Boigny avait réussi à réconcilier toutes les ethnies ivoiriennes autour de sa personne c’était par sa force de conviction par le dialogue.

Triste sort pour un pays riche et qui mérite beaucoup plus que la lutte de ses fils pour le pouvoir. Si Gbagbo a volé les élections à la barbe de la communauté internationale, Ouattara n’a pas hésité à utiliser cette même communauté internationale pour arriver à ses fins au mépris du dialogue politique cher à son père spirituel.

Dans tout ce complot ourdi par l’occident il n’y a pas de gagnant mais il y a un seul perdant le peuple ivoirien. Ce peuple qui aspire à la paix et au progrès a vu ses espoirs anéantis par ses deux fils qui comme des éléphants ont piétiné pour longtemps la dignité de ce peuple en lui inculquant le nationalisme destructeur.

A ce moment je pense à ce peuple ivoirien, meurtri et dont le seul tort a été d’avoir dans son sol et son sous-sol les richesses naturelles qui ont fait la jalousie de tout un monde. Oui jalousie du Nigéria qui risque de perdre sa puissance régionale devant l’éléphant ivoirien gorgé de pétrole et premier exportateur de cacao. Jalousie de la France et des pays occidentaux qui risquent de voir la manne pétrolière de la côte d’Ivoire lui filer entre les doigts au profit de la chine. Jalousie de ce « machin » de l’ONU complétement à la solde de la puissance financière mondiale qui n’œuvre que pour l’intérêt du capitalisme mondial. Jalousie de l’Union Africaine menée et malmenée par les ex-colonisateurs et qui veut faire de la côte d’Ivoire leur vache à lait et l’empêcher d’être cette puissance économique régionale émergente. Devons-nous accepter que les peuples du Golfe de Guinée n’obtiennent plus la paix à cause de la richesse de son sol en hydrocarbures ? Est-ce une tare pour les pays africains d’avoir des réserves minières dans son sous-sol ?

A ce moment-là de mise à genoux d’un pays et d’un peuple que fait la communauté africaine, rien à part des grands discours et des gesticulations. Certainement dans quelques heures, Ouattara prendra le pouvoir en Côte d’Ivoire avec le soutien indéfectible de la France qui veut protéger son pré-carré africain. Le plus dur sera pour lui. Non seulement il faudra reconstruire ce pays meurtri mais il faudra aussi procéder à une véritable réconciliation nationale, le désarmement des milices du pays devra être sa première priorité, sans cela il ouvre la voie à des règlements de compte sans merci. Un gigantesque chantier s’offre alors à lui et c’est là qu’on jugera de ses capacités à mobiliser, à réconcilier et à gérer.

C’est l’épilogue d’une histoire qui a beaucoup trop duré. Le père spirituel d’Ouattara feu Nana Boigny n’avait pas réussi à préparer sa succession. A sa mort il s’en est suivi toute une litanie de coups d’état, de tentatives de coup d’état, de déstabilisation, d’ « ivoirité » et de chasse aux sorcières. Nous sommes en face d’une côte d’Ivoire détruite après plus de 10 années de bataille politique, d’instabilité et d’espoirs déçus.

Aujourd’hui, même si Sarkozy s'abrite derrière une indéniable légalité internationale pour justifier son intervention en Côte d’Ivoire, et si la dégradation de la situation ces dernières heures est terrifiante, la décision d'engager les forces françaises en première ligne dans des combats, pas uniquement humanitaires mais dirigés contre le camp du Président sortant Laurent Gbagbo, constitue une véritable escalade franchie pour le président français.

Sans doute est-ce le reflet de l'incapacité de l'ONU à mobiliser des troupes susceptibles de mener réellement des actions de combat, de l'échec de l'Union africaine à organiser l'intervention militaire qui avait été évoquée il y a trois mois, qui placent, une fois de plus, la France en première ligne. Ainsi la France, à travers l'Onuci et la Licorne présentes sur place, a fini par répondre à l'appel de Ban Ki-Moon à « mettre hors d'état de nuire » les armes lourdes engagées par le président sortant.

Mais n'est-ce pas le même président de la République française qui énonçait, en janvier dernier, une doctrine de retenue pour la France dans ses anciennes colonies pour justifier, il est vrai, son soutien jusqu'au bout, au régime tunisien de Ben Ali ? Il avait alors déclaré :

« La puissance coloniale est toujours illégitime à prononcer un jugement sur les affaires intérieures d'une ancienne colonie. »

Cette doctrine appliquée à la Tunisie n'a pas eu cours en Côte d'Ivoire où, dès la fin du processus électoral, Nicolas Sarkozy avait, de Bruxelles, lancé un ultimatum à Laurent Gbagbo pour lui intimer l'ordre de quitter le pouvoir au profit d'Alassane Ouattara, vainqueur du scrutin aux yeux de la communauté internationale.

Si l'urgence et la légalité sont du côté du président français sous le couvert des Nations Unies qui l’ont mandaté à travers des résolutions du Conseil de sécurité tout aussi acquis à la cause des puissances occidentales, beaucoup, notamment sur le continent africain, auraient préféré voir d'autres soldats que ceux de l'ancienne puissance coloniale ouvrir le feu pour régler un problème africain.

D'autant que la France se retrouve désormais engagée dans un conflit qui mêle à la fois des aspects clairs et nets de respect des résolutions de l'ONU et d'un résultat électoral contesté mais semble-t-il sans appel, mais aussi des aspects de guerre civile, d’odeur de pétrole et de revanche ethnico-régionale, dont les effets vont se faire sentir longtemps après la fin de cette phase du conflit.

Dans ce combat d’éléphants, trop de morts pour rien. Il est temps pour les africains de se prendre en main et de régler eux-mêmes ses problèmes pour qu’enfin le camp des gagnants soit de leur bord en occupant la place qui leur sied à l’ONU. J’en appelle au peuple ivoirien qui a perdu son âme face à la lutte sans merci de ses fils. Il vous appartiendra de relever le défi et d’entamer un nouveau départ par la paix des braves et la réconciliation nationale seule gage de réussite.


Amadou DIALLO   http://adiallo132009.blog4ever.com



07/04/2011
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