L’ignorance de la tablette « Made in Congo » m’a rendu enfin raciste.
L’ignorance de la tablette « Made in Congo » m’a rendu enfin raciste.
Le racisme est sans commune mesure la première cause des désastres humains au cours du dernier siècle. Il est malheureusement encore très loin d’être mort. De nos jours, on peut raisonnablement se demander si ses détracteurs ne prônent pas en réalité un autre racisme, celui de la surenchère économique.
Et oui selon un certain nombre d’associations antiracistes, il existe une population qui est touchée par le racisme et qu’il convient bien évidemment de rééduquer. Mais moi j’appartiens à une race noire qui, depuis des millénaires vit un véritable racisme sociologique et maintenant économique. C’est facile de constater que les plus grands défenseurs de l’antiracisme ambiant appliquent sur le plan économique le racisme le plus primaire.
Ceci fait maintenant quelques temps que j’ai pris conscience de mon ignominie, de mon racisme, notamment avec l’affaire Zemmour en France, le discours de Sarkozy à Dakar et dernièrement de la tablette « Made in Congo » dont presque personne n’a entendu parler, alors que celle de Steve Jobs fait les choux gras du capitalisme mondial.
En effet, si les pyramides ont été construites en Afrique par des africains noirs, il a fallu que Cheikh Anta Diop use de la science pour prouver à la face du monde la véracité des faits et que les noirs ont fait la civilisation égyptienne. Malgré les nez cassés des momies et des statues, rien n’y fait, la science et le carbone 14 ont dévoilé les manipulations des intellectuels et des historiens blancs. Sur le plan juridique le traité du Mandé a montré que bien avant la charte des droits de l’homme en 1789, l’africain avait codifié les droits des chasseurs 200 ans avant. Oui je sais qu’il est maintenant raciste d’exposer des faits, car c’est un fait de constater que dans tous les domaines l’homme blanc cherche à sortir le noir de la civilisation dixit Sarkozy à Dakar. Peu importe, c’est toujours l’interprétation des faits qui fait la personne et la forge.
Cette information de la tablette « made in Congo » concurrente de l’Ipad, qui semble n’intéressait personne dans le monde entier est l’une de ces informations que les Africains ont envie d’écouter, plus souvent, sur leur continent et qui démontre que le continent berceau de l’humanité bouge; malgré le misérabilisme dont il est l’objet généralement dans la presse internationale. Il s’agit de la mise en vente de la «première tablette tactile africaine». Dans un mois, la « première tablette tactile africaine » sera mise à la disposition de tous les consommateurs d’un tel produit en Afrique. Elle est l’œuvre d’un jeune programmeur congolais de Brazzaville du nom de Vérone Mankou, 25 ans seulement.
La multiplication du prototype devrait s’effectuer dans l’Empire du milieu. « Cette première tablette tactile africaine, que j’ai conçue, sera commercialisée dans un mois environ, le financement est presque acquis pour sa production en Chine, l’Afrique ne disposant pas d’infrastructures appropriées », a expliqué le jeune inventeur. L’œuvre de Vérone Mankou a été présentée au grand public lors du « Africa Web Summit » à Brazzaville qui s’est tenu du 17 au 18 septembre 2011. Cette rencontre internationale dédiée aux applications des Tic « Technologies de l’information et de la communication » est organisée par les spécialistes congolais des Tic et a réuni des experts de cette thématique provenant des quatre coins du monde. A travers « Africa Web Summit », le Congo-Brazzaville veut apporter sa marque de fabrique à la réduction du fossé numérique entre pays pauvres et riches de la planète. Je dirais de l’intelligence noire ou blanche.
Dès le 17 octobre prochain 2011, la « première tablette tactile africaine » sera commercialisée dans 7 Etats du continent noir, de même qu’en Belgique et au Congo-Brazzaville. Créée par un génie congolais de l’informatique, elle coûtera 150.000 FCFA (230 euros) soit 3 ou 4 fois moins chère que l’Ipad de Apple. Vérone Mankou est programmeur et conseiller en Ntic au ministère congolais des Nouvelles technologies et des Télécommunications. « La particularité de ma tablette tactile est qu’elle coûte quatre fois moins cher que celles qui sont sur le marché et elle est plus performante avec une autonomie de 10 heures de batterie; elle est plus extensible, avec de multiples fonctions et elle est plus petite. Vous pouvez la mettre dans votre poche », a décrit Vérone Mankou au cours du « Africa Web Summit » qui a pris fin ce 18 septembre, à Brazzaville. « La première tablette tactile africaine » a été assemblée en Chine et le projet de sa création et de sa commercialisation a coûté au moins 85 millions de FCFA (130.000 euros, environ). « Africa Web Summit », est une rencontre internationale qui avait pour vocation d’exposer à la face du monde la part du Congo-Brazzaville dans la réduction du fossé numérique entre Etats riches et pauvres de la planète.
Mais, malheureusement la demande exponentielle en téléphones portables et en Smartphones a eu pour conséquence directe la plus terrible et la plus sanglante des guerres de l’histoire depuis 1945. La miniaturisation des semi-conducteurs nécessaires à la fabrication de ces appareils est impossible sans un minerai rare: la colombite tantalite ou Coltan. Ce minerai qui vaut plus que l’or et dont la République démocratique du Congo voisine produit près de 80% est aussi indispensable à la fabrication de la tablette sino-congolaise dont nous parlons. Ce produit sera peut-être revendu au prix fort au Congo-Kinshasa, hasard de l’histoire, les capitales des deux Congo sont séparées d’une poignée de kilomètres. Des ONG affirment que la guerre civile en République démocratique du Congo est en partie financée grâce au trafic du Coltan, un minerai qui entre dans la fabrication des téléphones portables.
Le gouvernement américain mène en ce moment une campagne juridique pour la traçabilité du Coltan. Les entreprises américaines importatrices de Coltan devraient normalement s’assurer de l’origine de production, et vérifier que le matériau qu’elles commercent n’est pas issu du trafic lié au conflit en RDC. La tâche politique est immense car il faudra surtout que les fabricants d’appareils électroniques s’assurent de la traçabilité du Coltan. La semaine dernière, le président Obama et Hillary Clinton ont marqué un pas politique à l’aune de ce qui avait été fait avec le processus de Kimberley, concernant les diamants du sang. Il était temps, depuis 1998 des centaines de milliers de femmes ont été violées, plus de cinq millions de personnes ont perdu la vie au nom des Smartphones et des tablettes tactiles.
En Europe, on doit également prendre des mesures énergiques pour juguler ce défi politique et humaniste. L’utopie humaniste voudrait aussi que les fabricants de Smartphones devraient donner gracieusement à chaque habitant des deux Congo des tablettes tactiles, qui fonctionnent correctement, pour le prix du sang.
C’est malheureux de constater que le travail de ce jeune créateur soit complètement occulté pour des raisons humanitaires ou humanistes. Ce travail, aussi ingénieux soit-il, est rendu aux oubliettes par le souci de protéger des vies humaines alors que l’industrie des Smartphones existe depuis de longues dates. C’est à peine de se demander s’il n’y a pas un racisme volontaire contre toute réussite d’origine africaine. Et pourtant d’autres solutions existent, si il y a des trafiquants c’est tout simplement parce qu’il y a des protecteurs de ses mêmes trafiquants.
Mais plus que se rebeller contre ces faits, il faut se poser la question de notre vision de l’histoire et de son évolution. Voulons-nous des africains qui acceptent d’être tout le temps des valets au service d’autres? Ou au contraire voulons-nous essayer de constituer un monde où chacun blanc ou noir a sa part de responsabilité ? L’égalité des chances si fortement promue dans nos sociétés occidentales ne doit pas être que de la poudre aux yeux.
L’Afrique ne doit pas être prise comme une seule réserve de matières premières ou un dépotoir de déchets pollués. Elle doit être aussi un lieu de transformation de ces matières premières et aussi un lieu de recherches où les jeunes talents ont leur chance. Devrions-nous avoir peur des conséquences de nos recherches ou de nos découvertes minières et fossiles ? Non certainement pas, nous devons avoir les mêmes chances que tous les autres, le refus de cela n’est qu’un racisme puéril.
Si on se dit que les populations africaines sont majoritairement dans une misère sociale importante, raison pour laquelle on leur refuse la moindre reconnaissance, il n’est malheureusement pas étonnant qu’une partie tombe dans la délinquance et les trafics de toutes sortes. En effet nous sommes dans un monde de consommation où, pour exister, il faut consommer. À partir de ce moment il ne faut pas s’étonner que les africains n’hésitent à opérer un véritable trafic sur les matières premières dont les blancs ont besoin.
Plutôt que de donner toujours une mauvaise image de l’Afrique et des noirs qui la peuplent, il est nécessaire de vanter aussi les mérites de ses fils et d’apprécier à juste titre leur réalisation. Le silence autour de cette merveilleuse tablette tactile d’origine africaine est le reflet d’un refus de reconnaissance des capacités des noirs qui me met dans un racisme déroutant et incompréhensible.
Amadou DIALLO
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