DIALLOBEDUCATION

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La Liberté: Cours numéro 1

Mathilde Maisse

                                                Cours de Philosophie

 

                                            LA LIBERTE

 

                           Cours 1 : La Dimension Psychologique

 

 

Dans son sens premier, la liberté est le contraire de l’état d’esclavage ou de celui du

prisonnier. La liberté serait donc l’état de celui qui fait ce qu’il veut et non ce que veut un autre que lui. C’est-à-dire penser, agir et décider, sans entrave, ni contrainte étrangère.

Toutefois la liberté totale et absolue : faire ce que l’on veut, où l’on veut et quand on veut, est ce possible ? Est- elle souhaitable ? Existe-t-elle d’ailleurs réellement? Le fait même de parler ou de penser la notion de liberté ne suppose-t-il pas qu’elle s’inscrit nécessairement dans un cadre, comme quelque chose de limitée, que l’on n’atteint jamais vraiment de manière absolue ? C’est ce que nous tenterons de voir dans ce cours, en s’intéressant dans un premier temps à la dimension psychologique de la liberté. Pour cela, nous étudierons tout d’abord la possibilité effective de la liberté : comment et en quoi suis-je libre, ou ai-je tout au moins, le sentiment de l’être ? Puis nous nous demanderons si nous sommes toujours libres de la même manière : N’y a-t-il pas, en réalité, différents degrés ou types de liberté, et aussi différents déterminismes qui la limitent de fait ?

La possibilité effective de la liberté

Comme nous l’avons dit dans l’introduction, la liberté apparaît a priori comme le fait de faire tout ce qu’on veut, c’est-à-dire réaliser et assouvir tous ses désirs. Et cela parfois même au dépend des autres. Puisque si l’on prend, en effet, l’exemple d’un désir qui résiderait dans la possession de quelque chose appartenant en l’occurrence à quelqu’un d’autre. Je peux alors considérer que ma liberté, sous-entendu mon désir : faire ce que je veux, serait de déposséder autrui. Ici ma liberté : mon désir, se réaliserait donc bel et bien au dépend d’autrui, il irait à l’encontre de sa liberté à lui. C’est pourquoi, on peut déjà rappeler ici, une des bases de la morale en ce qui concerne cette notion : la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres. Toutefois, sans pour autant aller tout de suite jusqu’au rappel de l’illégalité, il est possible de remarquer que ce sentiment de liberté : faire tout ce que l’on veut / désire, n’est pas souhaitable aussi bien pour autrui que pour moi-même. Ce sentiment de liberté peut, en effet, apparaître en réalité telle une illusion. Puisqu’en voulant réaliser tous ses désirs, le risque est de devenir esclave de ceux-ci, car les désirs sont toujours de plus en plus nombreux.

Et les hommes, de plus en plus insatisfaits et de ce fait, toujours plus en quête d’assouvir de nouveaux désirs. Comme le dit Platon, les désirs sont une sorte de puits sans fin, tel le tonneau des Danaïdes : il est impossible d’en connaître la fin et la satiété. C’est pourquoi, pour le philosophe toujours, la liberté ne résiderait pas tant dans l’assouvissement de tous ses désirs, mais plutôt dans la réflexion ( à l’aide de la raison) et dans la maîtrise ( à l’aide du courage),

afin de tempérer et de modérer ces mêmes désirs. La liberté apparaît donc dors et déjà, non pas comme absolue et totale, mais comme limitée. Il est nécessaire de se limiter, de se maîtriser pour être effectivement, au sens de réellement, libre. Car sans cela, l’homme n’obtient qu’une liberté illusoire.

Chez Descartes, la liberté est toujours définie comme le fait de faire tout ce que l’on veut.

Cependant pour le philosophe, la volonté repose à la fois sur le désir, mais aussi sur la connaissance. Ainsi pour faire ce que l’on veut réellement/ effectivement, il ne suffit pas de désirer : il faut connaître. C’est-à-dire qu’il faut non seulement savoir précisément ce que l’on veut, mais il faut aussi savoir comment y parvenir : connaître les moyens qui seront nécessaires pour réaliser ce désir. Tel est donc ce qui se joue quand je veux quelque chose, au sens d’en avoir la volonté. D ans une situation de choix : j’ai plusieurs possibilités qui s’offre à moi. Il faut donc que je réfléchisse et que je délibère sur les moyens et les conséquences de ce choix : je pèse le pour et le contre. Ma raison et mes connaissances me sont donc utiles, et mêmes nécessaires, afin de prendre une décision et ainsi, agir. J’ai donc le sentiment d’être libre quand je fais ce que je veux. Mais pour cela, il est nécessaire de parvenir précisément à faire ce que je veux réellement. E t pour ce faire, j’ai besoin des connaissances, car elles sont l’outil indispensable qui m’aide à agir. En analysant correctement la situation, j’arrive à faire ce que je veux effectivement et c’est cela, qui me rend réellement libre. Toutefois, il est possible de se demander si l’homme a toujours réellement le choix et par là même, si il est toujours entièrement libre ? N’existe-t-il pas, en effet, des moments, des éléments, des circonstances, qui échappent à la volonté, et donc à la liberté ?

Les différents degrés et les différents déterminismes de la liberté :

Chez Descartes, en effet, même si la liberté réside toujours quoi qu’il en soit dans la volonté, c’est-à-dire dans le désir allié à la connaissance, et ainsi dans la capacité à faire des choix justes. Il existe également selon lui différents degrés de liberté, car les choix que l’on peut faire ne se font pas toujours de la même manière, ni dans les mêmes circonstances. Ainsi il y aurait un plus bas degré de liberté qui correspondrait à la liberté d’« indifférence ». C’est-à-dire un choix et donc une action, qui se ferait par dépit ou par hasard, sans qu’une réelle décision délibérée soit prise. S ans que l’on sache réellement pourquoi on désire, on choisit, on fait telle chose plutôt qu’une autre. (C f. l’exemple de l’âne de Buridan dans la vidéo.)Par opposition, le plus haut degré de liberté correspondrait à une volonté qui s’appuierait sur une connaissance morale pour agir, et une connaissance « du vrai et du bien ». Ainsi la connaissance du bien et du vrai renforcerait ma volonté, et donc m a liberté. Toutefois, ce n’est pas parce que je connais le bien et le vrai que je dois toujours nécessairement les choisir. C’est en cela d’ailleurs que je suis ici réellement et effectivement libre. M ais je peux aussi m’obliger à les choisir tout en restant également réellement et effectivement libre, puisque je réponds alors à une contrainte non pas extérieure et étrangère, mais intérieure, qui est la mienne. C’est alors une double volonté qui intervient car : 1. Je veux le bien et le vrai, 2. Je veux m’obliger à vouloir le bien et le vrai. Ainsi un acte réellement et effectivement libre est nécessairement le résultat d’un raisonnement, d’une réflexion, qui s’inscrit dans une logique et dont on est, de ce fait, responsable. Puisqu’on a, en effet, pesé le pour et le contre, et que l’on a mesuré les conséquences de cet acte. C’est pourquoi, la liberté effective suppose des efforts, une maîtrise, un cadre de références et des limites : elle ne peut donc en aucun cas se résumer simplement à : faire ce que l’on veut, où l’on veut et quand on veut. A fin d’être réellement libre, il est nécessaire en effet, de prendre en compte les différents déterminismes. Ces différents déterminismes qui paraissent a priori telle une entrave à la liberté hum aine, sont toutes ces choses qui conditionnent l’existence de l’homme et l’empêchent d’agir librement. Nous pourrions parler d’une forme de « handicap » présent dès l’origine : c’est ici le déterminisme naturel, lié à la Nature et à la nature humaine. Par exemple, du fait de sa nature, l’homme n’est pas libre de voler comme le fait l’oiseau. Toutefois, il lui est possible d’exploiter ce déterminisme, si il le connaît, en a conscience et tente d’y remédier en créant des objets techniques (comme l’avion, pour poursuivre notre exemple) Notamment grâce à la raison, qui quant à elle, fait partie de ce déterminisme naturel, m ais qui, dans le cas présent, est un atout et non un handicap. D’autres déterminismes se font également ressentir comme un obstacle à la liberté humaine, mais ceux-ci ne sont pas naturels. Ils relèvent plutôt de tout ce qui est culturel, social, éducatif (familial et scolaire), religieux et psychologique, ou plutôt psychanalytique au sens de Freud (cf. les pulsions). Toutefois, il apparaît également comme possible de dépasser, ou tout au moins de composer, avec ces autres formes de déterminismes. L’homme peut être libre, ou tout au m oins se sentir libre, malgré ces limites et ce cadre déterminé qui lui est comme imposé. Mais là encore une prise de conscience, une connaissance et une volonté, ne sont-elles pas nécessaires afin d’y remédier ? C’est alors ce que nous verrons dans le second cours, avec la dimension politique et sociale de la liberté, ainsi qu’avec la dimension métaphysique. Nous nous demanderons, en effet, quelle est dans la pratique, c’est-à-dire au-delà du sentiment d’être libre, la possibilité réelle de liberté pour l’homme ?



07/10/2009
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