"On nous tue, on ne nous déshonore pas".
« On nous tue, on ne nous déshonore pas ».
Il est dit dans la bible : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre (Mt 5,39). Jésus par cette phrase veut amener ses disciples à sortir de l’esprit légaliste et à se transporter sur un plan moral supérieur, où les gestes de patience et d’amour acquièrent une puissance capable de désarçonner l’adversaire et de le mettre en face de sa conscience.
Une telle démarche peut nous dérouter, tant elle nous prive de nos armes les plus familières ! Il faut le reconnaître : la voie dans laquelle Jésus engage ses disciples en matière de non-violence comme en matière d’exercice du pouvoir (Mt 23,11), de relations entre maris et femmes (Mt 19,9-10), de gestion des richesses (Mt 19,24) semble de fait irréaliste… tellement utopique qu’aucun disciple ne pourra prétendre accomplir de telles exigences et être ainsi assuré du salut. N’est-ce pas précisément tout l’intérêt de ces propos provocateurs de Jésus ?
Ce qui se passe actuellement au Sénégal nous confirme qu’il n’est pas possible d’appliquer à la lettre la recommandation de la bible. Depuis que notre constitution a été votée par référendum en 2001, elle a subi plus de deux viols par an sans l’approbation du peuple souverain.
Elus suite au boycott de l’opposition, l’assemblée nationale et le sénat sont devenus une boîte d’enregistrement aux mains d’une seule personne Abdoulaye Wade. Le Sénégal apparaît aujourd’hui comme une entreprise avec un comité d’administration présidé par Wade, une assemblée générale des actionnaires composée de l’Assemblée Nationale et du Sénat et la constitution comme statuts qu’on modifie à volonté pour les dividendes des actionnaires.
Avec cette ultime réforme de la constitution, le Sénégal doit-il se résigner a toujours tendre la joue ? Compte tenu des sondages plus que défavorables, Wade décide de forcer la main du peuple sénégalais pour pérenniser son pouvoir qui n’a pas fini de mettre notre pays par terre.
Ce qui va se passer le 23 juin 2011 ressemble à bien des égards à ce qui s’est passé le17 décembre 1962 quand le gouvernement de Mamadou DIA fut renversé par une motion de censure votée par l’Assemblée nationale réfugiée dans un hôtel de la ville avec l’utilisation de l’argent des français pour « corrompre » des députés qui étaient favorables à Mamadou Dia.
Nous sommes devant un coup d’état dont l’objectif unique est de maintenir au pouvoir un clan qui n’a pas fini de ternir à jamais notre société, notre économie, notre téranga et puis notre âme. L’explication fournie pour justifier ce ticket présidentiel sur le couvert de la stabilité gouvernementale n’est que poudre aux yeux pour défendre l’indéfendable. Un ticket bicéphale ne fonctionne que s’il y a une complicité entre le président et son vice-président. Le conflit Senghor/Mamadou DIA est un exemple patent invoqué par beaucoup de chercheurs.
Alors Sénégalais, c’est conscient des enjeux pour le royaume du Cayor, que Lat Dior s'est farouchement opposé à la mise en place d'une liaison ferroviaire entre Dakar et Saint-Louis et à l'implantation de l'arachide. Après une série d'affrontements sanglants avec les troupes de Faidherbe et de Pinet-Laprade, mais aussi quelques alliances ponctuelles, il a mené un dernier combat sans espoir à Dekhele et y a laissé la vie le 27 octobre 1886. D'où cette phrase prêtée à Faidherbe, « Ceux-là, on les tue on ne les déshonore pas », ce qui est aujourd'hui la devise de l'armée sénégalaise : « On nous tue, on ne nous déshonore pas ».
J’ai toujours refusé la violence quel qu’elle soit sa forme mais il y a des moments il faut relever la tête. C’est le moment de comprendre Wade que le Sénégal nous appartient à tous. On ne saurait continuer à vivre dans l’exil de la peur et du découragement. Ce pays c’est aussi le nôtre, pour sa construction chacun y a sa part de responsabilité.
Il n’est pas le terrain de jeu de vos courtisans. Lorsque des citoyens avertis, responsables et déterminés marcheront dans le calme et la discipline, sans vandalisme aucun, ni violence gratuite et inutile ; alors, ce sera le son du glas d’une époque qui aura duré plus d’une décennie.
Ce jour-là sera la fin d’une certaine façon de gouverner marquée par l’impunité, les détournements de deniers publics, la corruption, le clientélisme, la perte des valeurs et le népotisme. Ce sera enfin l’émergence d’un sénégalais nouveau, digne et amoureux de sa patrie.
Notre pays ne saurait faire l’économie d’un nouveau changement, il est temps de buter les courtisans hors du palais ainsi que leur protecteur. Tout ce qui se passe aujourd’hui au Sénégal est le prélude d’une fin de règne, ce que l’opposition semble ignorer. Maître Wade a raté la marche de l’histoire, parce qu’empêtré dans ses contradictions. L’opposition sénégalaise vogue malheureusement dans le même sens. Devant les difficultés de l’heure, elle semble muselée, divisée et dépassée par les évènements.
J’en appelle au peuple sénégalais, vous avez de jeunes responsables compétents que ça soit au Sénégal qu’à l’étranger, ils rêvent tous d’un Sénégal nouveau. Vous avez aussi les moyens économiques et financiers, la matière grise, il faut mettre fin à leur gaspillage intempestif par une famille, un clan. 2000 a été un rendez-vous raté avec le peuple sénégalais, ne faîtes pas que 2012 ou le 22 juin 2011 soit encore un autre rendez-vous manqué, celui d’une victoire des courtisans « wadiens ». Osons le vrai changement, le Sénégal mérite bien ça car nous ne pouvons continuer à tendre toujours la joue.
Amadou DIALLO
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