DIALLOBEDUCATION

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L'homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même?

L’homme est-il condamné à se faire des illusions sur lui-même ?


Beaucoup de penseurs ; parmi lesquels Socrate, ont donné un conseil à l’homme : « Connais-toi toi-même ». On peut se demander naïvement : Comment ? En effet, pourrions-nous savoir qui nous sommes et qui nous pourrions être sans la mise en œuvre d’une conscience de soi ? Le sujet rend compte de la complexité qui constitue chacun d’entre nous. Pour rendre compte de lui-même il faut supposer qu’en dessous de son apparence première, l’homme possède une conscience lui permettant de découvrir la réalité du monde extérieur et sa propre réalité, bien plus de connaître son intériorité.

Se connaître soi-même avec exactitude, de façon vraie, implique d’avoir de sa propre personne une connaissance objective, à distance. Nous désirons tous savoir qui nous sommes et ce que nous valons. Or, la réalisation du conseil socratique se heurte au problème de la subjectivité, c’est-à-dire de l’existence humaine du point de vue du sujet, l’homme pensant, sentant et agissant. Comment porter sur soi un jugement vrai ? Comment la connaissance de soi pourrait-elle ne pas être faussée par les sentiments, narcissiques ou dévalorisants, que nous éprouvons à l’égard de nous-mêmes ? Autrement dit, l’homme n’est-il pas condamné, inévitablement, à se faire des illusions sur lui-même ?

C’est ce que l’on appelle la subjectivité par opposition à la connaissance des objets inertes, voire aux autres vivants. Il faut se demander quel type de condamnation pèse ici sur l’homme l’empêchant ainsi de se connaître lui-même. Plus encore, l’homme condamné à se faire des illusions sur lui-même serait dans l’incapacité non seulement de se connaître mais aussi d’agir, d’intervenir dans le monde d’une façon ou d’une autre. Ainsi ses pensées, ses actions, ses désirs et même ses perceptions, son existence toute entière, renverraient à un moi dont il est impossible de dire qui il est, et s’il a simplement conscience de lui-même c’est à l’instar du malin génie de Descartes, une tromperie dont il n’a pas d’issue. L’enjeu, pour la connaissance et la responsabilité que chacun a de sa propre personne, est de nous condamner à la vanité et à l’illusion

 

I- L’homme est condamné à se faire des illusions sur lui-même

L’illusion est une erreur inévitable, que l’on connaît mais à laquelle l’on n’échappe pas.

a. L’hypothèse de l’inconscient :

Je ne suis pas ce que j’ai conscience d’être. Nombre de déterminations qui me composent m’échappent. J’ignore souvent les causes profondes de mes gestes les plus importants. Exemple : j’ai une manie, elle me définit. Je le sais mais ne m’en rend pas compte et j’ignore encore plus l’origine de cette manie. Pour cela on peut certainement faire référence à Freud et la notion d’inconscient.

b. La folie de l’ambition :

Croire que nous sommes ce que nous souhaitons être est la conséquence d’une forte ambition. L’illusion de soi touche donc ce que nous sommes mais aussi ce que nous désirons devenir. Les problèmes de l’action et du projet sont ici posés. Je veux être une rock star, et même je le deviens le temps d’un succès. L’orgueil nous condamne à croire que nous sommes réellement ce que nous pensons être.

c. La facticité de l’existence humaine :

Il faudrait alors dire pourquoi une telle condamnation de considérer les actes d’un homme comme factices. Cette illusion est propre à l’existence humaine. C’est ce que Sartre développe. Pour lui, l’existentialisme est un humanisme ou L’être et le néant. Pour Sartre, il n’y a pas d’essence humaine. Rien ne nous définit naturellement. Il nous faut donc trouver un rôle dans l’existence. Ce rôle n’est pas ce que nous « sommes », mais juste ce que nous endossons. Penser le contraire est une illusion.

 

II- L’auto-illusion est une maladie qui se soigne.


Cette condamnation de la facticité de la facticité de l’existence humaine est-elle sans appel ? Est-elle en même temps une fatalité ? L’homme n’a-t-il pas là la fois une conscience et une volonté pour se défaire de l’illusion du moi ?

a. L’analyse de soi.

Si la psychanalyse, notamment celle préconisée par Freud, met en avant l’idée d’un inconscient, d’un déterminisme psychique, celle-ci constitue également une méthode de dévoilement de cet inconscient. Si « se faire des illusion sur soi-même » est une expression de la névrose, cette dernière est traitable par une analyse de l’inconscient.

b. La sincérité :

Le regard de l’autre me révèle à moi-même (et pas seulement mon psychanalyste…). L’autre, à condition qu’il soit sincère (qu’il me dise la vérité sur ma personne) et lucide (que son jugement sur moi ne soit pas faussé par le sentiment, une admiration exacerbée ou au contraire une haine trop forte) apporte un regard, une distance dissipant le nuage qui me sépare de moi-même.

c. Les leçons de l’échec.

Je n’ai pas été à la hauteur de mes ambitions ? Ceci donne le sentiment d’un échec profond. J’ai échoué et je ne suis pas ce que je pensais être ou devenir ? Se connaître soi-même passe par la reconnaissance de ses faiblesses, de ses doutes, de ses angoisses, autre manière de repousser l’illusion. Tabula rasa : reprendre à zéro.

 

III- L’homme peut avoir de lui-même un regard lucide.


Ne plus se faire d’illusion sur soi-même, être lucide, certes, mais qui allons-nous trouver ?

a. Un regard lucide…

Regard lucide mais impitoyable, on peut dire. Que découvrons-nous face au miroir ? Un être détestable et narcissique ? Ceci peut se retrouver chez Pascal, dans les Pensées : « Le moi est haïssable ». L’homme est fondamentalement misérable et mortel. Nous nous livrons au divertissement pour oublier cette vérité sur soi et notre orgueil fait que nous nous connaissons lucidement aussi comme un trompeur. Dès lors, nous nous en voulons et savons clairement qu’en plus d’être misérables, nous sommes pitoyables.

b. Un regard lucide…

On peut avoir un regard lucide mais surtout aimant. Si je me hais alors je dois laisser l’autre m’aimer. L’autre nous révèle à nous même. L’amour que l’autre éprouve à mon égard et que j’éprouve pour lui sont l’exemple d’un sentiment qui ne fausse pas nécessairement le jugement. Au contraire, il approfondit une connaissance et une reconnaissance qui permettent de dissiper les illusions que j’ai sur moi-même et que l’autre à sur lui-même.

c. La conscience de soi.

Mais suis-je si dépendant d’autrui pour ne pas avoir d’illusion sur moi-même. Je ne le suis-je pas, de façon sûre, évident à moi-même ? Je ne sais pas. Mais justement, ne pas savoir, douter de moi ne présuppose-t-elle pas une qualité ? Oui : la conscience, et même la conscience de soi. Si je me dis cela, c’est que je pense. Et me définir comme un être pensant ne peut être une illusion. Et Descartes de dire dans Discours de la méthode : « Je pense donc je suis ».

 

Conclusion


Dire que l’homme est condamné à l’illusion en matière de connaissance, c’est renoncer à son pouvoir de se rendre « comme maître et possesseur » de sa propre nature pour parodier une fameuse formule de Descartes. Cependant, nous avons toujours affaire à nous-même et essayons de déjouer cette condamnation en cous méfiant de toute illusion. C’est le rôle de la raison que de faire de l’homme le maître de sa vie intérieure. Si le moi résiste à la connaissance, nous pouvons déjouer les illusions prendre du recul, et ne pas se laisser séduire par les apparences.

 

Corrigé Bac L de philosophie de Juin 2011 Deuxième sujet.



16/06/2011
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