Indépendance du Sud-Soudan: un cadeau empoisionné pour l'Afrique.
Indépendance du Sud-Soudan : un cadeau empoisonné pour l’Afrique.
Le Sud-Soudan a proclamé samedi son indépendance devant des dizaines de milliers de sudistes en liesse et un parterre de dirigeants étrangers, après un conflit de pratiquement un demi-siècle avec le Nord qui a fait des millions de morts. La communauté internationale, Etats-Unis, Chine, Russie, Union européenne et ses Etats membres en tête, a rapidement reconnu ce nouveau pays africain figurant parmi les plus pauvres au monde malgré ses vastes ressources pétrolières, et l'a assuré de son soutien.
C'est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a lu la « déclaration d'indépendance du Sud-Soudan » pendant une cérémonie à Juba, la capitale. « Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, nous fondant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l'ont confirmé les résultats du référendum sur l'auto-détermination, proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine », a-t-il dit.
Le Sud-Soudan, dont le territoire occupe presque un quart de la superficie de l'ancien Soudan, et dont la majorité des plus de 8,5 millions d'habitants est chrétienne, se sépare ainsi du Nord musulman après une longue guerre, entrecoupée par une période d'accalmie de quelques années, entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum.
Le nouveau drapeau du Sud-Soudan été ensuite hissé sous les applaudissements frénétiques, les cris de joie, mais aussi les pleurs, de la foule. Alors que l'indépendance du Sud-Soudan se déroule dans un cadre relativement régulier, chacun reste en droit de se demander si il s'agit là d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle, ce qui se cache derrière cette indépendance si attendue depuis 1956, date d'indépendance de la colonie Anglo-Egyptienne du Soudan.
Déjà, on sait que l'indépendance du Sud-Soudan a été préparée depuis Washington et les salons de l'ONU et que le territoire qui formera l'Etat provisoirement nommé sud-Soudan renferme entre 70% et 85% des réserves pétrolières de l'ancien Soudan. On le sait-aussi, les gisements de pétrole ont tous été partagés entre les plus grandes compagnies pétrolières de la planète et une fois de plus les populations locales n'auront qu'un rôle mineur dans l'exploitation des richesses de leur sous-sol. Donc une fois de plus, la « communauté internationale » ne vient pas sauvegarder la paix ou protéger les populations mais s'assurer le contrôle des ressources fossiles et minérales qui étaient en danger dit-elle sous l'empire islamiste d'Omar El-Béchir.
Cette indépendance n'est pas un cadeau désintéressé, y voir de la charité serait d'une grande naïveté, d'autant plus que le Sud-Soudan sera comme les autres Etats d'Afrique Noire à quelques exceptions près un pays très pauvre, multi-ethnique donc sans consensus ni instinct de survie national et dont le destin sera écrit dans les salons occidentaux. Quoi qu'il en soit, on peut se réjouir de voir un Etat néocolonial démembré, quand bien même il est remplacé par un autre état dit colonial. Cette indépendance pourrait bien créer un véritable appel d'air sur l'ensemble du continent provoquant un regain de détermination dans les mouvements séparatistes ethniques luttant pour l'indépendance de leur ethnie.
L’indépendance du Sud-Soudan paraît donc comme un cadeau empoisonné. Tous les pays africains sont tous de la même structure que le Soudan. Il y a le nord, il y a le sud sans compter les multitudes d’ethnies. Il est temps de respecter les frontières héritées de la colonisation. Il faut éviter l’effet domino que pourrait entraîner cette nouvelle partition entraînant une instabilité généralisée du continent.
Après les partitions politiques héritées de la colonisation il ne faut pas que succèdent celles économiques au gré des économies capitalistiques. Cette division du Soudan si elle est un cadeau pour Omar El-Béchir qui y trouve une réhabilitation de la communauté internationale et des africains qui réagissent en valet de l’occident, elle est aussi un poison pour l’Afrique qui voit encore une nouvelle fois ses ressources pillées et l’application de l’adage « diviser pour mieux régner ».
A quand la fin des sommets franco-africains où nos chers dirigeants qui, en grand boubou, gros chapeaux, grosse canne ou costume serré, venaient recevoir la consigne de vote à l’Assemblée Générale des Nations Unies pour le compte exclusif de la France. Quand allons-nous arrêter de salir les paillassons de l’Elysée dans le seul but de pérenniser un pouvoir perdu ? Quand allons-nous comprendre que les intérêts de l’occident ne sont pas les nôtres ?
A quand la fin de cette pauvre Afrique, hier, on lui imposait ses « dictateurs », aujourd'hui, on lui choisit ses « démocrates » ou sa partition. Les rappeurs, ces Prévert des nouveaux temps, viennent d'inventer un néologisme qui fait fureur d'un bout à l'autre du continent : la « démocrature ». Entendez, ce système hybride qui a le visage de la démocratie, le corps diabolique de la dictature et qui a le don de déchaîner les passions et d'ajouter à la confusion.
A ces africains qui ne veulent pas voir la réalité en face, qui continuent à ignorer que les relations internationales sont fondées sur l’appât du gain, je dis ceci il est temps de se réveiller, le sommeil a assez trop duré.
Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/
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