DIALLOBEDUCATION

DIALLOBEDUCATION

L'Euro: une histoire de charrue avant les boeufs et de spéculateurs.

L’euro : une histoire de charrue avant les bœufs et de spéculateurs.

 

La crise grecque a plongé la zone euro dans la tourmente jusqu’à ce que, dans le cadre d’un forum
organisé à Strasbourg par la fondation Terra Nova, François Hollande a publiquement redouté l’explosion de la zone euro. « La question est posée de savoir si il y aura encore une zone euro dans quelques
mois ou dans quelques années... Il y a maintenant péril...» a-t-il affirmé.

L’affaire est si tenue jusqu’à pousser un européaniste convaincu à remettre en cause le nerf de la construction européenne : l’Euro.  

L'affaire est donc sérieuse, même si la survie de la monnaie unique européenne n'est pas remise en cause dans l'immédiat. Cette crise a été déclenchée par la révélation pour la seconde fois, en décembre dernier par le nouveau gouvernement grec d'un déficit public
beaucoup plus important qu'annoncé jusque-là. Faisant redouter que la Grèce ne soit plus en mesure bientôt de rembourser sa dette.

Cette crainte s'est étendue par contagion à d'autres Etats en difficulté comme le Portugal et, dans une moindre mesure, l'Espagne et l'Irlande. Cette crise comporte une part significative d'exagération spéculative: les acteurs financiers profitent en effet des politiques monétaires accommodantes pour emprunter massivement afin de faire chuter les valeurs sur lesquelles ils ont engagé des paris potentiellement juteux. Elle n'en traduit pas moins de profondes faiblesses de la zone. Un défaut de surveillance, tout d'abord: les turpitudes grecques se sont perpétuées de longues années sans que Bruxelles y trouve à redire.

La zone Euro manque également cruellement de moyens d'intervention: l'Europe ne peut, selon les traités actuels, quasiment rien entreprendre pour aider un pays en difficulté. On s'en est rendu compte le 11 février 2011. Faute de savoir quoi faire, les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont dû se contenter d'une vague promesse d'aide future. Promesse qui a été très insuffisante pour faire cesser la spéculation sur la monnaie européenne.

Ceci montre que l’Europe économique s’est construite en mettant les charrues avant
les bœufs permettant aux spéculateurs de trouver leur terrain de jeu.

Pour un développement économique durable dans des entités comme l’Europ il est nécessaire sinon fondamental d’asseoir tout d’abord l’union politique. Celle-ci devra ensuite disposer d’organismes de décision solides et clairs pour empêcher toutes formes de
spéculation. L’Europe telle qu’elle se présente aujourd’hui n’est autre chose qu’une construction cuisinée par des spéculateurs à travers toutes les nations.

La crise actuelle dénote, enfin, une profonde erreur sur ce qu'est une bonne politique économique. La zone Euro est bâtie sur l'idée fausse que seule la dérive des finances publiques poserait problème. Or, les graves difficultés que rencontre
l'économie espagnole prouvent totalement le contraire. C'est la hausse inconsidérée de l'endettement privé qui l'a plongée dans une crise profonde malgré ses excédents budgétaires antérieurs.

Saura-t-on intervenir à temps vis-à-vis de la Grèce, puis réparer les nombreuses faiblesses que cette crise a révélées dans l'architecture de la zone Euro?

Les obstacles sont nombreux et paraissent insurmontables jusqu’à remettre en cause l’Euro au grand plaisir de ceux qui plaident pour l’Europe des Nations comme Marine Le Pen et à moindre mesure Jean Pierre Chevènement.

L'évolution des discours, notamment de la part d'Angela Merkel, la chancelière allemande, sur la question du gouvernement économique, montre que la conscience de la nécessité d'un pilotage plus politique des politiques économiques dans la zone progresse et devra être accentuée compte tenu des disparités économiques qui existent entre les diverses nations européennes. Ainsi si la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont soit des pays à forte vocation touristique et/ou agricole ce n’est pas toujours le cas dans le cas des autres.

Il n'est pas sûr cependant que cela suffise. L'acceptabilité d'une solidarité budgétaire accrue n'a rien d'évident, dans un contexte de chômage de masse et de crise généralisée des finances publiques. Les gouvernements, éprouvés par plus de dix
ans de débats, ne veulent pas non plus rouvrir la boîte de Pandore des traités bien que la crise ait montré leurs nombreuses insuffisances.

Bref, personne n'est véritablement prêt à envisager un saut qualitatif en matière d'intégration politique. Dans ces conditions, même si on trouve dans l'immédiat les moyens de surmonter la crise grecque, la question de la survie à terme de l'euro risque de continuer à se poser.

Les graves problèmes que rencontrent actuellement la zone euro du fait des difficultés de la Grèce, mais aussi de l'Espagne, de
l'Irlande et du Portugal, sont liés aux divergences persistantes entre les dynamiques économiques des différents pays et à l'insuffisance des moyens dont on dispose pour l'instant afin de les contrôler et les limiter. Pour bien comprendre les aléas des économies, il faut revenir nécessairement aux origines de la monnaie unique.

Depuis le début des années 1970 et le flottement du dollar, les Etats engagés dans la construction européenne avaient souhaité mettre en place entre eux un système de changes fixes, plus propice au développement des échanges et des investissements. Ce sera le cas avec la création du serpent monétaire européen, en 1972, puis du système monétaire européen, en 1979. L'Acte unique de 1986 libéralisant la circulation des capitaux ouvrait un boulevard à la spéculation. Il rendait donc urgent d'aller plus loin en mettant en place une monnaie unique. Mais les résistances restaient fortes, en particulier en Allemagne. Non seulement le Deutsche Mark « DM » était un symbole de la prospérité et de la stabilité retrouvées du pays, mais l'Allemagne n'avait pas d'intérêt immédiat à renoncer à
sa monnaie. La domination qu'exerçait le « DM » en Europe, permettait à l'Allemagne de mener sa politique monétaire de manière autonome. Il faudra la chute du mur de Berlin pour changer la donne: en échange du soutien de ses voisins à la réunification, l'Allemagne acceptera de construire une monnaie unique, en gage de son ancrage européen. Pour l’Allemagne la politique du
« DM » fort n’était plus dans ses objectifs. Avec la réunification allemande, les nouvelles autorités avaient découvert les inconvénients de la monnaie forte dans une économie à reconstruire.

Les accords de Maastricht lancent l’idée de la convergence. Cet accord se traduit par le traité de Maastricht, négocié en 1992 et qui sera difficilement ratifié par référendum en France en 1993. Ce traité impose des conditions strictes aux Etats qui voudront entrer dans la future union monétaire; ce sont les fameux critères de convergence: l'inflation ne doit pas excéder de plus de 1,5% celle des trois pays où elle est la plus faible; les déficits budgétaires doivent être inférieurs à 3% du produit intérieur brut (PIB); l'endettement public ne doit pas dépasser 60% du PIB; les taux d'intérêt à long terme ne doivent pas excéder de 2% celui des trois pays membres où ils sont les plus faibles; et le pays ne doit pas avoir procédé à une dévaluation dans les deux années précédant son intégration à l'union monétaire. Comme le montrent les problèmes actuels de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal…, ces critères n'étaient pas dépourvus de sens.

Pour vivre avec une monnaie commune, il faut en effet que les taux d'inflation des différents pays membres soient proches. Il est nécessaire également de s'assurer que les Etats soient capables de maintenir une discipline budgétaire, car sinon la dérive des finances publiques d'un pays pourrait affecter la valeur de la monnaie commune et donc la santé économique de toute la zone.

On le voit bien actuellement avec les problèmes que rencontre la Grèce. Mais dans le contexte de la récession de 1993, ces critères de convergence se sont révélés très handicapants: alors qu'il aurait fallu soutenir l'activité en laissant filer
les déficits publics, ils poussaient à des politiques économiques restrictives. Celles-ci empêcheront d'ailleurs la croissance économique de repartir en Europe jusqu'à la fin des années 1990.

En 1997, arrive cependant enfin l'heure de vérité. Le choix des pays qui entreront dans l'euro est rendu plus restrictif. L'Allemagne plaide pour une application stricte des critères de convergences, mais l'Espagne et l'Italie font le forcing pour intégrer d'emblée la zone avec le soutien de la France. Les pays du sud de l'Europe y ont un intérêt économique, en particulier à cause des taux d'intérêt plus bas
dans la Zone Euro. Mais c'est aussi une question politique pour ne pas être marginalisés par rapport à la construction européenne et réaffirmer leur ancrage démocratique pour ceux qui, d'entre eux viennent tout juste de sortir de la dictature.

Au final, l'Allemagne finit par céder. Elle accepte, après des débats internes houleux, d'ouvrir les portes de l'euro aux pays dits « club Med » à vocation touristique. C’est ainsi on disait, de façon méprisante, outre-Rhin. L'euro ne sera institué officiellement que le 1er janvier 1999, mais depuis 1997 tout se passe en réalité comme s'il existait déjà, puisque les taux de change entre les différentes monnaies sont définitivement figés, mais la Grèce ne sera cependant admise qu’en 2001.

La dynamique qui va conduire à la crise actuelle se met en place à ce moment-là. Si tous les pays européens
ont fait le forcing pour entrer dans l'euro, c'était notamment pour faire bénéficier leurs acteurs économiques des taux d'intérêt plus bas que ceux auxquels ils pouvaient prétendre avec leur monnaie nationale. Et cela fonctionne: avant même le lancement officiel de l'euro, les taux d'intérêt convergent à la baisse vers les niveaux allemands. Seulement, parallèlement, de légères différences d'inflation subsistent, même si la hausse des prix est, elle aussi, orientée partout vers le bas. Résultat: en mettant les compteurs à 100 en 1997, le niveau des prix était monté à 146 en Grèce en 2009 et à 139 en Espagne, tandis qu'il n'était qu'à 119 en Allemagne et 122 en France…

Or, depuis 1999, il n'existe plus qu'un seul taux d'intérêt à court terme fixé par la BCE, la Banque centrale européenne. Et il est le même pour tout le monde. Du coup, on se retrouve dans une situation paradoxale. Avant l'euro, l'Allemagne bénéficiait des taux d'intérêt réels les plus bas une fois l'inflation déduite.
C'était le contraire pour la Grèce, l'Irlande et l'Espagne parce que leur taux d'inflation restait plus élevé que celui de l'Allemagne ou de la France. Les taux d'intérêt réels ont même été négatifs dans ces pays pendant plusieurs années. Autrement dit: ceux dont les revenus suivaient l'inflation voyaient leur dette fondre toute seule au fil du temps. N’est-ce pas une bénédiction pour ces différents pays? Et la BCE ne pouvait rien contre cela. Elle est obligée de raisonner au niveau de l'ensemble de la zone et ne dispose d'aucun
instrument pour différencier sa politique à l’égard des autres pays. C'est pour cela qu'on a assisté aux dérives d’endettement qui ont conduit aux problèmes économiques actuels.
L'Etat grec s'est endetté à tour de bras puisque cela ne lui coûtait pas cher en termes d'intérêts, tout en magouillant avec Goldman Sachs pour masquer cette dette aux yeux de Bruxelles. La grande banque d'affaires américaine Goldman Sachs est l'acteur le plus en vue dans la crise grecque. Il faut dire qu'elle joue sur tous les tableaux. Elle aide tout d'abord le ministère des Finances grec à placer ses bons du Trésor -les titres de la dette publique- auprès des investisseurs internationaux. Goldman Sachs - et d'autres
comme la Deutsche Bank ou le Crédit Suisse - touche pour cela de confortables commissions. Mi-février, le gouvernement grec avait ainsi levé 12 milliards d'euros, un peu plus de 20% des 55 milliards dont il va avoir besoin cette année.

En Espagne, en Irlande et au Portugal, ce sont en revanche surtout les acteurs privés tels les ménages
et les entreprises qui ont entassé les crédits sans vergogne. Mais, au final, le résultat n'est pas très différent: ces pays sont aujourd'hui surendettés.

Grâce à cette facilité, ils ont cessé d'épargner et se sont mis à consommer plus qu'ils ne produisaient. Avec comme conséquence le creusement progressif de déficits extérieurs abyssaux: 12 points de PIB pour la Grèce en 2008, 10 pour le Portugal et 9 pour l'Espagne. Et cela d'autant plus que le différentiel d'inflation ne cessait parallèlement de dégrader leur compétitivité-coût par rapport aux producteurs du reste de la zone. A contrario, le dynamisme interne de l'économie allemande était freiné par des taux d'intérêt réels non
négligeables. Mais elle se rattrapait sur les exportations: ses excédents extérieurs, réalisés aux deux tiers au sein de l'Union européenne, n'ont pas arrêté de gonfler…

La dérive des finances publiques grecques a été masquée par les artifices du gouvernement hellénique, mais celle des finances privées portugaises, espagnoles ou irlandaises n'a posé problème à personne: le pacte de stabilité censé permettre aux institutions européennes de contrôler la situation dans la zone ne prévoit aucune surveillance de ces indicateurs, pas plus que des déficits et/ou des excédents extérieurs.

Au-delà de la dimension spéculative de la crise actuelle, il existe donc bien un réel problème de surendettement et de perte de compétitivité dans plusieurs pays. Mais quand une telle situation existe au sein d'une zone monétaire unifiée, il n'est pas aisé
d'en sortir. En effet, avant l'euro, il suffisait de dévaluer sa monnaie pour corriger le tir. Tous les habitants du pays se retrouvaient d'un coup, plus pauvres, mais aussi le pays plus compétitif vis-à-vis des voisins. C'était brutal, mais finalement relativement indolore. Et assez égalitaire aussi puisque tout le monde était touché de la même façon.

Mais au sein de la zone euro ce n'est plus possible. Et sortir de l'euro serait une option beaucoup trop coûteuse: les taux d'intérêt flamberaient brutalement, les dettes contractées en euros pèseraient encore plus lourd qu'avant, puisque la monnaie devrait être dévaluée par rapport à l'euro… Il faut donc rester dans la zone et oser s'ajuster, c'est-à-dire faire baisser les salaires, les prestations sociales, les dépenses publiques, les prix… A l'instar de ce que l'Union européenne demande aujourd'hui aux Grecs, c'est forcément un processus beaucoup plus lent et plus douloureux qu'une dévaluation. C'est aussi un processus nécessairement plus conflictuel: tous les groupes sociaux essaient de limiter leur part du fardeau alors que la dévaluation réglait la question plus
simplement.

Cela signifie enfin que ces pays, très dynamiques au cours des années récentes, vont durablement connaître une croissance très lente. Pour limiter l'impact sur l'activité de l'ensemble de la zone, il faudrait qu'en contrepartie d'autres prennent le relais. En particulier les pays qui, comme l'Allemagne mais aussi les Pays-Bas, dégagent des excédents extérieurs importants et qui devraient relancer leur
demande intérieure. On n'en prend pas le chemin: non seulement les instances européennes veulent imposer l'austérité à la Grèce, à l'Espagne, au Portugal et à l'Irlande, ce qui est compréhensible au vu de leur situation, mais elles demandent également à l'Allemagne et à la France d'adopter elles aussi des politiques restrictives pour respecter des politiques d’homogénéité entre les
pays de la Zone.

On bute là sur une des incertitudes majeures que soulève cette crise pour l'avenir. Non seulement le sauvetage à court terme de la Grèce pose encore des problèmes inextricables en l'état actuel des traités européens, mais en plus il serait nécessaire de changer en profondeur l'architecture de la zone pour surmonter les dysfonctionnements qui ont conduit à la crise. Il faudrait en effet se doter
d'un budget européen de taille significative et donner aux institutions communes la capacité de s'endetter. Il faudrait une harmonisation fiscale poussée qui évite le dumping fiscal et la dégradation tendancielle des comptes publics.
Il faudrait aussi une autorité centrale qui soit suffisamment légitime et reconnue pour obliger les Etats à adopter des politiques économiques conformes à l'intérêt commun de la zone. Or, pour l'instant, malgré la gravité du coup de
semonce grec, personne ne semble prêt à une telle refonte de l'architecture de la zone.

Aussi longtemps qu'il en sera ainsi, les crises de ce type risquent de se renouveler et la question de la survie de l'euro de se poser…La crise grecque est-elle vraiment grave ? Oui, c'est une crise sérieuse. Surtout parce que l'Europe ne dispose pas des moyens de faire face à un événement de ce type. La crise grecque est une crise de financement d'un Etat, exactement le type de crise contre lequel on pensait s'être prémuni avec le traité de Maastricht grâce à toutes sortes de précautions concernant la limitation des déficits, des dettes, etc. En revanche, aucun mécanisme n'a été mis en place pour gérer ces crises si elles surviennent.

La crise a frappé de plein fouet les économies de la zone euro. Cette mise à l'épreuve sévère a révélé les faiblesses structurelles de l'union monétaire.

Alors que les traités n'instituent aucune solidarité, les marchés commencent à douter de la capacité de certains Etats à faire face à l'explosion de leur dette publique. Les difficultés de financement rencontrées par la Grèce mettent la zone euro au pied du mur: elle va devoir inventer de nouvelles modalités d'intervention pour éviter que la défiance des investisseurs n'entame durablement la crédibilité de l'euro. L'Euro a-t-il limité les dégâts? Pas plus que les Alpes n'ont stoppé le nuage de Tchernobyl. La zone euro n'a pas échappé à l'onde de choc provoquée par la crise des « subprime » aux USA. Bien que l'épicentre de cette déflagration économique se situe outre-Atlantique, la zone euro a été durement affectée, avec un recul de son produit intérieur brut (PIB) estimé à 3,8% en
2009.

Si aujourd’hui, l'UE tend vers un éclatement probable avec la remise en cause de l’Euro, ceci est dû au fait qu’elle n’a pas suivi les institutions de la CECA dont elle est héritière. Cette institution a eu au départ six pays signataires - la République Fédérale d'Allemagne, la France, l'Italie et les trois pays du Benelux : (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) – qui mettent en œuvre une forme de
coopération internationale entièrement nouvelle.

Le 9 mai 1950, reprenant une idée de Jean Monnet, le ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, prononce la déclaration qui portera bientôt son nom : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la
France et de l’Allemagne soit éliminée : l’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne ».

Dans ce but, le Gouvernement français propose de porter immédiatement l’action sur un point limité mais décisif : un marché unique du charbon et de l'acier. Le plan Schuman, accepté d'emblée par l'Allemagne, mais aussi par l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, est soumis à une négociation aboutissant le 18 avril 1951 à la signature, à Paris, du traité sur la Communauté européenne du charbon et de l'acier.

L'ensemble des ratifications obtenues, le traité entre en vigueur le 15 juillet 1952. Un marché commun du charbon et de l'acier est instauré, qui implique la suppression des droits de douane et des restrictions quantitatives à la libre circulation des produits, l'interdiction des mesures discriminatoires et des subventions ou aides accordées par les Etats. Le marché est dominé par le
principe de libre concurrence, mais la Communauté contrôle son approvisionnement régulier et la fixation des prix au plus bas niveau.

La réalisation du marché unique est progressive : une période préparatoire est prévue pour la
mise en place des institutions, et est suivie d'une période de transition pour que les industries nationales s'adaptent aux conditions nouvelles. Le Marché commun est ouvert le 10 février 1953 pour le charbon, le minerai de fer et la ferraille, et le 1er mai 1953 pour l'acier.

Le pouvoir supranational est confié à une Haute Autorité, institution indépendante des gouvernements nationaux, présidée par Jean Monnet. Ses décisions sont exécutoires dans les différents Etats membres et peuvent faire l'objet de recours juridictionnels.

L’exécutif est collégial. La Haute Autorité se compose de 9 membres désignés pour 6 ans. Elle dispose d’un pouvoir important de décision et a pour mission d'assurer la cohésion dans les prises de décisions économiques. Les quatre institutions de
la CECA sont : la Haute Autorité, l'Assemblée, le Conseil et la Cour de Justice.

L'Assemblée commune est composée de 78 députés, délégués par les Parlements nationaux ou bien élus au suffrage universel. Les députés siègent au sein de groupes politiques européens, préfigurant ainsi la structure future du Parlement européen.
L'Assemblée a un rôle de contrôle des actes de la Haute Autorité. Elle peut renverser cette dernière mais ne dispose pas de pouvoirs législatifs ou budgétaires.

Un Conseil spécial des ministres, composé de représentants des gouvernements des 6 Etats membres, partage avec la Haute Autorité le pouvoir de décision. Cette dernière est liée par un « avis conforme » du Conseil des ministres pour toute décision importante, limitant ainsi le caractère fédéral du système. Enfin, la Cour de justice, composée de 7 juges indépendants, tranche les différends et peut
annuler une décision de la Haute Autorité.

Même si la fourniture du charbon et de l'acier se fait à des conditions identiques sur les marchés des différents pays, le financement de la CECA est indépendant des Etats. Les « ressources propres » proviennent d'un prélèvement direct sur les entreprises
charbonnières et sidérurgiques. Stimulés par la création de la CECA, les échanges s'intensifient et la production est modernisée, atténuant la pénurie de charbon, doublant la production de l'acier et stabilisant l'approvisionnement en fer et ferrailles ; ce dans de meilleures conditions de concurrence et en contrôlant les ententes.

Par ailleurs, la CECA consent aux entreprises des prêts de modernisation. A la fin des années 1950, elle n’est cependant pas épargnée par la crise charbonnière, liée à la montée en puissance des hydrocarbures. Il n'en reste pas moins que la CECA a été un tremplin pour l'élargissement du cadre communautaire à d'autres secteurs économiques avec la création, en 1957, de la Communauté économique européenne et de l'Euratom. Elle a ainsi posé les bases de coopération entre les Etats au niveau supranational.

En 1965, les institutions de la CECA ont fusionné avec celles de la Communauté économique européenne et l'Euratom en une Commission et un Conseil uniques.

Lorsque le traité de Paris est arrivé à expiration le 23 juillet 2002, les domaines du charbon et de l'acier ont été intégrés dans l'Union européenne. Le Gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier,
sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe.

La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la
fabrication des armes dont elles ont été les plus constantes victimes. La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement
impossible.

La crise de l’Euro s’accélère. L’épisode du nouveau « sauvetage » de la Grèce n’a rien réglé. Désormais, et quoique que puissent en dirent les Présidents et Premiers Ministres réunis à Deauville pour le G8, le défaut sur la dette je dirais sur
la « restructuration » est inéluctable. L’absence d’accord politique sur les nouvelles mesures d’austérité est compréhensible, et ne fera qu’accélérer le cours des événements. Nous voyons les troubles sociaux monter en Espagne. Même l’Italie commence à inquiéter les marchés ; le taux d’intérêt sur sa dette à 10 ans avait atteint le lundi 23 mai 4,86%. La Belgique est dorénavant source d’inquiétude et pourrait voir dans les semaines qui viennent sa note baisser.
La marche vers la crise terminale se poursuit avec le déclenchement d’un processus de contagion interétatique. La Grèce sera
probablement le premier des maillons de la chaîne de l’Euro à sauter. Les taux sur les bons du Trésor à 10 ans ont atteint 16,81%. De plus, les taux d’intérêt sur les bons du Trésor à deux ans sont montés à 26,1% ; un chiffre astronomique qui ne fait sens que parce que les opérateurs du marché s’attendent à ce que la Grèce fasse défaut dans un délai de moins de deux ans en dépit du plan de privatisation. Ceci entraînera très probablement une nouvelle crise au Portugal et en Irlande.

On peut dès lors se demander pourquoi la Grèce fait-elle défaut ? La situation de la Grèce est inextricable en raison de l’ampleur de sa dette, qui était de 703 milliards d’Euros (soit 296% du PIB), dont 293 milliards pour la dette publique, 120 milliards de dettes des entreprises financières, 165 milliards des entreprises non financières et 123 milliards pour les ménages au 31 décembre 2009. Depuis,
elle a atteint les 780 milliards.

La dette publique qui se montait à 122% du PIB fin 2009 atteint à la fin du premier trimestre 2011 142,5% du PIB. Le déficit budgétaire est estimé entre 9% et 10%. Si le taux d’intérêt moyen sur la dette publique était ramené à 3,5% par an, la charge des intérêts représenterait 5,15% à la fin de 2011. La Grèce va avoir un taux de croissance du PIB sur l’année 2011 de -1,5% en termes réels. Si l’on estime l’inflation à 3,5%, la croissance nominale (et non réelle) devrait être de 2%. Le budget devrait donc dégager un excédent primaire égal à la charge des intérêts (5,15%) diminuée de la croissance nominale (2%) simplement pour stabiliser le poids de
la dette en pourcentage du PIB, soit 3,15%. Compte tenu du déficit actuel, cela impliquerait, au minimum, un choc d’ajustement budgétaire de 12% à 13%.

Cependant, certaines des hypothèses de ce calcul sont d’ores et déjà trop optimistes. Le nouveau plan d’austérité va faire chuter la croissance de manière importante, et la réduction du taux d’intérêt à 3,5% n’est pas acquise. On peut donc tabler sur un choc de 15%. Par ailleurs, si l’inflation – en augmentant le PIB nominal – peut soulager la pression de la dette, elle dégrade encore plus la compétitivité de la Grèce.

Il est donc clair que la situation n’est plus tenable, ni pour la Grèce, qui ne peut s’infliger une austérité aussi drastique, ni pour l’Europe qui ne peut mettre la Grèce sous perfusion sans courir le risque de voir d’autres pays demander le même traitement.

Un défaut sur la dette est donc inévitable et ne signifie pas la fin du monde. Cependant, il entraînera la sortie de la Grèce de la zone Euro afin de pouvoir dévaluer et retrouver sa compétitivité, car un défaut sans une dévaluation n’a pas de sens. Compte tenu de la structure du commerce extérieur de la Grèce (dont seulement 35% se fait avec la zone Euro) et des sources de revenus de l’économie de ce pays (le tourisme, les exportations vers les pays arabes et les revenus de la flotte de commerce) une forte dévaluation apparaît
comme la moins mauvaise des solutions.

Bien entendu, elle provoquera une crise bancaire interne, mais les autres choses dont on menace la
Grèce (comme l’interruption de l’aide Européenne ou l’impossibilité d’aller sur les marchés financiers) sont d’ores et déjà des réalités. La Grèce ne pourra pas retourner sur les marchés pour y emprunter avant au moins 2015 et l’aide a vu les fonds structurels baisser de manière importante ces dernières années. Si la sortie de l’Euro posera certainement des problèmes importants, le choc social sera cependant bien moins important que dans l’austérité continue que la Grèce devrait s’imposer pour plusieurs années si elle voulait à tout prix rester dans l’Euro. Dans ces conditions, le plus vite une telle décision sera prise, le mieux cela vaudra pour la population et l’économie.

Dans ce contexte, l’Espagne pourrait suivre rapidement. Le taux d’intérêt sur ses bons du Trésor à 10 ans a atteint déjà 5,53%. Le pourcentage des dettes aux banques, qui ne sont pas remboursées, atteint déjà 6,2%. Avec la fin massive et programmée des allocations chômages on atteindra vraisemblablement les 9% vers la fin de l’année. Le gouvernement n’aura pas d’autres solutions que de recapitaliser massivement le système bancaire, ce qui fera exploser la dette publique. Devant les tensions sur les taux d’intérêts qui atteindront alors les sommets Grecs ou Irlandais, l’Espagne devra demander à bénéficier du Fond Européen de Stabilité Financière, dont les moyens sont déjà accaparés par la Grèce, l’Irlande (dont les taux à 10 ans sont
remontés à 10,86%) et le Portugal.

Ce dernier pays continue de se débattre dans une récession, maintenant aggravée par les mesures qui sont soi-disant conçues pour le sauver. Il devra certainement demander une nouvelle aide à la fin de 2011. Les notations de ces pays se dégradent donc en
conséquence alors que le coût d’une assurance contre un défaut à 5 ans monte. Un certain nombre d’économistes et d’hommes politiques de gauche comme de droite reconnaissent que le statu quo européen actuel n’est plus possible ni défendable. Il nous
conduit tout droit à des surenchères sans fin dans l’austérité et, par ses effets cumulés à l’échelle européenne, à une dépression d’une ampleur encore inconnue. Cependant, effrayés semble-t-il par leur propre audace, ces hommes politiques se refusent à tirer les conséquences logiques de leurs analyses.

La question se focalisant autour d’une possible sortie de l’Euro, sur laquelle j’ai rédigé en avril 2011 un document de travail, je voudrais envisager les problèmes que cette dernière soulève, ainsi que les solutions qui sont possibles, mis aussi mettre ces problèmes en regard de ceux qui nous attendent si nous restons dans l’Euro. Ceci me conduira alors à aborder le problème de la coopération (et de
la non-coopération) sur lequel bien des bêtises sont dites avec le plus grand naturel.

Enfin, il faut se poser la question de savoir quelle est la « meilleure » des solutions théoriquement possibles, mais aussi si une telle solution est pratiquement possible. La politique est, comme la guerre, un art tout en opportunité.

Ces problèmes se concentrent sur les trois points suivants :

- le poids de la dette
détenue par des non-résidents (environ 65%) ;

- l’évolution du
pouvoir d’achat des ménages ;

- le risque de
spéculation pour une monnaie nouvellement recréée.

En fait, il existe des esquisses de solutions à ces différents problèmes qui sont fournis dans le document : « S’il faut sortir de l’Euro… ». On peut constater, pour le déplorer, que des personnes comme Francis Wurtz n’ont retenu que mes mises en
garde et non les solutions. L’honnêteté minimale aurait consisté à présenter les deux au lecteur et de mettre mon texte en lien. Mais c’est probablement trop demander à quelqu’un dont le passé de stalinien est bien connu.

Prenons tout d’abord le cas de la dette. La dette détenue par les non-résidents se monte à 832 milliards d’Euros. Entre les rachats auxquels le Trésor procèderait avant la sortie de l’Euro, et ceux auxquels les banques françaises seront obligées de procéder pour tenir la contrainte mensuelle du « plancher d’effets publics », il est possible de faire tomber à 400 milliards d’euros la dette détenue par
les non-résidents en l’espace de 3 mois. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt sur les titres déjà émis à laquelle la France serait confrontée dès la mise en œuvre des mesures préparatoires à une sortie de l’Euro prend techniquement la forme d’une baisse de la valeur de revente du titre.

Dans la mesure où nous n’aurions plus à nous financer par des opérations de marchés (sur les marchés internationaux) et que le marché français serait isolé des autres marchés, la hausse des taux signifiant une baisse de la valeur de revente. Ceci permettrait de racheter plus de titres. Au total, au jour de la sortie de l’Euro ne resteraient entre les mains des non-résidents que probablement 300 milliards de
titres déjà émis. Si nous acceptons l’idée d’une dévaluation de la monnaie nationale retrouvée (le Franc ?) de 25%, ceci impliquerait un alourdissement de la dette de 75 milliards de Francs (300 milliards d’Euros étant alors équivalent à 375 milliards de Francs). On est donc très loin des prévisions catastrophiques voire apocalyptiques qui sont faites par certains.

Pour la dette des entreprises, ceci ne devrait poser un problème que pour les entreprises de taille moyenne. Les petites entreprises sont endettées sur le marché interne du crédit, et les grandes entreprises font une partie de leurs revenus hors de France. Il faudrait trouver des solutions adaptées qui pourraient aller du rachat de la dette à des titres de substitution émis par une caisse publique.

Vient ensuite la question du pouvoir d’achat. Il est dégradé par deux effets distincts, d’une part le renchérissement des biens importés et d’autre part un phénomène probable d’inflation interne qui serait engendrée par la rupture du carcan imposant à notre économie une inflation qui, en réalité, est inférieure à son taux structurel.

Sur le premier type d’effet, on peut fortement l’atténuer par une modification de la fiscalité sur les carburants. Il conviendrait aussi d’instaurer un contrôle des marges de la grande distribution et l’établissement de circuits commerciaux « courts » favorisant les producteurs français. Il importe de surveiller étroitement le système commercial « centralisé » français. Une prise de contrôle de centrales d’achat ou à tout le moins un contrôle strict sur leur activité pourrait être nécessaire. Ces mesures seraient aussi efficaces, en partie, contre le second type d’effet, qui concerne l’inflation non plus importée mais cette fois-ci engendrée. Pour cette dernière il est clair que des mesures de type « échelle mobile » pourraient dans un premier temps être réintroduite pour certains
salaires (les plus faibles).

Globalement, il est certain qu’il y aura un choc de pouvoir d’achat, mais ce choc sera court (car l’économie repartira rapidement et avec elle les rémunérations) et il pourrait être en grande partie combattue par des mesures fiscales et réglementaires visant à obtenir une meilleure répartition de la richesse nationale.

La convocation d’une « Conférence Nationale sur les Rémunérations » entre le gouvernement, les syndicats et le patronat s’imposerait. Cette conférence aurait pour but d’orienter cette répartition et de lui donner un cadre légal.

Enfin, quant à la question de la spéculation, elle est largement traitée dans mon document de travail déjà cité. Disons rapidement que l’introduction d’un contrôle strict sur les mouvements de capitaux à court et moyen terme la suppression du marché de certains produits dérivés et diverses autres mesures visant à dé-financiariser l’économie aboutiraient à une impossibilité technique de la spéculation.
D’ailleurs, on le constate tous les jours, il n’y a aucune spéculation sur le Yuan chinois qui est convertible mais dans un cadre très structuré et réglementé. Il est donc clair qu’une sortie de l’Euro poserait des problèmes à l’économie française, mais il faut aussi avoir l’honnêteté de dire que des solutions existent et, surtout, il faut comparer l’ampleur de ces problèmes à ceux qui nous attendent si nous restons dans la zone Euro. En fait, s’il existe une réelle volonté pour sortir de l’Euro, on peut tabler sur l’existence de cette même volonté pour faire face aux problèmes que poserait cette sortie.

II. Le coût du maintien dans la zone Euro.

Ces coûts se concentrent sur trois processus auxquels nous sommes déjà soumis et qui n’iront qu’en se renforçant dans les prochaines années. D‘ailleurs, une partie de mes contradicteurs reconnaissent que la situation actuelle, issue de la logique du Traité de Maastricht, est incompatible avec ce qu’ils appellent une « ambition sociale ».

(a) Un surcroît d’austérité

Cette austérité est inévitable en raison des chocs budgétaires qu’il faudrait s’auto-imposer pour sauver l’Euro. Si nous voulons simplement stabiliser le poids de notre dette en pourcentage du Produit Intérieur Brut, il nous faudra appliquer un choc
budgétaire compris entre 6% et 7,5% du PIB. Un choc identique attend l’Italie, tandis que le Portugal et L’Espagne devront s’infliger un choc de 10% et la Grèce de près de 17%. Notons que le choc d’une dévaluation sur la consommation est estimé (si rien n’est fait dans le domaine fiscal pour l’amoindrir) à 2% du PIB dans le cas d’une dévaluation de 25%. En fait, le choc apparaît nettement plus important si nous devons rester dans la zone Euro et son impact sur le pouvoir d’achat des ménages sera considérable.

(b) Une faible croissance

Les diverses études qui ont été faites montrent que la surévaluation (ou appréciation) de l’Euro coûte 1% de croissance par tranche de 10% de surévaluation par rapport au taux de change qui, pour notre pays, correspondrait à l’équilibre. Certes, actuellement (20 mai) l’Euro baisse…Mais, avec plus de 1,43 dollars contre 1 Euro, nous sommes encore très loin dans l’appréciation. En fait, on peut estimer que l’Euro est surévalué d’au moins 25%. Quelles auraient été les conséquences d’une dévaluation ? Pour 2011 cela signifierait que nous aurions un taux de croissance de 4% à 4,5% au lieu des 1,7%-2% que l’on attend. On conçoit immédiatement les implications sur le taux de chômage, mais aussi sur les salaires.

(d) La poursuite de la désindustrialisation

Si la croissance en volume est un élément important, le contenu de cette dernière l’est aussi. En fait, compte tenu des gains de productivité que l’on connaît en France, il faudrait que l’on ait une croissance sensiblement supérieure à 3% pour que le
phénomène de la désindustrialisation s’arrête.

Les causes de cette dernière sont connues : la différence des coûts salariaux entre la France et les pays émergents où la productivité progresse très fortement depuis une quinzaine d’années. Or, non seulement l’Euro s’est apprécié par rapport au Dollar, mais il s’est apprécié bien plus par rapport aux monnaies de certains des pays émergents. Ajoutons à cela l’ouverture pratiquement totale à la
concurrence internationale. En fait, la question de la protection relative du marché intérieur et de la pénétration sur les autres marchés combine la question des droits de douane et celle du taux de change.

Si l’on s’en tient uniquement à ce dernier, on voit que ce n’est pas seulement le volume de croissance qu’il pénalise mais aussi le contenu de cette dernière. Avec un Euro fort, et une absence de droits de douane, nous sommes condamnés à perdre notre
tissu industriel. Or, l’industrie est une activité qui engendre une structure des salaires qui est assez différente de celle des services à la personne et du commerce. Autrement dit nous sommes condamnés avec le taux de change tel que nous le connaissons à voir l’emploi se polariser entre un petit nombre de positions très bien payées (dans la finance et dans les services associés comme la communication) et le plus grand nombre réduits à gagner le SMIC où peu s’en faut.

En fait, ce processus a été entamé lors de la politique dite « de Franc Fort » menée en son temps par Pierre Bérégovoy.

Les coûts de notre inscription dans la zone Euro apparaissent ainsi bien supérieurs aux coûts de notre sortie éventuelle. Ce n’est pas un hasard si la zone Euro a connu le taux de croissance le plus faible de tous les pays développés. Un peu d’honnêteté aboutirait à le reconnaître. Mais, on peut alors soulever un autre problème : l’Euro n’est-il pas la seule formule de coopération entre pays européens ?

« III » Coopération entre nations européennes

I. Coopération et non coopération parmi les nations.

On entend ou on lit souvent des formules affligeantes telles que « l’Euro c’est paix sur le continent européen » ou encore «  l’Euro, c’est l’Europe ». Ce sont des injures à l’intelligence qui montrent un mépris de l’histoire et de ses réalités.

La paix sur le continent européen n’est que partielle. On l’a vu dans les Balkans. Mais, si la paix est par contre bien établie en Europe occidentale, on le doit à la combinaison de deux faits, la dissuasion nucléaire et la réconciliation franco-allemande, elle-même fruit du travail que les Allemands ont réalisé sur leur propre histoire. Rien de tout cela n’est lié, de près ou de loin, à l’Euro.

Par ailleurs, n'oublions pas que sur les 27 pays de l’Union européenne seuls 13 d’entre eux font partie de la zone Euro.

Une fois litière faite de ces contrevérités, on peut tenter une analyse dépassionnée de la question de la coopération et du conflit.

L’union monétaire est présentée comme une avancée dans la voie de la coopération entre États européens, ce qu’elle est indiscutablement. Mais, est-elle viable dans sa forme actuelle ? Les pays de la zone Euro sont très loin de constituer une « zone
monétaire optimale ». Les divergences structurelles entre les économies qui la composent, qui étaient déjà importantes au départ, se sont en fait accrues depuis 2002-2003. Il faudrait un effort budgétaire considérable de la part des plus riches pour harmoniser cette zone.

On tend alors à nous présenter la coopération comme un bien en soi face à la possibilité d’un conflit. Mais, c’est oublier que dans la réalité, coopération et conflit sont étroitement liés. En fait, le conflit fait partie intégrante de la coopération, tout comme on constate que des formes résiduelles de coopération subsistent au sein des formes les plus violentes des conflits. Si la théorie des jeux a
popularisé les notions de « jeu à somme nulle » ou de « gagnant-gagnant » il faut se souvenir qu’elle décrit un univers unidimensionnel, où les agents ont des préférences stables. La réalité est encore une fois bien différente. La coopération ne s’établit pas seulement quand des acteurs, ou des pays, constatent qu’ils ont un intérêt à coopérer. Elle s’établit aussi quand ces mêmes acteurs ou pays ont les moyens de « punir » un pays qui détournerait le processus de coopération à son seul profit. Autrement dit, la menace permanente
d’un recours au conflit est le véritable ciment de la coopération. Car, si une situation de conflit est assurément inférieure à une situation de coopération, cette même situation de conflit est bien souvent supérieure à une forme de coopération capturée par un ou quelques acteurs. Or, c’est très précisément la situation actuelle dans la zone Euro.

L’Allemagne a détourné le mécanisme à son profit, ce que montrent les statistiques du commerce extérieur allemand. Pour l’année 2009 l’excédent de la balance commerciale était de 140 milliards d’Euros pour l’Allemagne dont 82,6 milliards au détriment de ses partenaires de la zone Euro et 115,8 milliards au détriment de l’Union Européenne (soit 33,2 milliards au détriment des pays de l’union ne faisant pas partie de la Zone Euro). À titre d’exemple, le solde commercial allemand montre un excédent de 27,3 milliards d’Euros avec la France mais de seulement 18,1 milliards d’Euro par rapport aux Etats-Unis, et ce en dépit de la taille respective des économies et des populations.

Nous sommes donc confrontés au véritable problème qui gît sous la notion de « coopération ». Les relations franco-allemandes seront-elles à terme renforcées ou affaiblies par la zone Euro ?

Je n’ai pas utilisé le terme de « couple franco-allemand » à dessein. Ce terme, si fréquent sous la plume et dans la bouche de

responsables français est quasi-inexistant outre-Rhin. Si les relations franco-allemandes ont nourri bien des fantasmes,
ce furent – et ce sont – essentiellement des fantasmes français.

Si nous restons dans la zone Euro, la population française ressentira chaque mois un peu plus la dureté de la contrainte imposée par l’Allemagne. Le sentiment anti-allemand grandira jusqu’à rendre difficilement gérable les relations entre les deux pays. Si nous
acceptons maintenant de nous décentrer et de prendre le point de vue allemand, nous devons considérer qu’il est celui d’une population entrée dans un déclin non plus relatif mais absolu. Il est impératif pour les Allemands, s’ils veulent maintenir leur niveau de vie dans le futur, qu’aucune charge nouvelle ne vienne s’ajouter aux budgets publics. La dynamique démographique de la France rend possible le maintien d’une structure de répartition intergénérationnelle quand la structure démographique de l’Allemagne lui impose d’adopter une structure patrimoniale.

Or, le maintien dans la zone Euro exigerait, pour colmater les brèches déjà ouverte, mais aussi pour éviter que de nouvelles ne s’ouvrent, que l’Allemagne dégage entre 3,5% et 4% de son PIB tous les ans pour subventionner les pays du sud et, dans une
certaine mesure, la France. Encore une fois, un minimum d’honnêteté impose de constater que l’Allemagne ne pourra pas consentir un tel effort, et l’on aurait tort de lui en vouloir. Mais, c’est aussi pourquoi elle a imposé à ses partenaires le trop fameux « pacte de compétitivité » qui n’a de pacte que le nom et qui n’est autre qu’un engagement des autres pays à mettre en œuvre une austérité drastique.

Le maintien dans l’Euro est une politique qui porte en elle les ingrédients pour un renouveau du conflit franco-allemand. Au contraire, une sortie de l’Euro, qu’il s’agisse de la France ou de l’Allemagne, permettrait de dédramatiser ces relations.

Ceci ne signifie pas qu’il faille jeter à la rivière l’idée d’une coordination dans le domaine monétaire. Cette coordination peut cependant prendre bien d’autres formes que celle de la monnaie unique dont les contraintes l’emportent sur les avantages.
Cependant, une importante leçon des trente dernières années doit être tirée. La coordination ne pourra fonctionner que si nous construisons sérieusement des stratégies nous permettant, le cas échéant, de « punir » nos partenaires ou à tout le moins de les convaincre de notre résolution à ne pas accepter des politiques par trop contraires à nos intérêts. Il ne suffit pas de dire à la
cantonade « je veux coopérer » pour obtenir satisfaction. Cette stratégie-là ne fonctionne que dans le monde des bisounours.

Inversement, le refus temporaire de la coopération, le choix délibéré du conflit, peut permettre de reconstruire une attitude crédible sur la base de laquelle une négociation ultérieure peut aboutir. La France en a donné l’exemple en 1965 avec la « politique de la chaise vide » qui devait aboutir au fameux « compromis de Luxembourg ».

Dès lors, le principe de la coordination monétaire pourrait être plus fructueusement appliqué une fois que la crédibilité de la France aurait été restaurée par des mesures qui, si elles entament un conflit, laissent aussi la porte ouverte aux négociations
et à la reprise du processus de coordination, mais sur d’autres bases.

Ainsi, la coopération est certainement quelque chose à rechercher mais ce n’est pas en la fétichisant, en prétendant exclure du cadre de la vie politique la réalité du conflit, que l’on peut y parvenir. Ceux qui disent très fort aujourd’hui qu’il faut sauvegarder la coopération a tout pris et que pour cela il faut résister à toute tentation de sortir de la zone Euro prennent la responsabilité devant l’histoire et devant les peuples, de rendre la poursuite d’une politique de coopération impossible et de réactiver l’antagonisme franco-allemand.

L’Europe a finalement peu à craindre de l’échec de la zone Euro. Ce montage institutionnel fait de bric et de broc et construit dans l’urgence par des politiques aux abois et des technocrates sans légitimité, peut fort bien disparaître. Mais l’Europe à tout à craindre du réveil d’un antagonisme franco-allemand qu’alimenterait le juste ressentiment qui naît de l’oppression des intérêts des uns et des autres.

II. La sortie de l’Euro est-elle la seule solution ?

Arrivé à ce point on pourrait penser que la messe est dite et qu’il nous faut absolument sortir de l’Euro. En fait, théoriquement, il reste une solution qui aboutirait à un résultat encore plus intéressant que la sortie. Si nous pouvions convaincre nos partenaires que la BCE doit financer le rachat par les États d’une partie de la dette (de 60% pour la Grèce, l’Italie et la Belgique, à 50% pour le Portugal et l’Irlande, 40% pour l’Espagne et 30% pour la France et l’Allemagne), la création monétaire nécessaire (entre 1100 et 1300 milliards
d’Euros) ferait substantiellement baisser le taux de change de l’Euro face au Dollar et aux monnaies qui sont de fait indexées sur le Dollar. D’une même mesure, nous réglerions le problème de la dette accumulée et une large partie de la dette immédiatement à venir en redonnant un dynamisme à la zone Euro.
Ceci offrirait un répit de trois à quatre ans qui pourrait être mis à profit pour faire basculer le système du principe d’une monnaie unique à celui d’une monnaie commune. Rien n’interdit techniquement de s’engager dans une telle voie.

Mais, politiquement, il faut bien voir que l’occasion a été perdue. Une telle stratégie aurait dû être mise en discussion dès les premiers signes de la crise grecque, soit en septembre 2009. Elle aurait dû être mise en œuvre lors de la crise irlandaise ou portugaise. Il n’en a rien été et, désormais, au vue de l’accélération et de la généralisation de la crise, il est trop tard. L’histoire jugera sévèrement
le personnel politique européen qui a vécu (et qui vit encore) dans le déni de la crise. Un tel aveuglement vaut révocation…

Une autre solution envisageable serait de procéder à des mesures unilatérales dans le cadre de la zone Euro, par exemple en réquisitionnant la Banque de France pour qu’elle procède à des avances au Trésor public et en réintroduisant à la seule échelle
de la France des contrôles sur les mouvements de capitaux. Mais, d’une part, ces mesures risquent d’être insuffisantes pour faire baisser suffisamment le taux de change de l’Euro. D’autre part, si elles sont appliquées avec l’ampleur et la brutalité nécessaires, elles s’avèreront l’antichambre d’une sortie de l’Euro. En effet, aujourd’hui, il y a trop de divergences économiques entre la France et l’Italie et l’Espagne pour que l’on puisse espérer aboutir rapidement à une position commune entre ces trois pays. L’idée d’un « Euro du Sud » qui isolerait l’Allemagne et pourrait pousser ce pays à sortir de la zone Euro, si elle est intellectuellement séduisante, risque de se révéler inapplicable.
Encore une fois, nous sommes dans une phase d’accélération de la crise. Cette solution aurait dû être pensée et préparée dès le début de 2010. Le choix sera donc entre un maintien dans une zone Euro en crise, à un coût considérable en
matière d’austérité et de pouvoir d’achat, et sans pouvoir espérer autre chose qu’une rémission, et une sortie de la zone Euro.

Cette solution produira certes un traumatisme, mais ce dernier sera plus politique qu’économique. Elle est la seule qui nous offre une perspective de croissance. Elle n’était pas mon premier choix quand j’ai commencé à tirer le signal d’alarme, que ce soit quant
à la dynamique de l’Euro en 2006 ou par rapport à la divergence accélérée que connaissaient les économies de la zone (que j’avais qualifié de manière prémonitoire « d’euro divergence ») dès le début de 2009.

Une question reste cependant posée : quand surviendra cette crise de la zone Euro ? Les évolutions de la situation en Grèce, mais aussi en Espagne et au Portugal pourraient impliquer que cette crise survienne dès le début de cet automne. Au plus tard, elle aura lieu vers la fin du printemps 2012. Les conséquences politiques pourraient en être bien différentes suivant le moment où cette crise se produira. C’est aussi sans doute la raison pour laquelle le personnel politique français se refuse à accepter l’inévitable et à faire face à la réalité. Mais Lénine disait déjà, il y a de cela presque cent ans, que « les faits sont têtus ». Le principe de réalité finit toujours par s’imposer aux idéologues.

Quid de la Zone Franc?

La crise de l'euro semble occulter la situation qui se pose dans les pays de la Zone Franc mais suscite cependant de nombreux remous dans les pays africains de cette zone sans toutefois provoquer de crise majeure parmi les pays-membres. Ces pays se sont
ceux qui ont en commun le franc CFA, lié à la monnaie unique européenne par une parité fixe.

« Quand l'euro baisse, c'est bon pour la Zone franc, surtout pour les exportations, estime Jean-Michel Severino, le directeur général sortant de l'Agence française de développement (AFD). Les pays-membres ont intérêt à rester rattachés à la zone euro tant que
cette monnaie est  faible, souligne-t-il, car ils ont des échanges extrêmement importants en dollars et en euros ». Et de préciser à
l’agence MFI que le groupe CFA a une particularité que n'a pas la zone euro : la part des échanges dans le PIB est beaucoup plus importante, d'autant plus que d'une manière générale les pays africains ont tendance à importer en euros et à exporter en dollars.

Des « gens souhaitent que le CFA flotte librement ».

Jean-Michel Severino n'est toutefois pas contre un assouplissement des taux de change « pour donner des possibilités d'adaptation et de fluctuation beaucoup plus rapprochées que les dévaluations ou réévaluations qui doivent régulièrement se faire ». Et d’ajouter : « actuellement, le CFA fluctue contre toutes les monnaies du monde sauf l'euro... Il y aurait un sens, au moins pour une période intermédiaire assez longue, à avoir une monnaie dont la parité est fixée contre un panier de monnaies, ce qui permettrait d'amortir les chocs ». Il admet que des « gens souhaitent que le CFA flotte librement »… mais que le sujet n'est pas véritablement à l'ordre du jour.

Les ministres des Finances des pays de la Zone franc, qui se réunissent deux fois par an, alternativement en France et en Afrique, n’ont pas pu tenir leur dernière réunion, prévue au Tchad… annulée en raison des cendres émises dans l'atmosphère par le volcan islandais qui a bloqué le trafic aérien. Pour mémoire,  la Zone franc regroupe 14 pays d'Afrique sub-saharienne, les Comores et la France. Les francs CFA et comorien ont été ancrés au franc français avant de l'être auprès de l'euro. Les banques centrales des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale ainsi que des Comores, membres de la Zone, disposent de comptes d'opérations garantis par le Trésor français.

Des réserves estimées à 5 000 milliards de francs CFA.

Des dirigeants et analystes africains ont périodiquement critiqué la dévaluation du CFA dans les années 1990 - qui a toutefois permis de juguler l'inflation -, et ont mis en cause le fonctionnement même de la Zone franc. La coopération monétaire entre la France et les pays africains de la Zone franc est régie par quatre principes fondamentaux : garantie de convertibilité illimitée du Trésor français ; fixité
des parités ; libre « transférabilité » et centralisation des réserves de change. En contrepartie de cette garantie, les trois banques centrales sont tenues de déposer une partie de leurs réserves de change auprès du Trésor français sur leurs comptes d'opérations.

Ainsi, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a récemment posé le problème de la garantie par la France du CFA, en particulier la gestion par le Trésor français des avoirs en devises étrangères des pays de la Zone franc. Il s'est dit préoccupé par le fait que des réserves estimées à 5 000 milliards de francs CFA se trouvent dans les places boursières internationales alors que les pays-membres peinent à trouver des financements. « C’est aux États concernés de prendre leurs responsabilités »

Réagissant à ces critiques, la ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, a répliqué que la France permet au franc CFA d'avoir une convertibilité, et surtout une stabilité. Dans une interview à l'hebdomadaire Jeune Afrique, elle a ainsi estimé qu’il appartient aux pays de la Zone franc de prendre leurs responsabilités pour renoncer à la garantie de leur monnaie par le Trésor français : « Ce n’est pas à la France de déterminer si le système actuel est approprié ou non. S’il faut en sortir ou pas. Cette époque est
révolue. C’est aux États concernés de prendre leurs responsabilités. » Et pour Jean Michel Severino : « On est encore à des kilomètres avant de parler d'un décrochage, malgré les déclarations et les critiques. (…) D'autant plus qu'il est très
difficile de se mettre d'accord à 14 ». Certains analystes sont aussi favorables à des taux de change différents entre la zone d'Afrique
centrale, riche en pétrole, qui se porte relativement bien, et celle d'Afrique de l'Ouest, plus fragile. Des pays de l’Afrique de l’Ouest, censés être des moteurs de la Zone franc, par leur dynamisme économique, ont connu des difficultés politiques et la mauvaise gouvernance financière, qui font que l’environnement monétaire s’est considérablement dégradé. Le passage à une monnaie africaine ne peut donc se faire sans l’assainissement des économies de la zone monétaire, soulignent des experts partisans d’une monnaie africaine qui reposerait sur les matières premières dont regorge le continent.

Cinq pays de l’Afrique de l’Ouest non membres de la Zone franc, le Nigeria, le Ghana, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée, ont annoncé leur intention de créer une monnaie commune, l'Eco. Mais sa mise en circulation prévue à l'origine en 2009 a été
reportée à 2015.

L’Eco entre dans le cadre du projet de création d’une monnaie unique commune aux 15 pays-membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce projet est toutefois jugé irréalisable par certains experts internationaux qui ne voient pas comment les pays de la Zone franc, même membres de la CEDEAO, pourraient avoir deux monnaies.

Cependant, à trop vouloir nier la réalité, elle se venge.

 

Amadou DIALLO http://www.diallobeducation.blog4ever.com/



01/07/2011
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