DIALLOBEDUCATION

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Politique


Epris de paix et justice nous sommes tous tunisiens.

Epris de paix et de justice nous sommes tous tunisiens.

Depuis plus de 23 ans, le président Zine Al Abidine Ben Ali occupe la Tunisie d’une main de fer. Il avait mis son peuple sous silence et tout le monde était arrivé à la constatation suivante : quel peuple docile et respectueux du raïs !

Malheureusement malgré les insinuations du régime d’une ingérence intégriste ou étrangère, le peuple s’est dressé spontanément et a fini par mettre ce régime par terre y compris la famille omniprésente de sa seconde épouse dans tous les rouages de l’économie du pays. Ces beaux-parents les Trabelssi avaient fait de la Tunisie leur patrimoine propre ; les banques, les transports, le tourisme etc… tout était dans leur main.

Ce clan des Trabelssi sous la férule de Mme Leïla Ben Ali avait transformé l’économie de la Tunisie en économie de Mafia, comme c’est d’ailleurs le cas dans la majorité des pays africains.

Comme Ben Ali l’avait fait en destituant Habib Bourguiba, le premier ministre Mohammed Ghannouchi a annoncé dans la soirée à la télévision qu'il assurait l'intérim de la présidence car Ben Ali « n'est temporairement pas en mesure d'exercer ses responsabilités ». Mohammed Ghannouchi a lancé à cette occasion un appel à l'unité des Tunisiens, toutes sensibilités confondues, et a promis qu'il respecterait la Constitution.

 Le chef du gouvernement a précisé qu'il remplaçait Ben Ali en vertu de l'article 56 de la Constitution, qui prévoit que le président « peut déléguer par décret ses attributions au premier ministre » en cas d'« empêchement provisoire ». Un constitutionnaliste interviewé sur Al-Jazira, Sadok Belaïd, a contesté cette interprétation, estimant que la situation est celle d'une « vacance du pouvoir pour cause de décès, démission ou empêchement absolu ». Dans ce cas de l’article 57, « le président de la chambre des députés est immédiatement investi des fonctions de président de la République par intérim » et doit organiser des législatives dans un délai maximum de 60 jours.

Doit-on en conclure que le premier ministre, chef du gouvernement a pratiqué un coup d’état sous le couvert de la loi constitutionnelle ? Rien n’est moins sûr mais la rapidité des évènements montre que si un peuple est décidé personne ne l’arrête. Le régime Ben Ali est tombé de son piédestal moins d’un mois de manifestation spontanée. Le choix de Mohammed Ghannouchi, c'est un moindre mal. Constitutionnellement, cela aurait dû être le président du Parlement, Fouad M'Baza, mais il a dû y avoir une discussion au plus haut niveau de l'Etat. M'Baza a dû refuser ou être contesté. Le choix de Ghannouchi est très certainement un choix négocié par toutes les parties concernées, politique et militaire.

Loin d’être une histoire d’intégrisme religieux, la chute du régime tunisien est due à la lente disparition du «miracle tunisien» ; la crise mondiale a accéléré l'effondrement du modèle économique tunisien. Le chômage des jeunes n'arrête pas d'augmenter alors que le nombre de diplômés explose. Avec cela, se sont grevés les aléas d’un pays policé, corrompu avec une famille présidentielle sans scrupules dans la destruction des richesses du pays.

La rue a été plus forte. Un mois de troubles ont fini par faire vaciller vingt-trois ans d'un règne sans partage. Cela montre en tout cas que les révolutions de velours peuvent se faire dans un pays arabe bien refermé sur lui-même comme la Tunisie, mais elles peuvent aussi se passer n’importe où dans le monde dès lors que chaque citoyen est volontaire et prêt à relever le défi de la paix, de la justice et de la démocratie. En ce jour mémorable nous sommes tous des tunisiens pour que les idéaux de liberté et de justice triomphent dans le monde et particulièrement en Afrique.

Pour la première fois, des gens se sont levés pour dire « non, va-t’en », et cela a été une réussite. Quel que soit le nouveau gouvernement, ou président, qui apparaîtra, il devra composer avec la rue. C'est la plus grande fierté de tous les patriotes et des citoyens dignes de ce nom. Les peuples africains ne sombrent pas dans l'obéissance, nous devons aussi savoir désobéir le moment venu. Ce qui se passe dans cette Tunisie pourrait même avoir un effet domino dans la région et partout en Afrique.

Que ça soit en Algérie, au Maroc en passant par la Mauritanie jusqu’au sud de l’Afrique, les tunisiens nous ont montré le chemin du salut à suivre. Il est temps de prendre la balle au bond et de montrer à tous ses despotes, à la communauté dite « internationale » et dirigeants de seconde zone que notre avenir est entre nos mains et notre volonté inébranlable de sortir des fonds ne souffre d’aucune faiblesse.

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/


15/01/2011
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En Côte d'Ivoire circulez, il n'y a rien à voir.

En Côte d’ivoire circulez, il n’y a rien à voir


Pauvre Afrique, hier, on lui imposait ses dictateurs, aujourd'hui, on lui choisit ses "démocrates". Les rappeurs, ces Prévert des nouveaux temps, viennent d'inventer un néologisme qui fait fureur d'un bout à l'autre du continent : la démocrature. Entendez, ce système hybride (le visage de la démocratie, le corps diabolique de la dictature) qui a le don de déchaîner les passions et d'ajouter à la confusion.

Qui a gagné les élections en Côte d'Ivoire, qui les a perdues en Guinée ? Cette question qui a l'air d'embraser l'univers n'a aucun sens dans les faubourgs de Conakry et d'Abidjan où, bon an, mal an, la vie politique n'aura jamais qu'un seul régime, la disette, et une seule loi : "tout ce qui n'est pas obligatoire est interdit", pour reprendre le fameux mot de Léon Campo. Là-bas, on préfère d'expérience les mauvaises élections aux guerres civiles bien réussies. Mieux vaut encore Bokassa et Mobutu que les drames du Liberia ou de la Sierra Leone ! La bête humaine s'habitue à l'enfer du despotisme, certainement pas aux massacres à la rwandaise !

Or, les démons de la violence et de la haine hantent à nouveau la Côte d'Ivoire. Comme en 2000, le pays va se couper en deux, il va brûler comme une paille, plus rien ne peut l'empêcher. La faute à qui ? Au monde entier et d'abord et avant tout à cette fameuse communauté internationale qui n'est jamais mieux dans son rôle que quand elle rallume les incendies qu'elle est censée éteindre.

Formellement, ce "machin" derrière lequel se cachent les grosses griffes des Etats-Unis et de l'Union européenne ne pèse pas plus que le poids d'un arbitre. Son rôle se limite à prévenir les conflits et à proposer une solution négociée lorsque ceux-ci s'avèrent inévitables. Aucune circonstance exceptionnelle ne lui permet de déborder de ce cadre-là. C'est du moins ce que croyaient les néophytes, les sorciers de la diplomatie, eux ne manquant jamais d'arguments pour justifier l'injustifiable.

Disons-le clairement : l'ONU n'a pas à décider qui est élu et qui ne l'est pas à la tête d'un pays (le cas ivoirien compte peu en l'occurrence). Le faisant, elle outrepasse ses droits, ce qui lui arrive de plus en plus. Au point que derrière le langage feutré de ses diplomates, on distingue des bruits de bottes coloniales. A la manière dont Barack Obama, Nicolas Sarkozy ou Ban Ki-moon, traite ce pauvre Laurent Gbagbo, on croit revoir Gosier-d ‘Oiseau (célèbre personnage du Vieux nègre et la médaille, roman du Camerounais Ferdinand Oyono) transpirer sous son casque en engueulant ses nègres dans une plantation d'Oubangui-Chari.

Nous ne soutenons pas Laurent Gbagbo, nous nous contentons de rappeler un principe. D'ailleurs, le pestiféré d'Abidjan n'a pas besoin de notre soutien : l'arrogance des chancelleries et l'hystérie des médias travaillent pour lui. La diabolisation dont il est l'objet a fini par le rendre sympathique aux yeux de ses pires détracteurs. "A force de jeter une grenouille de plus en plus loin, on finit par la jeter dans une mare", dit un proverbe peul...

Nous ne contestons pas non plus l'élection d'Alassane Ouattara (nous sommes même convaincus que psychologiquement et techniquement, il est mieux outillé que n'importe lequel de ses concurrents pour gouverner). Nous disons simplement que le rôle de la communauté internationale ne revient pas à prendre des positions partisanes et à se répandre en déclarations intempestives encore moins dans une situation aussi explosive que celle de la Côte d'Ivoire. Pourquoi le défi et la menace du canon là où la discrétion, la ruse, la prudence et le tact bref, l'art de la diplomatie, auraient suffi ?

Nous n'allons pas apprendre à des géopoliticiens de métier que la Côte d'Ivoire est la pierre angulaire de la sous-région et que, si elle sombre, elle risque d'entraîner ses voisins, alors que la Guinée tente une périlleuse expérience démocratique et que Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a déjà ses sanctuaires au Burkina Fasoet au Mali. La situation paraît d'autant inquiétante qu'il plane sur la région un "non-dit" tribal lourd de menaces pour l'avenir : tout sauf un Dioula au pouvoir à Abidjan ; tout sauf un Peul au pouvoir à Conakry.

La Côte d'Ivoire mérite-t-elle de brûler pour les besoins des statistiques ou pour les beaux yeux de Laurent Gbagbo ou d'Alassane Ouattara ? Non, assurément non !

Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, où est la différence ? Ils forment le trio maléfique qui a ruiné le pays d'Houphouët-Boigny. A Bédié, le poison de l'ivoirité, à Ouattara, celui de la sécession, à Gbagbo celui de la confiscation du pouvoir. Chacun de ces caïds a montré combien il était prêt à sacrifier sa patrie au profit de son pouvoir personnel. De ce point de vue, ils n'ont rien d'exceptionnel.

La quasi-totalité des chefs d'Etat africains sont au pouvoir à la suite d'un putsch sanglant ou d'une élection truquée. Une loi non écrite permet à chacun de tuer, de voler et de tricher pour arriver au pouvoir. La nouveauté, ce sont les "scrupules" avec lesquels les grands de ce monde regardent cela. Congo, Rwanda, Somalie, jusqu'ici ils ont encouragé les trucages électoraux et les putschs et fermé les yeux sur les pires atrocités au gré de leurs intérêts. Et voilà que ces messieurs sont soudain pris d'un excès d'états d'âme !

Eh bien, s'ils sont devenus aussi vertueux qu'ils le prétendent, pourquoi ne vont-ils pas fouiller dans les cuisines électorales du Burkina, de la Tunisie ou de l'Egypte ? Sont-ils sûrs que les dynasties présidentielles du Gabon et du Togo sont sorties de la vérité des urnes ? Se seraient-ils comportés ainsi s'il s'était agi de l'Iran, de la Birmanie ou de la Chine ?

Ce raffut fait autour de Ouattara est tel qu'il en devient suspect. Que veut sauver la communauté internationale, à la fin : la Côte d'Ivoire ou un de ses protégés ? Ouattara et Gbagbo sont les loups-jumeaux de la politique ivoirienne : même teint, même sourire carnassier, même poids électoral (l'un contrôlant la Commission électorale et l'autre la Cour suprême). Il y a cependant entre eux une différence de taille : le carnet d'adresses. Dans le monde mesquin et corrompu qui est le nôtre, plus besoin de formule magique, ce joujou-là suffit à ouvrir les plus secrets des sésames.

Ancien directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI), Ouattara se trouve au coeur du complexe réseau qui gouverne ce monde alors que, modeste professeur d'histoire, Gbagbo, hormis un bref exil à Paris, n'est jamais sorti de chez lui. Ce petit détail-là explique mieux que tout (les longs couplets sur la démocratie par exemple) pourquoi une simple élection africaine a pris une dimension mondiale. Le village global est bel et bien là : la planète des copains et des coquins ! Et ses lois s'appliquent partout aussi bien en Côte d'Ivoire que dans la Guinée voisine où,Alpha Condé, le président "élu" est un ami des présidents africains et un vieil habitué des ministères parisiens.

"Je ne me vois pas échouer cette élection", affirma le nouveau président guinéen au lendemain du premier tour alors qu'il accusait un retard de près de 25 points sur son concurrent. Il ne croyait pas si bien dire : l'élection fut prolongée de cinq mois, le temps sans doute que le "bon" candidat soit prêt avec à la clé, l'incendie de la Commission nationale électorale indépendante, les vols du fichier informatique, le tout suivi d'un véritable nettoyage ethnique. Il n'y eut aucune enquête et ces sourcilleux jurés de la communauté internationale n'y trouvèrent rien à redire. Comme pour confirmer ce que tout le monde savait déjà : pour être élu en Afrique, pas besoin de mouiller la chemise. Avec un peu de chance et quelques copains bien placés à l'ONU, à la Maison Blanche, à l'Elysée ou au Quai d'Orsay, vous êtes sûr de passer même à 18 %.

 

Tierno Monénembo, écrivain Peul de Porédaka au Fouta Djallon dans l'actuelle Guinée, Prix Renaudot 2008 pour "Le Roi de Kahel" (Seuil)


11/01/2011
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Entre légalité et légitimité, Laurent Gbagbo est-il un Putschiste?

Entre légalité et légitimité, Laurent Gbagbo est-il un Putschiste ?

 

Depuis quelques jours, les médias et la communauté internationale sont unanimes : « Alassane Dramane Ouattara a gagné l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire avec 10 points de différence et Laurent Gbagbo tente par tous les moyens de se maintenir au pouvoir contre le résultat des urnes ». On se trouve devant un conflit entre ce qui est légal d’une part et ce qui est légitime d’autre part. Si Alassane Dramane Ouattara se place dans la case « légitime », Laurent Gbagbo est sur la case « légal ».

On peut définir ces deux mots comme suit :

Légal : Signifie ce qui est fondé sur la loi ou qui est conforme à la loi (la loi étant une prescription issue d'une autorité afin d'organiser, de réglementer la vie sociale). La légalité est nécessairement ce qui est obligatoire, absolu ou forcé.

Légitime : Signifie ce qui est naturellement juste, ce qui est fondé. Le mot « Légitime » a un sens plus général que « légal », il peut donc être légitime de s'opposer à ce qui est légal, comme la morale peut s'opposer à la politique.

Les notions de légalité et de légitimité possèdent une racine commune, qui est la notion de loi. Cependant, la légitimité semble s’étendre au-delà de la simple conformité à la loi qu’exprime la légalité. Sur la base de cette dissymétrie, on peut se demander si le légal est nécessairement légitime. Or, si le questionnement se porte d’abord sur les concepts de légalité et de légitimité, à leurs renvois respectifs au domaine du droit positif et du politique pour l’un et à l’idée de justice et à l’éthique pour l’autre, la réflexion se doit d’envisager les conséquences pratiques d’une exigence de légitimité.

Si le pouvoir politique s’exerce via la loi, exiger de lui une légitimité quant à son exercice, revient à le circonscrire, sinon à le limiter. Or, qui est susceptible d’exprimer une telle exigence et de l’appliquer ? Le pouvoir légal lui-même ? La conscience politique des citoyens ? Quoi qu’il en soit, c’est le fondement de l’édifice politique qui se trouve mis en question par l’exigence de légitimité.

Ainsi donc, cette lecture des évènements en côte d’Ivoire nie la complexité et la spécificité de ce scrutin, le réduisant à une énième forfaiture d'un président-dictateur africain et renforçant l'image d'une Afrique composée de Républiques bananières décidément bien mal parties. En prenant position de manière si nette et si partiale, l'ONU, l'Europe et la France en particulier, trop contente de donner des leçons à un Président qui s'était opposé à elle, ne font qu'attiser les rancœurs et les haines, et n'aide pas à une solution pacifique. D’ailleurs les évènements de ces derniers jours montrent combien a été aiguisé le nationalisme ivoirien, mettant à néant les menaces répétées de la communauté internationale.

Après les élections du second tour en côte d’Ivoire tout le monde a conscience qu'Alassane Ouattara aurait dû gagner ces élections. Sa popularité est-t-elle que personne ne pouvait douter de son échec. Mais est-ce pour autant à l'ancienne puissance colonisatrice de proclamer les résultats ?

On reproche souvent aux dirigeants africains de ne pas respecter le droit, les constitutions et aujourd'hui on exige de la Côte d'Ivoire de proclamer son Président en dehors de tout cadre légal ? Une élection est une procédure juridique, pas une acclamation populaire. La France ou les Nations Unies ne sont-ils pas tombés dans leur propre piège ?

De toute évidence, la légalité est incontestablement du côté de Gbagbo. Ouattara, qui détient la légitimité, connaissait bien les règles du jeu et les avait acceptées au même titre que tous les autres candidats à l’élection présidentielle. Même si la communauté internationale a financé l’organisation de ces élections par la CEI, même si elles devaient être certifiées par les Nations Unies, il n’en demeure pas moins que c’est le Conseil Constitutionnel qui devait en dernier ressort donner les résultats définitifs. Les médias français ne cessent de répéter que le Conseil constitutionnel est pro-Gbagbo, et ses décisions seraient par conséquent non-valides.

Pourtant, le caractère partisan du Conseil constitutionnel français, que personne ne nie, n'autorise pas les médias français et encore moins les médias étrangers à rejeter ses décisions. Pour cela il suffit seulement de voir sa constitution et la nomination de ses membres pour voir le caractère partisan de cette institution française au même titre que celle ivoirienne.

Le Conseil constitutionnel ivoirien est une institution souveraine. Passer outre représente un vrai danger pour la démocratie. C’est d’ailleurs ce que disait le président Barack Obama à Accra, « l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions solides ». Les membres du Conseil constitutionnel ne sont pas tous des chefs de tribu clientélistes mais bien des magistrats compétents qui jugent en droit, avec la marge d'interprétation que leur autorise leur prérogative, exactement comme cela se passe en France ainsi que dans les pays dits « démocratiques ».

Une vision binaire oppose une CEI -Commission électorale indépendante- intègre et un Conseil constitutionnel partisan. Mais quel média français, en dehors de RFI, a relayé que la CEI, est au deux tiers composée de partisans de Ouattara ? Qui a informé que Youssouf Bakayoko, président de cette même CEI, est « pro-Ouattara » autant que Paul Yao N'Dré, le président du Conseil constitutionnel, est « pro-Gbagbo » ?

Où a-t-on pu lire que les résultats de la CEI proclamant la victoire de Ouattara ont été annoncés à partir de son QG de campagne ? Quelle crédibilité donnerions-nous à une élection présidentielle française si ses résultats étaient délivrés du siège de l'UMP, rue de La Boétie à Paris?

La réalité est pourtant simple : la plus haute institution de Côte d'Ivoire a décidé, au vu de différents éléments, d'annuler les résultats dans certains départements, comme cela se passe régulièrement en France, à Perpignan, à Corbeil-Essonnes, peut-être bientôt dans la région Ile-de-France. N’a-t-on pas vu ici en France des responsables politiques bourrer leurs chaussettes de bulletins de vote ? Rien ne nous permet de juger de la réalité ou non de ces fraudes, et de contester une décision qui a été prise en toute légalité.

Bien entendu, cette décision pose une question politique inévitable : en annulant en bloc les résultats de départements qui votent habituellement à plus de 80% pour le RDR de Ouattara, le Conseil constitutionnel a permis à Gbagbo de repasser en tête.

Or, fraude ou pas fraude, il est politiquement anormal ; mais constitutionnellement valable que certains départements n'aient pas pu exprimer leur vote. Laurent Gbagbo sait bien que sa défaite est trop large pour être imputée à de seules fraudes. Il s'oppose donc à l'idée de faire revoter ces départements ; et pourtant c’est cela que le Conseil constitutionnel devait faire en prenant plus de garantie dans leur organisation.

Cette issue est pourtant la seule qui semblait à même d'apaiser la Côte d'Ivoire. C'est sur ce point que pourraient jouer Ouattara et la communauté internationale. Il faut accepter le jeu institutionnel qui a invalidé certains résultats tout en déposant des recours pour faire revoter les habitants de Bouaké, Korhogo, Boundiali, Dabakala, Ferke, Katiola, Beoumi et Sakassou.

Il n'est pas normal que le vote des Ivoiriens de ces différents départements ne soit pas pris en compte dans le résultat final comme si ils étaient des citoyens de seconde zone. Quoi qu'on en dise, Laurent Gbagbo est un légaliste. Il respecte l'Etat de droit. Il est le seul président ivoirien à avoir accepté de perdre une élection -législative- en 2001 ouvrant une courte période de cohabitation avant l'irruption de la rébellion.

En tentant de s'imposer contre le droit ivoirien, en revendiquant le soutien de la communauté internationale et de la France comme une source de légitimité, en nommant l'ex-chef de la rébellion, Guillaume Soro, Premier ministre et ministre de la Défense, Alassane Ouattara joue un jeu très dangereux. Il donne raison rétrospectivement aux théories nationalistes de Gbagbo, il comble le fossé de l’ « ivoirité » et se présente comme le candidat de l'étranger qui veut s'imposer contre le cadre légal de son pays et pour ensuite corroborer la théorie de ses accointances avec la rébellion. Laurent Gbagbo a beau jeu de dire maintenant aux Ivoiriens « je vous l'avais bien dit ».

Ni la France, ni l'ONU n'ont à s'ingérer dans les affaires d'un Etat souverain qui respecte le droit. Personne n'est intervenu de l'étranger pour demander la démission de Georges Bush en 2000, ou pour commenter le financement de la campagne de Balladur en 1995, voire même la nomination au ministère de l'Intégration d'un individu condamné pour injure raciale. On fait confiance à nos systèmes de régulation interne pour gérer les difficultés rencontrées dans les pays occidentaux respectifs.

Le droit n'a pas été violé en Côte d'Ivoire mais plutôt c’est la légitimité qui a été foulée du pied ; tout a été fait pour donner une majorité à Gbagbo si minime soit-elle. On peut commenter et critiquer une décision juridique sans menacer les institutions. On peut avoir un discours politique offensif sans contester le cadre constitutionnel dans lequel il a été pris. Mais ne nous permettons pas de parler de coup d'Etat quand les gendarmes français qui avaient tiré avec des balles meurtrières sur la foule en 2004 sont actuellement déployés dans les rues d'Abidjan.

En déplaçant le problème ivoirien par le biais de l'analogie qui peut être établie entre d'un côté le couple droit/justice, et de l'autre le couple légalité/légitimité, on aperçoit la signification profondément culturelle de la notion de légitimité considérée comme une valeur politique en soi. Si la légitimité des gouvernants peut être réduite sans difficulté à la notion de légalité, cette réduction semble en revanche impossible à faire quand on considère le régime politique lui-même et sa constitution.

On ne saurait parler à leur propos de légalité, puisque régimes et constitutions sont les sources de la légalité et que celle-ci n'est donc que la conséquence de ceux-là. Dans ce cas on voit bien que la légitimité indique beaucoup plus que la conformité avec la loi. La légitimité apparaît alors comme en correspondance sur le plan politique avec les sentiments, les mœurs, les comportements et les idées généralement diffus dans une communauté. C'est la force de l'opinion pour emporter l'adhésion dont parlait déjà Hume dans les « Political Essays ». Bien plus ; il faut affirmer, surtout à l'horizon de la mondialisation, le poids décisif de la légitimité, et sans que celle-ci soit réduite à la légalité, dans tous les secteurs de la vie nationale et internationale où se manifestent l'adhésion, l'acceptation par l'opinion publique d'un régime politique. Avec la mondialisation, l'opinion publique sort du cadre étroit de la nation, et s'internationalise. Ne pourrait-on dire alors que c'est au nom d'une légitimité élargie qu'on justifie le droit d'ingérence et l'intervention humanitaire ? Dans tous ces cas, la fondation et la justification du pouvoir ne peuvent être offertes par la loi positive. La légitimité, ou plutôt les critères de légitimité, sont historiquement changeants en raison de la pluralité des principes impliqués.

Ils expriment certaines tendances générales d'une culture et d'une époque qui dépassent le cadre de l'expérience culturelle et politique d'une seule communauté. Cela est encore plus évident de nos jours où la démocratie -au moins verbalement- apparaît universellement comme la seule forme légitime de pouvoir. Comme le montrent les analyses du grand historien italien Gugliemo Ferrero, la légitimité agit comme régulateur historique non seulement de la stabilité nationale, mais aussi de l'ordre et de la stabilité internationale -voir : Pouvoir: les génies invisibles de la cité, Paris, Plon, 1944-.

En conclusion de cette analyse, il convient de dire qu’en côte d’Ivoire il y a aujourd’hui un conflit entre pouvoir légal et pouvoir légitime. A dire vrai, dans cette affaire, tout le monde est plus ou moins piégé par le génie machiavélique de Laurent Gbagbo. D'abord, la communauté internationale (ONU, Union africaine, CEDAO et Union Européenne), dont on est bien curieux de savoir ce qu'elle peut faire maintenant, au-delà des simples récriminations de circonstance. Un embargo, des pressions ou d'autres sanctions semblables ne feraient que braquer davantage une mécanique qui s'est déjà emballée et bien huilée. Ensuite, ADO et ses partisans : ils sont bien contrariés, eux qui sont dépourvus de la puissance publique, des médias et n'ont aucune emprise sur le cours des événements.

On se retrouve dans une situation où on n’a plus de choix ; alors que faire ? Se retrancher dans le Nord ? Ce serait porter un coup dur à l'image de rassembleur et de président de tous les Ivoiriens à laquelle tient particulièrement ADO. Reprendre les armes ? Ce serait confirmer a posteriori le lien ombilical que d'aucuns prétendaient percevoir entre le leader du RDR et les rebelles du 19-Septembre. Jeter ses militants dans la rue ? Autant les envoyer à l'abattoir et écorner, par la même occasion, l'image du pacifiste qui ne veut pas voir sa victoire tachée du sang des siens.

Suite aux tueries du 17/12/2010 qui a fait plus d’une quinzaine de victimes, Alassane Ouattara est comme un poisson pris dans la nasse et cherche comment sortir de ce traquenard politico- juridique, son rival, toute honte bue, gouverne en se disant que tous ceux qui crient aujourd'hui à la forfaiture finiront bien par se taire, s'accommodant plus ou moins du fait accompli.

Le choix de l’embarras fait que le président légal et celui légitime doivent se mettre autour d’une table et de discuter sur l’avenir de la Côte d’Ivoire. Aimer son pays c’est aussi savoir s’asseoir sur son égo pour l’intérêt de celui-ci. Ni la France, ni l’O.N.U, ni la communauté internationale ne mettront leurs intérêts en-dessous de ceux de la Côte d’Ivoire. Depuis 2002, les accords de Marcoussy et de Ouagadougou ont permis l’organisation des élections sous l’égide des Nations Unies et un espoir de paix en Côte d’Ivoire. Des accords similaires peuvent permettre à nos prétendants au pouvoir de s’accorder sur un partage de celui-ci, pourquoi pas Laurent Gbagbo président de la république et ADO premier ministre constituant un gouvernement d’union nationale pour l’intérêt de tous les ivoiriens. Il est temps d’appliquer la jurisprudence kenyane en Côte d’Ivoire, dans l’impossible il faut organiser de nouvelles élections et mettre hors-jeu les deux prétendants actuels ADO et Gbagbo pour que vive la Côte d’Ivoire, toute la sous-région et l’Afrique dans son intégralité.

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/


18/12/2010
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FILLON II se referme SUR FILLON I ; Exit DIVERSITE.

FILLON II SE REFERME sur FILLON I ; EXIT DIVERSITE.

 

On a beaucoup palabré ce week-end sur le changement gouvernemental en France. Ceux qui pensaient à un véritable changement ont été déçus, le seul est  celui de se refermer sur lui-même. Sarkozy qui avait lancé l’ouverture à gauche et avait tenté de mettre de la couleur dans le gouvernement Fillon I a été forcé par ce celui-ci de revoir sa copie.

Exit donc  Rama et Fadela Amara et place aux caciques de l’UMP, qui ne ménageront aucun effort pour faire réélire l’un des leurs. Le nouveau gouvernement apparait donc comme une équipe de campagne électorale UMP. Les problèmes des français sont passés par pertes et profits. Sarkozy ne décide plus de rien, place à la machine UMP.

Très populaire par rapport à Sarkozy, Fillon n’a pas hésité à marquer sa force en imposant le retour de la vieille garde de l’UMP. Distillant ses credo, François Fillon, 56 ans, a sculpté son image de réformateur obsédé par la réduction des déficits, jusqu'à s'imposer comme une valeur refuge au sein d'une droite parfois déboussolée par le style de Nicolas Sarkozy.

Les sondages s'en ressentent : depuis près de trois ans, sa popularité a toujours dépassé celle du chef de l'Etat et il apparaît même dans une récente enquête comme un meilleur candidat que lui pour 2012. Ce succès dans l'opinion et dans sa majorité est du à sa volonté de freiner les ardeurs du président de la République.

 Ainsi Rama Yade, que sa popularité dans l'opinion semblait rendre inamovible, a fini par être évincé du gouvernement. Sa liberté de ton lui a été fatale et sa tête a été mise à prix par une partie de la majorité et l'Elysée. Passée brusquement à la lumière dans les dernières semaines de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, elle va retrouver la discrétion du conseil municipal de Colombes.

Entrée au gouvernement comme Fadela Amara au nom de la parité, du renouvellement des générations et de la diversité, elle en sort au nom de l'harmonie de la majorité et après plusieurs déclarations qui ont mis en mal la cohésion gouvernementale.

Avec la destitution de ses deux personnalités et de plusieurs autres, la France fait montre d’une formidable inertie et d’un sectarisme qui ont été pour toujours ses grands démons. Cette nouvelle équipe Fillon II recentrée sur elle-même a deux mérites : en premier lieu montré aux français qu’on est rentré dans la phase de la campagne électorale de 2012 et en deuxième lieu dans cette lutte qui parait âpre pour Sarkozy les gens de la diversité n’ont aucune place ni de mérite.

 

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com/


14/11/2010
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"Benno Siggil Sénégal" finirait'il par "Xëcoo Seggal Sénégal".

« Benno Siggil Sénégal » finirait ’il par « Xëcoo Seggal Sénégal ».

 

Après Cheikh Bamba Dièye et tant d’autres qui ne sont plus membres de Bennoo, on peut se demander si cette forme d’associations, de conglomérat de partis politiques n’est pas rattrapée par sa propre histoire et finit par se déstructurer. Les élections municipales du 22 mars 2009 avaient rappelé aux bons souvenirs de tous, la vitalité des institutions démocratiques sénégalaises. Cette coalition de partis avait nourri beaucoup d’espoir au peuple sénégalais. Désespérés par un personnel politique trop confortablement installé au pouvoir autour de la personne du président Wade, les électeurs avaient sanctionné l’immobilisme, l’arrogance, la rapacité de leurs édiles locaux, et par ricochet remis en selle l’opposition républicaine, victorieuse dans la plupart des grandes villes du pays.

Pour une fois, cette dernière se présentait en rangs serrés autour d’une large coalition, « Benno Siggil Sénégal » (BSS), avec un personnel politique rajeuni. C’était suffisant pour ramasser le fruit mûr du mécontentement populaire, devant les intentions hégémoniques et monarchiques du pouvoir en place. La coalition Benno Siggil Sénégal rassemblait 35 partis, dont cinq des plus grands partis de l’opposition, placés pour la plupart à la gauche de l’échiquier politique. Ainsi il y avait une certaine homogénéité idéologique dans cet ensemble ; malheureusement cette coalition était aussi composée de hautes personnalités d’un certain âge et qui pèchent par leur gourmandise, leur « pouvoirisme » et leur instinct d’égoïsme.

Il n’est pas nécessaire de vous dresser un bilan exhaustif du chaos dans lequel notre pays est plongé. « Benno Siggil Sénégal » avait réussi à faire l’union, et avait à sa disposition les conclusions des Assisses Nationales pour mener une politique susceptible de rassembler beaucoup de sénégalais y compris sa diaspora, mais malheureusement on a buté sur le choix d’un leadership capable d’incarner la volonté du peuple sénégalais ; de traduire ces conclusions en acte de gouvernance et de promouvoir une rencontre entre un homme et son peuple. Il s’en suivit un combat à mort de personnalités égoïstes et téméraires dont la seule finalité est d’accéder au pouvoir. Peu leur importe les souffrances du peuple sénégalais face aux turpitudes de maître Wade et de ses acolytes. Benno est aujourd’hui victime de la pléthore de ses personnalités âgées qui savent que le terminus sera atteint en 2012 ne leur laissant plus aucune chance d’espoir d’accéder au pouvoir.

Il est grand temps aujourd’hui de sortir de votre lourd silence devant les problèmes de l’heure, de vos divisions sans lendemain, afin de ne pas donner raison à l’arrogant Maître Wade qui clame haut et fort qu’il n’a pas en face de lui une opposition digne de ce nom, farouche et charismatique et que son fils est le meilleur, le seul capable de mériter sa confiance. Force est de constater que cette dévolution monarchique du pouvoir qui ne dit pas encore son nom est en phase ultime de sa finalisation.

Au lieu de descendre sur le terrain en proposant des solutions durables et viables, l’opposition sénégalaise se contente de réunions et de communiqués laconiques sinon inutiles, de déchirements, de séparations qui font que « Benno Siggil Sénégal » finira par devenir « Xëcoo Seggal Sénégal ».

Ne restez pas inactifs en attendant 2012 ; alors que le peuple sénégalais a soif, a faim et a besoin de solutions immédiates à ses problèmes. Ne vous laissez pas enfermés dans cette lutte sans lendemain de leadership et de quête du pouvoir par tous les moyens. Face à cette léthargie, les mouvements citoyens ont raison de voir le jour et de se multiplier. Les leaders de ces mouvements pensent qu’il n’y a aujourd’hui aucun homme politique susceptible de barrer la route à Wade aux prochaines échéances. Vous donnez l’impression que la seule échéance qui vous intéresse c’est celle de 2012, la lutte pour le pouvoir ; le malheur du peuple sénégalais ne nous concerne ni ne vous soucie en rien.

Certes, il y avait dans « Benno » des jeunes comme Cheikh Bamba Dièye et Talla Sylla qui sont deux jeunes leaders pleins de talents mais il y a aussi des caciques de la politique qui ne veulent pas laisser la moindre place à ceux-là. Cependant, chacun doit aussi savoir que c’est seulement dans l’union qu’on pourra réussir, c’est la conséquence de la victoire de 2009. Individuellement, aucun parti politique ne pèse pas grand-chose devant le PDS et son candidat en 2012.

Cheikh Bamba Dièye, Talla Sylla et beaucoup d’élus locaux de 2009 doivent tout à Benno, alors au lieu de se diviser, ils ont tout intérêt à consolider les acquis au sein de Benno car c'est là où ils pourront s'épanouir et trouver un soutien fort, capable de faire prospérer leur parti. Pour cela il faut aussi que les anciens leur donnent la place qu’ils méritent puisque le vent du changement souffle de plus en plus fort et malheur à celui qui ne peut pas prendre le train en marche.

L’essentiel, c’est de sauver le Sénégal en changeant les institutions, en mettant en place de nouvelles politiques menées par de nouvelles personnalités. Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily etc., ont tous pris part à la gouvernance de ce pays. Malgré leur participation, depuis Senghor, puis Abdou Diouf, les transhumances de 2000, jusqu’à maintenant, celui-ci n’a pas atteint l’optimum de ce qui pourrait l’être.

C’est ce que les conclusions des  Assises Nationales ont démontré et ont préconisé de repartir sur de nouvelles bases. Il faut que nous comprenions que le problème du Sénégal n’est pas seulement celui des hommes, mais c’est aussi celui de ses institutions, de la bonne gouvernance telle qu’il ressort de celles-ci. Je pense pouvoir compter sur l’intelligence de l’opposition sénégalaise, leur patriotisme pour comprendre cela, et les opposants sénégalais doivent arrêter de faire des calculs, de mener des luttes stériles sans lendemain. C’est la sagesse même qui l’exige et vous y contraint!

Se diviser, se tirer sur les pattes, boycotter comme en 2007 c’est de nouveau donner le pouvoir à Maître Wade ou à ses héritiers sur un plateau d’argent. A ce moment venu, le peuple sénégalais ne vous pardonnera jamais le jour du jugement de l’histoire car vous serez de véritables complices de son déshonneur annoncé.

 

Amadou DIALLO http://adiallo132009.blog4ever.com


25/10/2010
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