DIALLOBEDUCATION

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Opinion


Affaire Hissene Habré: Ne pas hurler avec les loups ! Par Amadou Tidiane Wone

 

Affaire Hissene Habré: Ne pas hurler avec les loups ! Par Amadou Tidiane Wone

En janvier 2000, je rendais publique la tribune suivante intitulée : « NE PAS HURLER AVEC LES LOUPS. »Aujourd’hui, quinze années, après je sens comme un devoir impérieux de la publier à nouveau sans y changer une virgule ! Je ressens la même indignation et une grande peine face au traitement irrespectueux que l’on fait subir à l’ancien Chef de l’Etat Tchadien, hôte du Sénégal, qui vient de le livrer pieds et poings liés à une « Justice internationale » qui a oublié de juger les criminels de l’apartheid pour ne citer que ceux-là ? Parce qu’ils sont blancs ? La question mérite d’être posée et nous la posons. Jusqu’en 2000 mes chroniques étaient tout simplement signées Amadou Tidiane Wone dit Baba… Même si j’ai occupé entre temps des fonctions gouvernementales et diplomatiques, je garde intacte la flamme des engagements primordiaux.

Affaire Hissene Habré: Ne pas hurler avec les loups ! Par Amadou Tidiane Wone Affaire Hissene Habré: Ne pas hurler avec les loups ! Par Amadou Tidiane Wone

Faut-il juger les bourreaux ou les absoudre ? Cette interrogation de Maitre Sidiki KABA, Président de l'ONDH dans l'édition de MATIN du Jeudi 27 janvier 2000 sonne comme une interpellation lancinante, une invite à une réflexion profonde, sérieuse et dépassionnée. En raison des enjeux, qui sont souvent une vie d'homme que réclament pour le rachat de leur honneur bafoué des survivants meurtris dans leur cœur et dans leur chair, la prudence, la rigueur intellectuelle et morale, tout autant que le courage d'exprimer et de défendre une opinion éventuellement différente sont de mise. Par égard pour les survivants, car les morts n'invoquent pas la justice des hommes, ils attendent celle de Dieu, il faut manipuler avec prudence les sentiments, ne pas laisser les rancœurs et les haines fonder une « justice »qui ne serait que vengeance. Les vivants ont la charge de parler, juger et condamner au nom des morts. C'est en cela que rendre la justice est une prise de responsabilité terrifiante. Je m'interrogerais d'abord sur la question de l'opportunité de la plainte déposée « auprès du Doyen des juges du tribunal correctionnel hors classe de Dakar contre Hissène HABRE ancien Chef de l'état du Tchad du 7 Juin 1982 au 1er Décembre 1984, actuellement réfugié au Sénégal pour crimes contre l'Humanité et actes de tortures. »

S'interroger sur la question de l'opportunité c'est se demander si, les procédures initiées, notamment contre Pinochet et Habré qui ne sont plus au pouvoir depuis longtemps, ne constituent pas une diversion, un dérivatif, un exutoire commode à l'exigence humaine de plus en plus pressante de l'avènement d'un monde plus juste. Traquer des vieillards, malades et presque séniles tels Maurice Papon ou Klaus Barbie et quelques autres « nazillons » réfugiés sous les tropiques, leur imposer, au nom de principes certes généreux, de comparaître devant des juges qui parfois n'étaient pas nés au moment des faits, demande de pousser la réflexion et de ne pas céder sous le rouleau compresseur des médias qui relaient puissamment la vision occidentale du Monde. Je ne parle pas encore de la culpabilité ou non de tous ceux que l'on attrait devant les juridictions des Droits de l'Homme sous le prétexte moralisateur de rendre justice à des morts alors que des vivants sévissent sous nos yeux. Tiens donc, au demeurant, parlons du fils Duvalier, Bébé Doc, dont tout le monde sait qu'il vit quelque part en France. Qu'attend-on pour aller le quérir et le juger ? Qu'attend-on pour interpeller Valéry Giscard d'Estaing pour complicité avec l'empereur de triste mémoire Bokassa, bourreau d'enfants et raccourci caricatural de l'image que veut garder une certaine France de l'Afrique et des Africains ? Car il faut le dire, aucun des tyrans africains n'a pu sévir sans la complicité, à tout le moins passive de la tutelle occidentale qui, du moment que ses intérêts et ses ressortissants sont saufs, est prête à tout laisser passer. Qui, jusqu'au bout, a soutenu à bout de bras Mobutu et qui laisse faire Kabila tant que le diamant et les richesses insolentes du sous- sol congolais pourront être pillés dans une sorte de « no man's land » juridique et réglementaire qui fait l'affaire de compagnies minières et financières occidentales sans scrupules qui foulent du pied les droits de l'homme congolais à bénéficier des retombées de l'exploitation des ressources de son sol ? Qui laisse la Sierra Leone taillée en pièces par des bandes de hors la loi tout juste bons à laisser le commerce du diamant ne profiter qu'à des honorables banquiers et hommes d'affaires d'Anvers et d'ailleurs ? Juger à posteriori au Rwanda pour se donner bonne conscience alors que là aussi on a laissé faire, refuser de faire la lumière sur l'assassinat de Thomas Sankara et fréquenter Compaoré comme si de rien n'était rend vaines les procédures initiées par sa veuve et ses enfants contre X . Puisque M. Kaba parle de Nuremberg, parlons de « l'autre crime contre l'humanité» tel que le rappelle un autre avocat, Maître Jean Pierre M'BEMBA constitué par Klaus Barbie : Y a t-il plus grand crime contre l'humanité que l'esclavage ? Puisqu'il s'agit de juger au nom de valeurs humanistes, il faut mettre dans le box des accusés la civilisation occidentale dont l'expansion et le rayonnement se sont faits au prix du ravalement d'une partie de l'humanité au rang de bétail ! Ne nous laissons pas distraire ! La culpabilité d'un homme seul, jugé, condamné et qui sait, exécuté ne changera en rien l'ordre inique du Monde. Au secours Césaire : « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde »(Discours sur le Colonialisme, Ed. Présence Africaine P. 7). Merci.Le temps est venu d'ouvrir grand les yeux et de dire tout haut que l'universalité des Droits de l'Homme ne saurait se réduire à l'aune d'une indignation sélective qui estime, jauge et décrète ce qui est humainement acceptable au prisme de ses intérêts et de son confort moral. Et ne voilà t-il pas que la dernière édition de Jeune Afrique nous apprend que Edward HOOPER, ancien correspondant de la BBC, en Afrique « émet l'hypothèse que l’épidémie (du sida) a pour origine des essais vaccinaux réalisés en Afrique centrale dans les années cinquante» (JA n°2037 du 25 au 31 Janvier 2000. P 22). Même à l'état d'hypothèse, si cette attitude n'est pas criminelle, comment la qualifier ? On y apprend que « de 1957 à 1960, les docteurs blancs ont « vacciné »- par voie orale- près de 1 Million d'Africains à qui on avait fait croire qu'on allait leur donner des « bonbons ».Les organisations des Droit de l'Homme ont suffisamment à faire et à dire sur les conséquences désastreuses des rapports inégaux et dominateurs qui depuis plus trois siècles président les rapports entre l'Occident, l'Afrique et le reste du Monde avec, à son actif, rien que pour le 20éme siècle, une traite des esclaves, un holocauste, des guerres coloniales criminelles, deux guerres mondiales, et la mise au point d'armes atomiques et nucléaires dont la barbarie n'a rien de comparable dans toute l'Histoire de l'Humanité. Au rang des comptabilités sordides de corps efflanqués au regard hagard et d'hécatombes honteuses, j'appelle la guerre du Vietnam et les pluies de napalm déversées par la première puissance économique du Monde pour sanctionner l'ardent désir de vivre libre d'un peuple indomptable. S'il faut revisiter le passé et réveiller les blessures à peine refermées alors n'oublions rien et reprenons tout depuis le début !

 Revenons à Hissène HABRE. Ce que je retiens, comme citoyen sénégalais, c'est que depuis une dizaine d'années qu'il a reçu l'asile chez nous il n'a jamais outrepassé son devoir de réserve et je n'ai pas souvenance d'une déclaration qu'il aurait faite ni de troupes qu'il aurait levé pour renverser son successeur. Ce qui n'est pas le cas de Denis Sassou N'GUESSO, dont les accointances avec la compagnie pétrolière française Elf sont établies, qui a renversé un président de la République démocratiquement élu, à la suite d'une guérilla urbaine retransmise en léger différé. Et Monsieur N'GUESSO parade de sommet en sommet, embrassant goulûment les dirigeants des pays prétendument des « Droits de l'Homme », avec ses gourmettes en or et ses pochettes en soie de mauvais goût. On me rétorquera que son dossier est en cours, je parie que l'on se pressera lentement pour le boucler. Tous ceux qui ont des intérêts à Elf Congo y veilleront. Je retiens aussi que Hissène HABRE a tenu tête à la France, comme rebelle et comme Chef de l'état, les historiens devraient témoigner sur l'histoire récente du Tchad et sur les enjeux géopolitiques qui font de cette région une zone de tensions. Cela permettrait d'avoir une meilleure visibilité sur les relations tendues entre Paris et NDjaména sous HABRE. Cela expliquera peut-être pourquoi selon une dépêche de l’AFP publiée dans l'édition du quotidien Le Matin « la France est favorable à l'action en cours au Sénégal. »Ah ! Douce France, qui tient à faire rendre gorge tous ceux qui ont eu un jour des velléités de s'opposer à son diktat, quitte à l'enrober d'un juridisme suspect et à instrumenter des organisations humanitaires qui, sous le couvert de beaux principes perpétuent une conception de l'humanisme que nous ne partageons pas. Ces deux points justifient à mes yeux un refus de hurler avec les loups et de condamner sans appel un homme au nom de principes dont l'universalité sélective mérite un débat approfondi. Je ne dis pas que Hissène HABRE n'est pas coupable des crimes qu'ont lui impute, je dis que dans l'ordre des priorités qu' en tant qu'africain je compte porter au tribunal de l'Histoire, il fait figure de lampiste. D'autant que l'historien Thierry Lemoine spécialiste du Tchad et cité par une autre dépêche de l'Agence France Presse déclare que « c'est devenu un réflexe du régime actuel du Président Idriss Déby. Il utilise Hissène HABRE comme dérivatif dès qu'il se trouve en difficulté. Or, en ce moment, il est plutôt instable avec la rébellion signalée dans le Tibesti. » Cela laisse songeur si l'on sait que Idriss Déby est présumé membre de certaines fraternités occultes...

 Je terminerais par l'Afrique du Sud en écho à l'exclamation de Maître Sidiki KABA, « Que non ! Le pardon n'est pas l'oubli. ». Ce pays symbole de la barbarie légalisée panse ses blessures sous le sceau du pardon et de la réconciliation. Car, si le pardon n'est pas l'oubli, il est le préalable à toute réconciliation. Je rappelle Aimé Césaire à la barre : « La malédiction la plus commune (...) est d'être la dupe de bonne foi d'une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu'on leur apporte »(idem op.cit P.8) . Est-il question de réconciliation lorsque l'on s'apprête à traduire Hissene HABRE devant la justice sénégalaise ? Cela ressemble plutôt à un exercice d'évaluation grandeur nature des dernières trouvailles juridiques « La justice sénégalaise aura à se prononcer sur cette procédure inédite au regard de la compétence universelle découlant de la convention internationale du 10 Décembre 1984 qui a été signée et ratifiée par le Sénégal. Le traitement de cette affaire servira donc de jurisprudence aux juridictions africaines » dit Maître KABA qui a du mal à cacher son excitation à la pensée des effets de manches et des joutes oratoires qui opposeront les puristes de la plaidoirie bien amenée. Cela n'ébranle pas maconviction, qu'à coté des urgences de l'heure, l'opportunité et la pertinence de la procédure m'échappe. Que l'on n’aille pas me rappeler le nombre de victimes dont je comprends la douleur et la partage. Comme celle des millions d'africains balancés par dessus bord lors de la traversée de l'Atlantique, comme celle de David DIOP qui « pense au vietnamien couché dans la rizière, au forçat du Congo, frère du lynché d'Atlanta. Je pense à Soweto et à Sharpeville, je pense à Poutine écrasant la Tchetchénie. Pensant à tout cela, je me refuse de faire d'un homme seul, dans le dernier versant de sa vie, la victime expiatoire de tant de déraison dont-il fut certainement à un moment de sa vie une illustration. Cela est en porte à faux avec « nos valeurs traditionnelles d'humanité » qu'invoque Maître KABA. A cet égard, le pays de la Téranga qui a accordé l'asile à un homme dont rien de ce qu'on lui reproche aujourd'hui n'est nouveau, va-t-il arracher à l'affection de petits enfants en compagnie desquels parfois on m'a dit l'apercevoir dans quelques endroits de la capitale, au face à face torturant avec lui-même dans l'attente du rendez-vous ultime avec Dieu, seul juge digne de ce nom, et vers qui nous nous retournerons tous un jour ? Perdre le pouvoir n'est-il pas déjà une certaine forme de justice rendue aux victimes ? Vivre en exil loin de son pays qu'il aime sûrement à sa manière n'en est-il pas une autre ? Que cherche t-on de plus ? Même si on l'écartelait sur la place publique cela rendrait-il pour autant justice aux milliers de morts qu'on lui prête ?

 Non. Vus d'Afrique, les Droits de l'Homme, c'est se battre pour dénoncer les rapports inégaux, iniques, injustes et de plus en plus insupportables que l'Occident impose au reste du Monde. C'est dénoncer la problématique biaisée de la dette dans laquelle nous enserrent des états dont l'opulence s'est bâtie sur notre sueur et sur notre sang. C'est traquer les tyrans en exercice et les mettre hors d'état de nuire. C'est ne pas attendre qu'ils soient à la retraite, malades, et presque inoffensifs pour aller exhiber des cranes et des ossements, organiser un show médiatique planétaire pour donner bonne conscience à une civilisation décadente et justifier auprès des généreux donateurs les billets d'avions en première et les séjours en hôtels de luxe pour aller farfouiller dans la misère des autres.

 Vus d'Afrique, les Droits de l'Homme c'est le droit à mieux vivre dans un Monde de plus en plus juste, repu et paisible.

Amadou Tidiane WONE dit Baba

Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur

 woneamadoutidiane@gmail.com

 

 

Excellent article que je me suis empressé de publier dans mon blog. Un merveilleux appel au réveil africain.


22/07/2015
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Je ne suis pas Charlie, ni Dieudonné, je suis triste pour la République en deuil !!!

Je ne suis pas Charlie, ni Dieudonné, je suis triste pour la République en deuil !!!

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Une sensation circule depuis l’attentat perpétré contre la rédaction de Charlie Hebdo et les assassinats de la porte de Vincennes. Une sensation subite d’amour viscéral vis-à-vis de l’hebdomadaire qui était plus que moribond face aux déficiences des français à l’égard du journal accusé de provocation et qui peinait à écouler pas plus de 40 mille exemplaires par semaine.

Certains vont même jusqu’à comparer ces attentats à celui du 11 septembre aux USA.  Si on laisse de côté la question du volume de victimes qui est dépassé de loin par celui du 11 septembre, le parallélisme entre les deux événements saute en effet aux yeux. Dans les deux cas, les attentats ont été perpétrés par des personnes se réclamant de l’Islamisme radical. Ils ciblent par ailleurs des personnes civiles, des représentants de l’ordre, des juifs et des symboles de la modernité occidentale. De plus, ils mettent en œuvre une stratégie de terrorisme au sens où il s’agit de provoquer une émotion de peur dans le pays touché face au meurtre de victimes innocentes.

La France, consciente du risque encouru, a posé un acte fort en se mobilisant d’une façon exemplaire ce dimanche 11/01/2015 montrant à la face du monde et aux terroristes de tous bords qu’elle n’avait pas peur. Mais au-delà de l’émotion, la France doit se remettre en cause et se posait les bonnes questions pour les réponses adéquates. Senghor ne disait-il pas que « l’émotion est nègre et la raison hellène ». La France semble aujourd’hui prendre les choses par devers tout.

A ce propos, deux interprétations semblent structurer le débat public. La première, outrancièrement raciste, affirme que l’Islam a déclaré la guerre à l’Occident et que ce dernier est en droit de se défendre. Des intellectuels comme E. Zemmour, M. Houellebecq et d’autres islamophobes vont certainement s’engouffrer dans la brèche dans les prochains jours. Certainement ils donneront de fausses réponses aux questions que se posent les français. Le corollaire de cette vision du monde est la peur ou la haine de l’Islam, peur et haine que les personnes susmentionnées ne récusent point.

La seconde interprétation invite au contraire à ne pas faire d’amalgame entre l’Islam et le terrorisme et à ne faire la guerre qu’à ce dernier. Cette deuxième approche, dominante dans les discours officiels et les éditoriaux de la presse, est plus nuancée que la première dans la mesure où elle dénonce la grossièreté de l’opération consistant à assimiler plus d’un milliard et demi d’individus aux actes d’une poignée. Elle se présente par ailleurs comme « humaniste » au sens où elle condamne les idéologies haineuses et invite à se recueillir, pacifiquement, en solidarité avec les victimes innocentes des attentats.

Geste parfaitement noble et qui pousse beaucoup à dire : « Je suis Charlie » : mais au-delà de l’émotion causée par des barbares dont rien ne justifie leur acte ignoble, il est temps de se remettre en cause et se demander jusqu’où on peut aller dans la provocation. Dans quelle nation digne de ce nom doit-on au nom de la liberté se moquer de la religion des autres, des croyances des autres. Ainsi je condamne les lâches de tous bords qui se cachent derrière ce vague mot de liberté pour fouler du pied les fondamentaux de la société. La république de France est une et indivisible et a pour devise : « liberté, égalité et fraternité ».

Liberté de penser, d’écrire et de proposer mais pas liberté de provoquer ! La liberté ne s’arrête-elle pas là où commence celle de l’autre ? Egalité si tous les citoyens sont égaux devant la loi et les traitements de toutes sortes. Doit-on condamner Dieudonné et laisser libre cours à Charlie Hebdo dans la provocation? Peut-on être frère ou sœur si l’un est privilégié par rapport à l’autre ? La nation peut-elle être unie si certains se sentent humiliés, déshonorés, déconsidérés ou de seconde zone ? Le ministre de l’intérieur et des cultes a bien le rôle de protection de tous les cultes. Quid alors des 50 mosquées violées depuis quelques jours alors que plus de 5000 soldats sont chargés de protéger les écoles et les lieux de culte juifs.

La France est un carrefour par sa position géographique en Europe ; elle est le terreau de toutes les rencontres, de toutes les religions et tous les brassages sociologiques et ne peut pour cela se recroqueviller sur elle-même. La France, fille de l’église, s’est beaucoup transformée. Pensez que la France peut se passer de ses musulmans est une utopie et toute mesure à l’encontre ne fera que des désastres.

Il est dès lors opportun pour l’Etat de prendre ses responsabilités pour saisir le mal à la racine. Que ça soit dans l’éducation, dans la formation et l’instruction, le travail de fond doit être enclenché. N’est-ce pas dangereux de vivre dans une société où les jeunes de 16 ans sont tués pour un regard de travers où on use de la provocation pour écouler du papier ou pour remplir les salles de spectacles. Que fait ’on de ces jeunes sortis du système scolaire et qui se retrouvent sans avenir. Désœuvrés, leur seule repère  et leur espérance restent le discours de fanatiques religieux sans foi ni loi.  Aujourd’hui, 90 pour cent des jeunes qui sont en Syrie, qui sont des djihadistes ou terroristes sont des victimes du système d’exclusion et de rejet de la société. La prison qui devait servir pour ramener vers de bonnes résolutions n’est’ elle pas devenue un lieu de création de caïds et de radicalisation ?

Ainsi, c’est au nom de ces idéaux que nous partageons autour du libéralisme, des valeurs de la démocratie et de la république permettez-moi d'avoir une autre opinion : je ne suis pas Dieudonné ni Charlie Hebdo, je suis triste pour la République en deuil !!! Je suis triste pour cette république en deuil, qui voit ses fils innocents mourir sous les balles d’intégristes, cette république en deuil qui ne réussit plus à éduquer ses enfants et qui assimile éducation et chantage aux allocations familiales.

Je rejette ceux  qui ne prennent pas en compte le droit des musulmans de réclamer plus de respect pour leurs croyances, les valeurs culturelles auxquelles ils croient et surtout pour leur Prophète Mohamed, parce que cet idéal a une conception de la liberté d'expression que les enseignements tirés de mon éducation et de ma religion n´approuvent pas.

Avec la même force je réprouve ceux qui s’attaquent à toutes les religions y compris la religion juive et les juifs qui la représentent. Ne pas exprimer publiquement notre désaccord sur cette question, serait perçu comme une entorse à mon sens de la loyauté et de la probité morale ; mais surtout de l'idée que je me fais de l'équité et de la justice des hommes.

Il est temps de sortir de l’hypocrisie ambiante, de se dire la vérité en face et ne pas se cacher derrière le voile de la démocratie. Nul ne peut vivre dans une nation sans se dire la vérité, sans s’inculquer le culte des vertus de la république et de la discipline. Ainsi je ne veux pas me retrouver dans un moule, je veux exister car je pense.

Bien que différentes en première analyse, ces deux interprétations évoquées précédemment, présentent au moins un point commun : leur dimension très émotionnelle. En effet, elles ne se fondent pas seulement sur des raisonnements articulés et réfléchis mais également sur une constellation différente de sentiments et d’affects. D’un côté, les islamophobes grossiers sont animés par des émotions négatives : peur et haine de l’autre, instincts revanchards, etc. D’un autre côté, les « humanistes » semblent traversés, d’abord et avant tout, par des émotions positives : compassion et sympathie avec les victimes, attachement affectif à des « grandeurs » positives : la liberté de la presse, la démocratie libérale, la république, etc… La dimension émotionnelle de ces deux cadres d’interprétation se donne à voir dans l’espace public quand un groupe de personnes brûle passionnellement un Coran et quand d’autres convergent les yeux rougis vers les places de la république pour un moment de recueillement. Ces deux types de scènes ont marqué l’imaginaire américain après le 11 septembre. Internet et les médias français nous passent en boucle leur équivalent français depuis le drame du 7 janvier 2015.

Le caractère public et collectif de ces réactions émotionnelles nous rappelle que les émotions sont tout, sauf des réactions spontanées. En effet, ces sentiments qui nous semblent si personnels, si intimes, si « psychologiques » sont en réalité médiatisés par des cadres interprétatifs qui les génèrent, les régulent et leur donnent un sens. Derrière les émotions se cachent des discours, des perspectives et des partis pris moraux et politiques dont il importe de comprendre la nature pour
bien mesurer leurs effets. Or quelle leçon pouvons-nous tirer de cette observation très générale sur le caractère socialement construit des émotions et de ce qu’on pourrait appeler le « précédent américain » ?

La philosophe J. Butler s’est intéressée aux réactions émotionnelles aux attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Elle a relevé que ces réactions se sont articulées selon les deux dimensions évoquées plus haut : la dimension négative génératrice de haine, de peur et de désir de revanche et la dimension positive invitant à la compassion et à l’indignation morale face à l’horreur. J. Butler s’est principalement intéressée à la seconde car elle n’a pas, en apparence, le caractère belligène et grossier de la première. Ses conclusions intéresseront peut-être celles et ceux qui s’inscrivent dans le cadre humaniste, affirment « être Charlie » et veulent réfléchir au sens de leurs gestes politiques.

La première observation de J. Butler porte sur le caractère extraordinairement sélectif de ces sentiments de compassion. Elle relève que le discours humaniste a organisé la commémoration des 2 992 victimes des attentats du 11 Septembre sans trouver de mots ni d’affect pour les victimes, incomparablement plus nombreuses, de la guerre américaine contre le terrorisme. Sans nier avoir elle-même participé « spontanément » à ces scènes de commémoration, J. Butler pose la question suivante : « Comment se fait-il qu'on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n'aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir? ».

Cette question rhétorique lui permet de pointer du doigt le fait que des mécanismes de pouvoir puissants se camouflent derrière ces scènes apparemment anodines et littéralement sympathiques de compassion avec les victimes de la violence terroriste. Ces mécanismes de pouvoir se donnent à voir dans ce qu’on pourrait appeler le paradoxe du discours moderne et humaniste. Alors que ce discours accorde a priori une valeur égale à toutes les vies, il organise en réalité la hiérarchisation des souffrances et l’indifférence de fait ou l’indignation purement passagère par rapport à certaines morts.

Le corolaire pratique de cette observation est que ces cérémonies de commémoration ne sont pas triviales. Derrière leur paravent de neutralité positive, elles sont des actes symboliques performatifs. Ces cérémonies nous enseignent quelles vies il convient de pleurer mais aussi et surtout quelles vies demeureront exclues de cette économie moderne et humaniste de la compassion.

Appliquée à l’actualité française, l’étude de J. Butler apporte un éclairage  sur la réaction officielle et dominante - c’est-à-dire « humaniste » et « compatissante » - au drame de la rédaction de Charlie Hebdo. Cette analyse invite à se décentrer et à s’interroger sur les effets de ces discours et gestes de compassion. Or il n’est pas certain que les effets mis en avant par les partisans de ce discours soient les plus importants. On nous explique que ces discours de sympathie et ces gestes de compassion peuvent aider les familles de ce drame à accomplir leur deuil. Mais ces familles et les lecteurs de Charlie Hebdo qui ont noué des liens d’attachement à ces victimes ne préféreront-ils pas faire ce travail dans l’intimité ? On nous dit ensuite que ces discours et ces gestes sont une manière de réitérer le principe de la liberté d’expression.

Mais qui pense réellement que ce droit fondamental soit aujourd’hui menacé en France, notamment quand celui-ci consiste à caricaturer la population musulmane, laquelle est - et restera vraisemblablement dans les moments à venir - fréquemment moquée, caricaturée et stigmatisée ? Cette religion n’est-elle pas le deuxième de France ?

Le travail de J. Butler nous enseigne que ces discours et ces gestes produisent plus certainement des effets belligènes. En effet, on aurait tort de penser que les guerres et la violence ne prennent racine que dans les émotions négatives. Contrairement à une idée fort répandue, la haine du boche et du « Franzmann » n’a pas été le premier moteur de la Première guerre mondiale. Cette guerre a d’abord pris racine dans les sentiments les plus positifs qui soient : la compassion pour les victimes nationales des guerres passées, l’attachement à la communauté nationale ou encore l’amour de grandeurs aussi universalistes que la « civilisation » en France et la « Kultur » en Allemagne.

On a le droit de penser que la guerre contre le terrorisme islamiste est une guerre légitime. Mais il importe d’être conscient d’une réalité statistique. En trente ans, le terrorisme islamiste a fait environ 3500 victimes occidentales, soit, en moyenne, un peu moins de 120 chaque année. Statistique macabre, mais comparée aux victimes des guerres menées en Afrique et au Moyen-Orient, paraît insignifiante.

Cette économie sélective de la compassion produit un deuxième type d’effet en ce qui concerne la perception de la violence d’État occidental. Les discours communautaristes ou racistes ont ceci de particulier qu’ils mettent bruyamment en scène la violence qu’ils déploient. À l’inverse, le discours moderne et humaniste est aveugle par rapport à sa propre violence. Qui a une idée, même approximative, du nombre de morts générés par la guerre américaine en Afghanistan en 2001, par celle des États-Unis et du Royaume-Uni en Irak en 2003 ou encore par l’intervention de la France au Mali en 2013 ? L’une ou l’autre de ces guerres était peut-être légitime. Mais le fait que personne ne soit capable de donner une estimation du nombre de morts qu’elles ont généré doit nous interroger. Dans ces moments où nous sommes submergés par les émotions, il peut être intéressant de penser à tous ces précédents et à ces morts, à venir, que nous n’allons pas pleurer.

Les principes fondamentaux de la République française sont énoncés dans sa devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Ils se traduisent par des droits intangibles, à la fois politiques et sociaux, qui ont été reconnus aux citoyens par les différents régimes républicains. L’article 1er de la Constitution s’inscrit dans ce cadre puisqu’il proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

« Une République indivisible » : aucune partie du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale. Seul le peuple exerce cette souveraineté par la voie de ses représentants ou du référendum. L’unité et l’indivisibilité garantissent une application uniforme du droit sur l’ensemble du territoire national.

Le caractère laïque de la République découle à la fois du principe de la liberté de croyance et du principe d’égalité des citoyens devant la loi et implique la séparation des Églises et de l’État. Aucune religion n’a ainsi de statut privilégié au sein de la République et chaque individu dispose de la liberté de ses opinions et de sa foi.

Le caractère démocratique de la République implique le respect des libertés fondamentales et la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel, égal et secret.

Enfin, le caractère social de la République résulte de l’affirmation du principe d’égalité. Il s’agit de contribuer à la cohésion sociale et de favoriser l’amélioration de la condition des plus démunis. A ce stade fallait-il rappeler ces éléments ?

Pour poursuivre à l'appui de l'excellent billet de Mathias Delori et de plusieurs des commentaires qu'il a suscités, je tiens à le dire ici, je ne suis pas Charlie à cause des provocations intermittentes de tous et particulièrement de l’islam et de Dieudonné par sa haine des juifs.

Je ne suis pas Charlie parce que Cabu et Wolinski, j'en suis convaincu, n'auraient pas été Charlie. S'ils avaient échappé de cette tuerie je prends le pari qu'ils y auraient répondu par des caricatures cinglantes sur le mode « Bal tragique chez Charlie : douze morts », plutôt que par la dramatisation grandiloquente qui s'étale à la une des journaux, Mediapart compris. Ah ! Les pauvres n’étaient-ils au bord de la faillite, abandonnés par leurs compatriotes marre de leur provocation. Cet attentat les a certainement mis debout dans tous les côtés. Les intégristes les ont certainement sortis de l’eau, ou d’un abîme certain.

Rien de plus étranger à leur esprit que de trimbaler des gueules tragiques montées sur les grands chevaux de la République en danger, de l'heure est grave et tutti quanti. Un deuil national pour Cabu et Wolinski, non mais quelle blague. Cela les aurait fait hurler de rire ! Curieuse façon de leur rendre hommage, à l'opposé de l'exemple qu'ils ont montré toute leur vie.

Je ne suis pas Charlie parce que la douleur de leurs proches n'est pas la mienne. Je les estimais, ils m'ont fait rire et réfléchir depuis que j’ai eu un numéro à la bibliothèque Beaubourg, mais leur disparition ne m'enlève pas un parent ou un ami. Faire comme si, dans la tradition d'excitation factice des medias qui veulent faire croire que nous vivons un événement sous prétexte que nous le suivons, me semble peu respectueux de la vraie douleur des véritables proches. A laquelle il existe des moyens de s'associer discrètement, chacun de sa façon et à sa place.

Je ne suis pas Charlie parce que l'émotion d'union nationale qui ces derniers jours dégouline de tous les azimuts repose sur une vision de l'événement que je ne partage pas. Non, la liberté de la presse et la République ne sont ni plus ni moins en danger cette semaine que la semaine dernière. Non, ce qui les menace le plus n'est pas là : c'est le rachat des titres par des financiers, qui dans la France d'aujourd'hui fait taire et censure beaucoup plus de journalistes que les rafales de kalachnikov. Non, cette tuerie n'est pas le fait de terroristes internationaux aguerris envoyés en mission depuis l'étranger pour faire la guerre à la France, aux occidentaux et aux mécréants de tous bords. Elle est le fait de beaufs violents aux idées courtes bel et bien made in France, pas fichus de s'enfuir sans perdre leur carte d'identité dans la voiture, bourrés d’amateurisme et qui, selon l'instructif entretien donné par leur avocat, étaient, au moins l'un d'entre eux, en 2008, « soulagé d'être arrêté parce qu'il avait peur d'être tué en Irak »...

Alors oui, la tuerie chez Charlie pose des questions. Mais pas celles soi-disant « très lourdes », « vallso-sarkozyennes », relayées à la Une par Mediapart, qui prennent pour argent comptant la vision du monde héritée de l'Amérique de Georges Bush, qui divise le pays entre les méchants terroristes actionnés de l'étranger et les bons français leurs victimes, et qui ne propose en guise de « solution »qu'une vis sans fin de répression dans un Etat toujours plus policier où les libertés publiques sont toujours plus réduites.

Car des gros bras au cerveau comme de la sauce blanche qui croient trouver dans l'assassinat politique la solution à tous leurs problèmes il y en a eu avant les frères Kouachi. Aujourd'hui ceux-ci tuent des journalistes au nom de l'idée qu'ils se font de l'Islam. D'autres avant eux ont tué des dirigeants industriels au nom de l'idée qu'ils se faisaient de la Révolution, d'autres avant eux assassinaient des militants anticolonialistes au nom de l'idée qu'ils se faisaient de la France. Mais l'islamisme des Merah ou des Kouachi n'a guère plus à voir, hypothétiques stages de courte durée mis à part, avec le terrorisme proche-oriental qu'autrefois le maoïsme des groupuscules «  Spontex » avec la Chine. Leurs parcours sont des parcours bien français.

Questions bien de chez nous donc. Les douze ont été tués par des armes lourdes, et par des individus nés et ont grandi en France dont la violence est devenue la seule forme d'expression. La république n’a-t-elle pas failli dans l’éducation de ses enfants ?

Comment se fait-il que des armes aussi meurtrières soient de plus en plus facilement disponibles pour le premier petit bandit venu ? Comment se fait-il qu'un nombre croissant de jeunes adultes en arrivent à un tel point de désespoir et d'impuissance qu'ils ne puissent imaginer d'autre issue que de tirer dans le tas et tuer des innocents dont le seul tort et de se lever le matin et d’aller travailler ? Sauf si travailler est un délit en ce moment de gros chômage !!!

A ces deux questions les gouvernants n'apportent pas de réponse. Plutôt que de lutter concrètement contre la dissémination des armes de guerre, plutôt que de reconnaître la responsabilité des politiques d'accroissement des inégalités menées depuis une génération dans la dérive de jeunes adultes qui ramassent l'espoir où ils pensent encore en trouver, et de changer de cap, ils promettent de renforcer une « lutte contre le terrorisme » dont on ne sait qui elle vise ni ce qu'elle recouvre, sinon à coup sûr de nouvelles lois réprimant les libertés de tous. Et ce au moment où des élus n’hésitent pas à collaborer avec ces petits caïds pour acheter la paix dans leurs communes ou dans les quartiers.

À ces questions, le « je-suis-Charlisme » n'en apporte pas plus. Faisant spectacle d'une indignation soi-disant nationale, en trompe-l’œil qui légitime l'Union Nationale brandie par les politiciens pour retourner à leur profit une situation dont ils sont les premiers responsables, le « je-suis-Charlisme » accentue à l'insu de son plein gré la fracture entre ceux qui se rassemblent, à l'œil nu pour plus de 80% des blancs de classe moyenne, et les autres, entre « nous » et « eux ». Rassemblements qui, comme aux Etats-Unis les veillées aux chandelles éplorées qui suivent rituellement les « school shootings » avant que les ventes d'armes ne reprennent de plus belle, font mousser l'émotion au détriment de l'analyse politique. Le « je-suis-Charlisme » est une façade de bons sentiments, un unanimisme des battements de cœur qui, à cent lieues de la causticité d'esprit de ceux qu'il est censé honorer, pave de ses bonnes intentions la récupération politicienne des assassinats et, à la faveur d'une soi-disant guerre contre un ennemi fantomatique, la poursuite des politiques destructrices qui ont, en dernière analyse, produit la tuerie. Non, vraiment je ne suis pas Charlie, je prie pour la république et ses responsables qui ont lamentablement échoué.

Alors parlons de liberté, pour dire qu’elle, dans toutes ses dimensions, ne peut s’exercer sans aucunes restrictions. Celles-ci sont définies par la loi, mais s’imposent également à l’homme par le devoir d’éthique et de morale, par le devoir de tolérance et de respect mutuel. Dans cette logique, l’exercice du droit à la liberté d’expression est limité par les contraintes, que le sens de la responsabilité impose.

La publication de caricatures du Prophète dans la presse enfreigne les règles les plus élémentaires de ce devoir de tolérance et de respect mutuel. Il s’agit donc d’un acte hautement condamnable d’un point de vue éthique et moral, même si les lois en vigueur dans certains pays européens ne permettraient pas une action en justice.

En publiant ces caricatures blasphématoires, en appelant à la haine du juif les auteurs ont délibérément porté atteinte aux valeurs les plus profondes de l’ensemble de la communauté musulmane, qui représente plus d’un milliard et demi d’hommes et de femmes à travers le monde. Ils n’ont pas voulu exercer leur droit à la liberté d’expression, que tout démocrate se doit de défendre. Bien au contraire ! Ils ont cherché à provoquer, par la violence imagée, l’ensemble d’une communauté d’hommes et de femmes, dont le seul tort, à leurs yeux, est d’être de religion musulmane et de demander de pouvoir vivre leur foi dans la paix et le respect. En s’attaquant au Prophète, et non pas à un quelconque contemporain, qui, se réclamant de l’Islam commet des actes condamnables et condamnés par la très grande majorité des musulmans, ils ont eu pour seul but de blesser au plus profond de leur cœur et de leur dignité le monde musulman, dans l’espoir d’attiser les haines plutôt que de promouvoir le dialogue pour aboutir à la paix pour tous.

Alors, condamnons, sans équivoques ce blasphème qui, contrairement à ce que dit le premier ministre français, est reconnu dans le droit local français et qui nous touche au plus profond de notre être. Demandons, avec fermeté, plus de responsabilité aux journalistes. Que l'Europe fasse preuve davantage de courage dans la défense de notre droit au respect face à la sacro-sainte liberté d’expression, qui, dans le cas d’espèce, a été dévoyée pour essayer de justifier des actes blasphématoires. Il faut réaffirmer avec force que le corps social étant de par sa nature étranger à la religion, un gouvernement ne peut adopter aucun culte et n’en peut rejeter aucun, à moins que ce culte ne trouble l’ordre public, c’est-à-dire qu’il nuise aux droits de l’Homme, droits dont l’assurance et la conservation constituent l’ordre public. Il en résulte qu’il est du devoir des gouvernements de veiller au respect des cultes. Cette protection voulue, et qui en principe devrait être prévue par l’ordonnancement juridique dans tout pays laïc et démocratique, oblige tout un chacun à faire preuve de tolérance et de respect mutuel.

 Alors, évitons le piège de l’intolérance et de la violence. Car il y va de l’apaisement que nous souhaitons tous, puisqu’il y va de notre avenir commun. Ainsi, garre aux provocateurs pour que vive la république.

 

Amadou DIALLO


16/01/2015
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Un cours magistral de Jean-Paul Pougala: Leçon de Géostratégie africaine n° 61.

Un cours magistral de Jean-Paul Pougala: Leçon de Géostratégie africaine n° 61.

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Lorsque hier 19/09/2013, j’ai vu à la télévision la cérémonie de la prestation de serment du nouveau président malien (IBK) à Bamako, j’ai eu un pincement au cœur.

Nous avons tous vu le président français menacer la Syrie dans son discours de Bamako. Et lorsqu’en plus la chaine de télévision française TF1 titre son journal télévisé avec ces quelques mots : « Mali : sept mois après, Hollande de retour pour "investir" le nouveau président ». Elle confirme de fait que Monsieur Keita n’est qu’un SOUS-PREFET.

Et je me suis posé certaines questions : A quoi cela sert-il au peuple français un tel cirque ? Pour convaincre qui  sur cette planète ? Combien d'emplois seront créés en France à partir des millions d’Euros que ce pays a dépensés pour inviter  le monde entier à applaudir au cirque malien de ce 19/9/2013 ?

Après 21 ans de la démocratie, le Mali nous prouve qu'en Afrique, ce n’est point la démocratie qui va précéder l’économie, bien peut-être l’inverse. Le cirque malien est la preuve qu’aucun pays au monde n’a jamais résolu ses problèmes grâce à la prétendue "démocratie" et d'alternance politique au pouvoir. Si 20 ans de démocratie malienne finit à la mise sous-tutelle du pays par un chef d'Etat français en mal de popularité dans son pays, c'est que nous avons vraiment touché le fond. Alors qu’est ce qui ne va  pas ? Est-ce qu’on verrait le même président français dans les anciennes colonies françaises d’Asie pavoiser de la même manière ?

Pour une fois, plutôt que de voir tous les problèmes dans la méchante France, je m’interroge sérieusement si les Africains n’ont pas un problème avec la liberté. Est-ce que 500 ans d’humiliation et de soumission n’ont pas transformé l’Africain en un animal en cage ? en un animal que même laissé libre de s’échapper, refuse obstinément de partir, de s’envoler à la découverte de la splendeur du ciel bleu ?

Pour le comprendre, je vous invite à analyser le comportement d’autres peuples hors d’Afrique, colonisés par la même France, pour voir si ces pays ont le même comportement que les pays africains. Nous allons choisir deux secteurs dans notre analyse : la Langue et la Monnaie.

1- Le Cambodge

Le Cambodge est une colonie française depuis 1863, jusqu’à la proclamation de son indépendance le 9 novembre  1953, c’est-à-dire après 90 ans d’occupation coloniale française. Indépendance suivie d’une longue guerre civile. Mais peut-on imaginer les dirigeants cambodgiens se comporter avec la même soumission et allégeance vis-à-vis de la France ?

a) La langue : A l’indépendance, les intellectuels sont unanimes sur une chose : Si le français reste la langue officielle du pays, l’indépendance à peine obtenue ne sera jamais effective. Voilà pourquoi le Khmer devient l’unique langue officielle avec son système d'écriture alpha-syllabique de 33 consonnes et 24 voyelles. La langue française comme l’anglais, le chinois ou le russe est relayé au rang de langues étrangères. 

b) La monnaie: Leur BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale) et leur BECEAO (Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest) locale s’appelait : La Banque de l’Indochine créée à Paris le  21 janvier 1875 par deux banques françaises, le CEP (Comptoir d'escompte de Paris) et le CIC (Crédit industriel et commercial) pour servir localement de banque d'émission des colonies d’Asie. Leur « Franc CFA » local émis par cette banque portait deux noms en fonction des pays : Le Franc Pacifique et la Piastre.  Par exemple, elle ouvre ses portes aussi dans les comptoirs français de Chine dès 1889, et c’est Mao qui va mettre fin à cette occupation coloniale avec sa monnaie dès 1955. Au Cambodge, à l’indépendance du pays en 1953, la monnaie coloniale française, la PIASTRE sera remplacée par le RIEL qui a pour code international : KHR;

2-La Syrie

Comparez-vous même 2 pays ex-colonies françaises : Le Mali et la Syrie et répondez à vous même si les dirigeants africains et le peuple africain n'ont pas un sérieux problème d'assumer  et de vivre en liberté.

La Syrie et le Liban (en 1920), de même que le Cameroun et le Togo, ont été donnés par la Société des Nations en administration à la France. Alors que dès 1944, la Syrie arrache sa liberté en proclamant de façon unilatérale son indépendance de la France, qui mettra 2 ans pour l'accepter, les autres pays africains vont attendre les années 60 pour recevoir en cadeau l'indépendance de la généreuse et magnanime France.

Après la création d’Israël en 1948, les politiciens palestiniens commettent l’erreur stratégique de faire partir une bonne partie de la population. Les Etats-Unis et la France tentent alors de convaincre les dirigeants syriens d’offrir à 500.000 réfugiés palestiniens présents en Syrie, la nationalité syrienne. La somme de 400 millions de dollars est offerte aux dirigeants syriens pour cette opération et ce sont tous les partis politiques qui sont choqués par cette proposition qui signifie tout simplement qu’il n’y aura plus jamais un Etat Palestinien, dès lors que ses citoyens auront été convertis à d’autres nationalités. La tête de file de la protestation, c’est le parti Baas, c’est-à-dire celui dirigé en 2013, par un certain Assad. 

Combien de dirigeants africains auraient refusé une telle somme ? 400 millions de dollars sont environ 263 milliards de Francs CFA. Mais lorsqu’on regarde de plus près, on trouve d’autres petits détails qui démontrent du vrai patriotisme des dirigeants syriens, lorsqu’en Afrique c’est plutôt l’opposé :

a) La monnaie : à l’indépendance, la monnaie coloniale française est remplacée dès 1946 par la Livre Syrienne.

b) La langue : Tout est fait pour marginaliser le français afin de créer une véritable rupture de colonialisme mental et culturel. Ainsi, aujourd’hui en 2013, la langue officielle est l’Arabe. Après c’est l’Anglais qui est la langue étrangère la plus parlée. Mais le plus surprenant c’est le Russe et le Chinois qui arrivent immédiatement après, surtout parce que ces 2 langues sont enseignées dans les Universités syriennes. Le français n’est parlé que par environ 4.000 personnes sur les 22 millions d’habitants, surtout certaines minorités chrétiennes, au moment où en Afrique ce sont les intellectuels qui écrivent des livres que personne ne peut lire tellement c’est compliqué, puisque les auteurs africains pour la plupart veulent démontrer aux français combien ils sont civilisés. Et mêmes les chefs d’Etat s’y mettent en faisant passer la présidence de la Francophonie, même plus importante que celle d’une République Africaine.

3- Le Laos

Le Laos subit une agression française avec le blocus de ses côtes dès 1893, pour la contraindre à accepter l’occupation coloniale française et intégrée à l’Indochine française en 1899.  Elle proclamera son indépendance le 19 juillet 1949.

a) La langue : Les dirigeants politiques vont alors, vite changer la langue nationale coloniale du Français au Lao.  Aujourd’hui en 2013, sur 6,5 millions d’habitants, seuls 3.000 étudiants et quelques fonctionnaires à la retraite parlent encore le français. Et même si ce pays fait partie de l’organisation de la Francophonie, c’est le chinois qui est la deuxième langue, derrière le Lao. Le français est une simple langue vivante 2, comme l’Allemand (parlé par plus de 3.400 personnes) et le Russe.

b) La monnaie: la monnaie coloniale, la Piastre est remplacée par le KIP (LAK) à peine 5 ans après l’indépendance, en 1954, et rendue immédiatement inconvertible.

4- Le Vietnam

Lorsqu’au milieu du 19ème siècle, le Vietnam refuse toute influence occidentale, en interdisant par exemple, le christianisme, la France lui livre la guerre qui va finir en 1858 par l’annexion d’une partie du pays, officialisant de fait le début de l’occupation coloniale française du pays dans ce que cette dernière va appeler la « colonie de Cochinchine ». Le 2 septembre 1945 les nationalistes proclament l’indépendance du pays. La France ne l’entend pas de cette oreille et va déclencher dès 1946, la célèbre guerre dite d’Indochine, combattue surtout avec la chair à canon, appelée TIRAILLEURS SENEGALAIS.

Mais grâce au soutien militaire de la Chine de Mao, la France connait une défaite cuisante dans la célèbre  bataille de Diên Biên Phu. Elle est alors contrainte de reconnaitre l’indépendance du Vietnam en 1954 (traité de Genève). 10 ans plus tard, les américains chercheront à venger la honte de la défaite française à travers ce qu’on a appelé la « guerre du Vietnam », là aussi avec la défaite qu’on connait et qui continue de traumatiser encore aujourd’hui, les vétérans américains de cette guerre, avec des fusillades dans tous les USA.

a) La monnaie : A l’indépendance, contrairement aux pays africains, la monnaie coloniale française le Piastre est remplacée par le DONG (VND) rendue immédiatement inconvertible.

b) La langue : La langue française est immédiatement remplacée par le Vietnamien. Aujourd’hui en 2013, sur les presque 90 millions de Vietnamiens, seuls 1% d’entre eux, c’est-à-dire 90.000 personnes parlent français, notamment les personnes âgées, surtout les anciens fonctionnaires à la retraite.

 

5- CONCLUSION

Je ne peux pas conclure ce texte sans revenir au Mali.

Le 8 juin 1992  Alpha Oumar Konaré est élu  président de la République du Mali. Il sera réélu en 1997 dès le premier tour avec plus de 95% de voix. Lorsqu’il atteint ses limites de 2 mandats maximum en 2002, dès l’année suivante, il est élu lors du Sommet de Maputo, comme le Président de la Commission Africaine. Durant son mandat à ce poste il a beaucoup œuvré pour l’application de la langue commune africaine, le Swahili, que je préfère appeler : l’AFRICAIN.

Une fois fini son mandat à l’Union Africaine, le grand Alpha Oumar Konaré est aujourd’hui membre du Haut Conseil de la Francophonie. Il rejoint à cet organisme 2 autres ex-présidents africains, notamment, Monsieur Cassam Uteem, ancien président de la République de l’Ile Maurice, Abdou Diouf, ex président de la République du Sénégal et actuel secrétaire général de l’Organisation de la francophonie et président de ce Haut Conseil de la Francophonie. Et de nombreux ex-ministres africains, notamment :  Jean-Baptiste Tati Loutard, ancien ministre de la Culture du Congo-Brazzaville, Adama Samassékou, ancien ministre de l’Éducation Nationale du Mali, Paulin Hountondji, ancien ministre de la Culture du Benin, Bernard Dadié, ancien ministre de la Culture de Côte d'Ivoire. Mais c’est quoi le Haut Conseil de la Francophonie ?

Le Haut Conseil de la Francophonie a été créé en 1984, comme un organisme au service du Président de la République française pour le conseiller dans 3 axes différents liés à la langue française. Mais ce qui nous intéresse, c’est le tout premier cité dans la charte : « Un rôle d'observation des évolutions linguistiques au sein des États, des gouvernements et des organisations internationales ».

En d’autres termes, les anciens présidents de la République en Afrique, lorsqu’ils ont fini d’être présidents, sont au service du président de la République française. Les Ministres de même.

Alors où est le patriotisme du pays qu’ils ont servi ? Où est la dignité personnelle de ces intellectuels ?  Les Africains ont-ils un problème avec la liberté ? Sont-ils juste le fruit de l’infantilisation du continent qui dure depuis trop de temps ? Ou bien ont-ils été Présidents de la République, Ministres, juste comme une des deux choses que le penseur Allemand Günter Anders indique comme le piège idéal pour adoucir et acheter l’intellectuel subversif : l’argent et le pouvoir ? La présence de Hollande à Bamako hier 19/09/2013 répond-elle  cette logique ?

C’est autant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse et je laisse à chacun de vous le soin d’y réponse selon votre propre perception des faits et évènements, au regard de l’attitude asiatique. C’est bien de citer souvent les asiatiques en exemple de la croissance économique et industrielle. Mais on parle peu de leur niveau culturel, de leur degré d’autonomie mentale et surtout de leurs capacités à inventer un modèle propre à eux et qui les rend fiers d’eux-mêmes. Le Laos est-il plus riche que la République Démocratique du Congo ou que la Côte d’Ivoire ? Mais elle a une richesse que ces 2 pays n’ont pas : la liberté. Les dirigeants ont compris que cette liberté se construit à la sueur du travail et de l’engagement. Pour faire vivre, une langue, une écriture il faut un très grand sérieux et une rectitude intellectuelle très forte.

La Syrie, ex-colonie française vient d’infliger une humiliation cuisante à la France en obtenant son exclusion des accords du 14 septembre 2013 à Genève sur son armement chimique, entre la Russie et les Etats-Unis d’Amérique. Tous les généraux de l’armée syrienne, formées en France ont déserté à la première heure du conflit. Mais contrairement à l’Afrique où tout se construit uniquement autour de la France, la Syrie avait cherché sa vraie alliance stratégique ailleurs, en Russie. Le plus ahurissant de tout ça a été de constater les prises de position de certains ministres africains s’alliant systématiquement derrière l’isolement français que même François Fillon est allé critiquer à Moscou toujours hier.

L'ex-Premier ministre le même jour, jeudi 19/09/2013 dans un discours à Moscou au "club Valdai", en compagnie de Vladimir Poutine a fustigé l'amateurisme de François Hollande dans la crise syrienne avant de conclure :

« Nous avons, vous et nous, Russes et Européens, une influence déterminante sur les deux camps qui s'opposent en Syrie. Je souhaite à cet égard que la France retrouve cette indépendance et cette liberté de jugement et d'action qui, seules, lui confèrent une autorité dans cette crise ».

En d'autres termes, et dits plus prosaïquement, "Hollande est le caniche de Obama et ne pige rien dans cette crise". Et voilà qu'il utilise une tribune au Mali pour lancer des menaces inutiles contre un pays qui a su arracher son indépendance, la Syrie. Et avoir changé l’Ambassadeur Syrien à Paris par quelqu’un choisi par Paris est un boumerang que le président français est en train de recevoir à la figure, parce qu’il s’est trompé de pays et de continent. Ce qui avait marché pour la Côte d’Ivoire ne marche pas forcément pour des peuples plus conscients et plus intelligents. Oui, j’ai bien dit, plus intelligents. L’épilogue de la crise ivoirienne et libyenne, comparée à celle syrienne me font douter même de l’intelligence des africains, ou tout au moins de ceux qui les dirigent.

Au moment où on affronte la crise syrienne avec des informations contradictoires d’un côté et de l’autre, avec la manipulation de l’information pour des intérêts qui nous échappent et en plein milieu du cirque malien, il me plait de conclure ce texte avec un penseur allemand. On peut être d’accord avec lui ou détester ses pensées, mais il a le mérite de la franchise avec des mots volontairement crus qui nous incitent à une profonde réflexion.  Il s’appelle Günter Anders (Voir encadré ci dessous).

__________

Note: Je n’ai pas parlé de la religion, mais comment compléter une comparaison entre l’allégeance des dirigeants africains au système et la fierté identitaire des dirigeants asiatiques sans parler de la spiritualité ? Lorsque dans les années 90, on a vu déferler sur l’Afrique et l’Asie une vague des sectes chrétiennes venues tout droit des USA, alors qu’en Afrique les dirigeants politiques sont tombés dans le piège de la propagande  dénommée la « liberté religieuse » et abandonné leur propres populations les plus fragiles psychologiquement entre les mains des escrocs d’un nouveau genre, au Cambodge par exemple, c’est l’inverse qui s’est produit : en 1989, afin de garantir la spécificité de la culture cambodgienne et lutter contre l’invasion de ces sectes chrétiennes et musulmanes, il a été décidé d’instaurer une religion d’Etat, le « bouddhisme theravāda », pratiqué aujourd’hui par 95% de la population.

Au même moment en Afrique, c’est la course à la Conférence islamique. On a vu des présidents de la République changer de prénom pour passer par exemple au Gabon de Albert Bongo à Omar Bongo dans l’espoir d’avoir un peu de miettes des monarchies pétrolières et musulmanes du golfe arabo-persique. Comme le ridicule de l’aliénation ne tue jamais, on a aussi vu en Afrique des politiciens, que dis-je ? Des Ministres et des présidents de la République qui sont Pasteurs chrétiens, comme l’ancien président de la République Centrafricaine Bozize.

Les africains ont-ils un problème avec la liberté ? Pourquoi ce qui semble évident pour un dirigeant Laotien, un  cambodgien pour protéger les intérêts de son pays doit encore faire l’objet de débat pour un ministre africain ?

Nous avons  vu la liste des ex-ministres et ex-présidents africains membres du Haut Conseil de la Francophonie. Ce que je n’ai pas dit est que cette liste est limitée par la France. Combien de ministres et de présidents de la république sont-ils en attente en Afrique d’être béni par la providence afin que le président français les coptes à ces postes ? Avec les africains nés durant la période d’occupation coloniale, le chemin vers la liberté est sans doute très long. Ils ont refusé la liberté qu’ils avaient à portée de main.

Est-ce que la jeunesse africaine qui s’apprête à arriver au pouvoir dans les prochains 10-20 ans aura le même problème de la phobie de la liberté ?

Douala, le 20 Septembre 2013

Jean-Paul Pougala

Günther Anders dans son livre : «   Die Antiquiertheit des Menschen » (L’obsolescence de l’homme) qu'il   publie en 1956, écrit à la page 122 ceci :
 
  « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de   manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il   suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de   révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater   les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques   innées.
 
  Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique   l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un   individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est   bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut   faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et   élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que   l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à   caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de   persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la   télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou   l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il   est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de   penser.

On mettra la sexualité au premier rang   des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En   général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en   dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie   de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard   du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Le conditionnement produira ainsi de   lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir)   sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux   conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être   traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit   l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement,   ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

Toute doctrine mettant en cause le   système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui   la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant,   qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui   proposer de l’argent et du pouvoir. »

Günther Anders, « Die   Antiquiertheit des Menschen »  1956 -  P.122


14/04/2014
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POURQUOI LA FRANCE EST UN PAYS INSTITUTIONNELLEMENT RACISTE ?

POURQUOI LA FRANCE EST UN PAYS INSTITUTIONNELLEMENT RACISTE ?

C’est Stokely Carmichael qui a mis à jour la notion fondamentale de « racisme institutionnel ». Le racisme institutionnel est la forme la plus sournoise de discrimination puisque non seulement il échappe aux lois qui généralement condamnent les actes de racisme dans les sociétés occidentales, mais encore parce qu’il s’insinue dans la législation elle-même, y compris dans la législation censée lutter contre le racisme.

Ainsi le système politique français est en principe égalitaire. En réalité, le mode de représentation des citoyens au parlement français est calculé de telle manière qu’un citoyen ne puisse être élu -sauf exception qui confirmera la règle – qu’en fonction de son phénotype. De ce fait, une personne perçue comme « noire » ne peut-elle être élue, en pratique, que dans les départements d’outre-mer (les anciennes colonies esclavagistes). En clair, aucun Afro-descendant ne peut faire de carrière politique normale en France, c’est-à-dire avec l’espoir d’accéder au plus haut niveau de responsabilité (la présidence de la République).

Ce système ne doit rien au hasard. La Ve République a fait le choix d’une décolonisation de façade (les anciennes colonies africaines restant discrètement sous tutelle) pour éviter que les ex-coloniaux, égaux en droits, ne forment un groupe majoritaire au Parlement, comme cela se serait produit si la logique de la IVe République s’était maintenue, une fois l’égalité politique acquise, grâce à Lamine Gueye.

Ce système politique institutionnellement discriminatoire a été délibérément entretenu, depuis 1958, par tous les gouvernements, de droite comme de gauche, qui évitent, par calcul électoral, d’engager des réformes éducatives qui permettraient aux Français, en sortant du système scolaire, d’avoir un minimum de connaissances et de réflexion.

Il n’y a aujourd’hui, en France, aucune politique sérieuse de lutte contre le racisme à travers l’éducation. Ainsi, les programmes d’histoire, par exemple, s’appuient-ils toujours sur les quatre figures fondamentales de l’idéologie raciste, esclavagiste et colonialiste : Christophe Colomb, Louis XIV, Voltaire et Napoléon.

De nombreux professeurs d’histoire sont sous le contrôle d’un historien controversé – Olivier Pétré-Grenouilleau, nommé inspecteur général sous la présidence de Nicolas Sarkozy – qui a déclaré publiquement et impunément dans un journal de grande diffusion: « La loi Taubira (qui criminalise l’esclavage et la traite transatlantiques) est de nature à renforcer l’antisémitisme en France ».

C’est bien évidemment du fait de cette carence éducative que les 2/3 des Français, selon le sondage annuel publié par la commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sont persuadés que l’idée de « race » est une réalité scientifique démontrée.

Plus inquiétant : si l’on se réfère au même sondage, presque 20 % des Français sont persuadés que la « race » blanche est « supérieure » aux autres.

Outre l’éducation, le fonctionnement de l’audiovisuel – qui forme l’opinion- est fondé sur la même idéologie.

Toutes les structures qui diffusent l’information en France -à commencer par les structures publiques- sont imprégnées de l’idéologie de la « race » et contribuent à la véhiculer.

La plupart des décideurs de l’audiovisuel, la plupart des personnes qui apparaissent à l’antenne des chaînes françaises de télévision, sont choisies implicitement sur le critère de la suprématie de la « race » blanche.

Les rares Afro-descendants qui échappent à cette doctrine ne sont que des alibis servant à la renforcer. Ainsi exhibe-t-on des personnes souvent incultes et peu exemplaires pour représenter des « noirs » perçus selon les stéréotypes de l’époque coloniale : ignorants, infantilisés, réduits à la danse, à la chanson (les « cultures urbaines » et le zouk).

Seule une volonté politique permettrait de sortir de cette spirale. Mais la droite française mise sur les préjugés de son électorat traditionnel. La gauche, sur la montée de l’idéologie d’extrême-droite, susceptible d’affaiblir la droite.

La manière dont la France baigne dans les préjugés s’explique par le poids de son histoire récente. La dictature ouvertement raciste de Napoléon n’a jamais été officiellement dénoncée. La France feint de croire et tente de faire croire qu’elle aurait inventé les droits de l’homme alors qu’elle a inventé le racisme avec des théoriciens tels que La Peyrère, Bernier, Voltaire ou Vacher de Lapouge.

Cette situation, évidemment dangereuse dans un pays où l’immigration est ghettoïsée, n’est pas irréversible, mais elle suppose une véritable révolution intellectuelle et politique.

« C’est le moment de voir la réalité en face à bon entendeur salut ! »


15/01/2014
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Mandela est mort : les larmes de « croco » de l’occident

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Mandela est mort : les larmes de « croco » de l’occident
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Mandela est décédé et le dix décembre 2013, tout le monde entier lui a décerné un grand satisfecit. Lors de cette cérémonie l’Afrique était presque invisible devant le monopole de l’occident qui a voulu forcé l’histoire en gardant la primeur dans cette valse de remerciements et de reconnaissance vis-à-vis du grand homme.

Le seul faux pas à l’occasion de cette grandiose cérémonie est l’attitude de Thamsanga Jantjie, le faux interprète en langue des signes qui a été admis dans un hôpital psychiatrique après avoir révélé à la presse sud-africaine sa schizophrénie pour expliquer son attitude lors de ce recueillement  du 10 décembre.

Mais cet unanimisme de façade me parait suspect. Statufié de son vivant, honoré à son décès, l’homme politique Mandela fut et reste toujours très utile aux puissants et aux puissances d’Occident depuis les années 1990. Ceci explique son Prix Nobel de la Paix décerné en 1993 et partagé avec Frederick de Clerk dont le partage reste incongru et disproportionné compte tenu de tout le mal orchestré par ce dernier pour consolider sa politique ignoble de l’apartheid.

Les propos répétés à l’occasion de son décès par les médias et les dirigeants occidentaux en majorité, comme incantations  universelles, disent, ressassent et répètent avec certitude que ce fut l’homme de la paix, de la réconciliation et du pardon. Malgré ses très longues années passées en prison, loin de sa famille et de ses proches, Madiba comme l’appellent affectueusement toutes les personnes qui l’aiment, a eu l’énorme sagesse d’éviter une guerre civile à son pays qui paraissait alors inévitable. Et c’est grâce à cette sagesse que l’Afrique du Sud a su tourner la page sombre de son histoire pour ouvrir celle de la réconciliation nationale et permettre au pays d’aller de l’avant et faisant de son pays la première puissance économique du continent noir.

Néanmoins tout cela reste vrai mais ce qui choque, c’est l’hypocrisie « par excellence », si l’on peut dire ainsi, d’un bon nombre de politiciens occidentaux. Hypocrites car lui chantant toutes sortes de louanges alors qu’hier ces mêmes personnes le considéraient comme un « terroriste communiste » un déstabilisateur de l’ordre établi où le noir devrait rester sous la férule de l’homme blanc. Ce sont ces mêmes personnes qui ouvertement ou indirectement supportaient le système raciste et honteux de l’apartheid. Les mêmes qui faisaient tout pour que ce régime survive le plus longtemps possible. Et aujourd’hui ? Ils font en sorte de nous faire croire leur grande « appréciation » de l’œuvre de Mandela.

On se souvient encore des positions des leaders occidentaux tels que Ronald Reagan ou Margaret Thatcher, la fameuse « dame de fer » britannique. Cette dernière soutenait ouvertement le système d’apartheid en Afrique du Sud, refusant d’appliquer des sanctions internationales à l’égard de ce régime, et qui avait déclaré : « Quiconque pense que l’ANC « Congrès national africain, le parti de Mandela », gouvernera en Afrique du Sud n’a pas les pieds sur terre »…Visiblement la dame de fer, peu appréciée par la majorité de son propre peuple britannique, n’avait pas elle les pieds sur terre au moment de cette déclaration puisque son apartheid bien aimé est bel et bien tombé, et que l’ANC a bien pris le pouvoir depuis les toutes premières élections démocratiques en Afrique du Sud, en 1994.

On se souviendra toujours de l’assassinat lamentable du leader noir anti-apartheid Steve Bantu Biko, en septembre 1977. Le célèbre film « Cry Freedom » relate ce crime. Le scandale international provoqua deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU cette même année  il s’agit des résolutions 417 et 418 condamnant le régime raciste et décrétant un embargo sur les ventes d’armes à destination de Pretoria, bien sûr contourné par l’Occident aussitôt votées.

On se souvient aussi de la France qui n’avait pas hésité à fournir à la police sud-africaine les moyens de mater les « rebelles » noirs sud-africains. Ces derniers étaient considérés comme des terroristes qu’il fallait réduire au silence et mater jusqu’au dernier.

Oui lors de cette cérémonie au stade de Soweto tous les nouveaux présidents occidentaux n’ont pas hésité à pousser l’hypocrisie jusqu’à faire venir les anciens à cette occasion. Ainsi on a vu François Hollande à côté de Sarkozy qui avait estimé que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». On a vu Obama à côté de Clinton qui n’a pas hésité à serrer la main de Castro président de Cuba dont le frère Fidel a permis en grande partie l’abolition de l’apartheid.

De plus, les Occidentaux connaissent parfaitement les vrais amis de Nelson Mandela qui ont toujours été à ses côtés. Peut-être plus que des amis : des frères. Ceux qui l’ont toujours soutenu, y compris lors des moments les plus difficiles, et que lui aussi n’a jamais cessé de soutenir. En premier lieu il s’agit de Fidel Castro, Mouammar Kadhafi et Yasser Arafat. Aux yeux de l’Occident politique, des leaders certainement pas « tout à fait fréquentables »…Néanmoins, Mandela n’a jamais caché son amitié sincère avec ses amis et en parlant de son amitié avec Mouammar Kadhafi, il avait dit la chose suivante : « tous ceux qui n’apprécient pas notre amitié avec le frère Kadhafi peuvent sauter dans la piscine ! ». En gros, aller voir ailleurs.

D’ailleurs en 1997, Nelson Mandela décerne à Kadhafi l’ordre de Bonne Espérance, la plus haute distinction sud-africaine. Aux critiques du département d’Etat des USA, bien mécontent de cette grande amitié entre deux grands hommes, Mandela réplique « qu’ils n’ont aucune morale et que c’est bien Mouammar Kadhafi qui nous a aidé en un temps où nous étions seuls, quand ceux qui disent que nous ne devrions pas être ici, aidaient notre ennemi ».Une allusion ouverte au soutien que les USA et plus particulièrement la CIA avaient offert au régime d’apartheid.

C’est d’ailleurs au colonel Kadhafi que Mandela accordera sa première visite à l’étranger, en 1990, après avoir été libéré à la suite de ses 27 années d’emprisonnement. Il en sera de même en 1994 lorsqu’il sera élu président de la République d’Afrique du Sud. En 1998, Nelson Mandela déclarera, en présence de Bill Clinton, alors président des USA, qu’à l’époque « où les Etats-Unis soutenaient l’apartheid, d’autres pays aidaient la lutte contre la ségrégation raciale. C’est pourquoi l’un des premiers chefs d’Etat que j’ai invité dans ce pays a été Fidel Castro… et j’ai également invité le frère Mouammar Kadhafi ».On ne peut non plus oublier la phrase de Madiba qui vise ouvertement les USA et leurs crimes contre l’humanité : « Si il y a bien un pays dans le monde qui a commis des atrocités indescriptibles, ce sont bien les Etats-Unis d’Amérique. Ils n’ont rien à faire des êtres humains ».

Pour ses amis cubains, Mandela dira : « Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour maintenir sa propre indépendance et sa souveraineté face à la sinistre campagne impérialiste orchestrée dans le but de détruire les avancées impressionnantes réalisées au cours de la révolution cubaine… Vive la révolution cubaine ! Longue vie au camarade Fidel Castro ! ».Quant à la Palestine et la lutte du peuple palestinien, Nelson Mandela déclarera : « Nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».

Les leaders occidentaux ne peuvent ignorer toutes ces citations et les prises de positions courageuses du héros national sud-africain. D’ailleurs le courage a toujours été le fer de lance de toute la vie de Mandela. Néanmoins et cela est tout à fait clair aussi, les louanges occidentales ne sont pas plus qu’une campagne de relations publiques bien organisée, sachant que sans cela, leurs propres citoyens ne les comprendraient pas, en cas d’absence d’hommage à l’icône de la planète toute entière.

L’hypocrisie n’étant pas facile à gérer, il y a un bémol à cette machine qui paraissait bien huilée. Le commun des mortels pouvait constater que cette hypocrisie n’a été que peu voilée, de même que le manque de sincérité. Le fameux « selfie » d’Obama, Cameron et de la première ministre danoise Thorning-Schmidt en pleine cérémonie d’adieu à Mandela, au stade de Soweto n’a été qu’un signe supplémentaire. Un geste complètement déplacé compte du lieu et du moment, alors que toute l’Afrique du Sud, le continent africain et le monde entier étaient en deuil, ces trois braves personnages eux visiblement étaient là pour autre chose. En tout cas, cela a montré une fois de plus la vraie « raison » de la présence de certains chefs d’Etats occidentaux à cette cérémonie et de leurs paroles si « émotionnelles ». Après tout, pour certains, se faire de la pub supplémentaire, cela n’a pas de prix. Surtout lorsqu’il s’agit de venir « rendre hommage » à l’une des plus grandes personnalités de tous les temps.

De toutes les manières, Madiba restera à jamais dans le cœur des Sud-Africains et des habitants du continent africain. De même que dans le cœur et la mémoire de la grande majorité des habitants de notre planète. Reste quand même à ne pas oublier qui était véritablement ce grand héros Nelson Mandela, ainsi que toujours se rappeler de son œuvre et de son exemple. Nous connaissons ses vrais amis. Les faux amis, eux, se découvrent et se reconnaissent bien vite.

On se rappelle aussi que le 18/07/2013, le jour de son 95ème anniversaire, comme par miracle, Nelson Mandela a ressuscité du long coma dans lequel les circonstances et  les médias l’avaient trempé. Et si tout ce cirque n’avait été orchestré que pour éviter  de seconder l’hypocrisie du président américain qui est devenu l’homme dont l’Afrique a le plus peur aujourd’hui ? Ce qu’on sait de certain est que Mandela ne voulait pas serrer la main d’Obama. Mais pourquoi ?

Que s’est-il effectivement passé entre le moment où le sénateur Obama posait triomphalement à coté de Nelson Mandela ? Entre temps, Obama est devenu président des Etats-Unis. Et le fils noir d’Afrique est devenu l’un des pires prédateurs du continent africain. De la Côte d’Ivoire à la division du Soudan en passant par la destruction de la nation libyenne pour la transformer en foyer de djihadistes. Durant son premier voyage comme chef d’Etat en Afrique du Sud, Obama n’a pas pu rencontrer l’ex président Nelson Mandela qui a tout simplement fait le mort sur son lit d’hôpital pour ne pas serrer la main de celui qu’il appelle : « l’assassin de mon ami et frère Mouammar Kadhafi », ce dernier qui avait tant fait pour aider ceux des combattants de l’ANC qui avaient lutté pendant ses années de détention.

L’occident célèbre Mandela pour ses 27 ans derrière les barreaux, mais ils oublient que durant ce temps, il y avait des gens dehors qui combattaient et mourraient sous les balles livrées par eux. Des Martyrs que l’Occident a délibérément choisi de faire oublier en sur-médiatisant les 27 ans de prisons de Mandela, pour mieux occulter le sacrifice extrême de Steve Biko et ses compagnons, qui ont donné leur vie pour qu’il y ait la liberté en Afrique du Sud au moment où presque toutes les administrations Européennes et des Etats-Unis d’Amérique finançaient et aidaient les ennemis de Mandela qui le tenaient en prison.

Comme une femme, la représentante à Paris de l’ANC, Dulcie Evonne September, 53 ans, assassinée avec 5 balles dans la tête au bas des escaliers du bureau de l’ANC à Paris. Elle enquêtait pour trouver les preuves du soutien militaire de la France au régime raciste d’Afrique du Sud. Aujourd’hui, chaque star de Hollywood est à la page s’il peut exhiber sa photo avec Mandela. En dehors de la mode qui consiste à s’arrêter sur le temps passé par Mandela en prison, de visiter sa cellule, savent-ils ce qu’était l’apartheid ? Et pourquoi n’en parlent-ils jamais ? Pourquoi Obama n’a-t-il jamais cité un seul nom des vrais héros de la lutte contre l’apartheid ?  L’Afrique doit-elle continuer de se livrer à ce cirque ou carrément faire le mort pour les éviter ?

Non certainement pas, Thamsanga Jantjie dans son langage des sourds a montré aux occidentaux qu’ils étaient prêts à tout avaler pourvu seulement de faire plaisir à leur électorat.

C’est le temps d’ouvrir les yeux  pour bannir à jamais l’éternel recommencement. L’avenir devra être le nôtre et personne ne le fera pour nous. L’occident a détourné nos ainés jusqu’à remettre en cause leur existence même, le défi de la renaissance nous appartient et c’est le moment de le relever. Non il est temps que l’Afrique montre à ces gens-là que leurs larmes de crocodile au dos du continent ne les émeuvent plus et en cela Mandela fut un illustre exemple.

Amadou DIALLO

http://www.diallobeducation.com/


23/12/2013
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